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La vie de dizaines de travailleurs en danger

Les employés et militaires travaillant encore dans la centrale nucléaire dévastée sont considérés comme des héros par les Japonais.
Les employés et militaires travaillant encore dans la centrale nucléaire dévastée sont considérés comme des héros par les Japonais.
Prêts à sacrifier leurs vies, les employés restés sur le site de la centrale de Fukushima pour tenter de refroidir les réacteurs accidentés et le combustible irradié sont les nouveaux héros du Japon. La gratitude de la population n'empêche pas les critiques envers l'organisation des opérations par Tepco et l'agence de sûreté nucléaire japonaise.

Les employés de l'exploitant Tokyo Electric Power (Tepco) chargés de suppléer à la panne du système de refroidissement et de l'alimentation électrique de la centrale s'activent dans un milieu contaminé par les radiations. "Les gens qui travaillent sur ces centrales se battent sans reculer", commente Michiko Otsuki, une employée de la centrale de Fukushima 2, située à 12 km des réacteurs endommagés.

"Je ne peux que prier pour la sécurité de tous. N'oubliez pas qu'ils travaillent pour protéger chacun d'entre nous en échange de leurs propres vies", a écrit Michiko Otsuki dans un message sur le site de socialisation japonais Mixi.

Des volontaires prêts à servir

Le Premier ministre Naoto Kan a également salué le courage de ces travailleurs qui "s'efforcent d'arroser, de faire tous les efforts possibles sans même penser au danger". Lorsque Tepco en a cherché vingt de plus pour participer aux opérations, il a reçu plusieurs candidatures d'employés qui avaient été évacués au début de la crise, selon l'agence Jiji.

Selon David Brenner, directeur du centre de recherches radiologiques à Columbia Service, les travailleurs de Fukushima 1 sont exposés à un "risque significatif" étant donné les niveaux de radioactivité mesurés sur le site. "Ils sont déjà des héros, ils vont endurer des expositions très élevées aux radiations", a déclaré David Brenner à la BBC.

Des taux de radioactivité extrêmement élevés

17 mars 2011: les militaires participant aux tentatives de refroidissement de la centrale sont menacés par les radiations. [KEYSTONE - Kenji Shimizu]
Les militaires participant aux tentatives de refroidissement de la centrale sont menacés par les radiations. [KEYSTONE - Kenji Shimizu]

Mardi, un niveau de radioactivité de 400 millisieverts par heure avait été relevé près du réacteur 3. Une personne se trouvant une heure en cet endroit recevrait une dose de rayons ionisants 20 fois supérieure à celle autorisée pour les travailleurs du nucléaire en France.

La gratitude envers les "liquidateurs" japonais, qui rappelle celle envers ceux de Tchernobyl en Ukraine il y a 25 ans, n'empêche pas les critiques envers l'organisation des opérations sur le site par Tepco et l'agence de sûreté nucléaire japonaise. Des critiques ont notamment fusé du ministère japonais de la Défense, dont des soldats participant aux opérations ont été blessés et peut-être exposés à des rayonnements, au moment où une explosion a soufflé une partie du bâtiment extérieur du réacteur 3.

"Un sens du devoir"

L'opérateur et l'agence du sûreté "nous ont dit que ce n'était pas dangereux, nous les avons cru, et nous avons travaillé ici", a déclaré un haut responsable du journal au quotidien. "Nous savons ce qu'il faut faire pour se protéger des radiations, mais nous ne sommes pas spécialisés dans les réacteurs nucléaires", a-t-il ajouté. "Lorsqu'ils nous disent que c'est sûr, nous leur faisons tout simplement confiance, même si cela nous met un peu mal à l'aise".

Baku Nishio, du Centre d'information des citoyens sur le nucléaire, hostile à l'énergie atomique, estime que le dernier carré de travailleurs sur le site est probablement davantage habité par "le sens du devoir que par une sorte de sentiment d'héroïsme". Pour ce militant, "c'est un grave problème que le destin du pays soit entre les mains de ce petit groupe de travailleurs de la dernière chance".

afp/mre


LA FIERTE DES LIQUIDATEURS DE TCHERNOBYL

Vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl, d'anciens "liquidateurs" soviétiques ne regrettent pas d'avoir participé aux travaux d'urgence sur le site au prix de leur santé. Et ce même si le drame du Japon ne fait que confirmer pour certains que le nucléaire "ne devrait pas exister".

"Je ne regrette pas d'y être allé", dit Lev Falkovski, 73 ans, dans un entretien avec l'AFP. "Je regrette d'y avoir perdu ma santé, mais c'était mon travail", ajoute cet homme qui déclare souffrir de divers problèmes cardiaques imputés par les médecins aux radiations reçues.

Pas de regrets, malgré les maladies

Envoyé sur le site en juin 1986, quelques semaines après l'explosion le 26 avril du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire soviétique, Lev Falkovski - 46 ans à l'époque - fait partie des milliers de "liquidateurs" soviétiques qui ont perdu leur santé, et parfois leur vie. "A Tchernobyl, les liquidateurs recevaient partout une dose (de radiation) bien plus élevée que la norme", souligne-t-il.

Igor Ostretsov, 72 ans, ne regrette pas non plus de s'être battu contre la catastrophe, malgré l'arythmie cardiaque et les "problèmes de cancer" apparus dès 1987, sur lesquels il ne veut pas donner davantage de détails. "Bien sûr, j'y retournerais", assure-t-il. Employé à l'époque dans le domaine du nucléaire, il dit d'ailleurs s'être rendu sur le site en connaissance de cause. "Avant d'y aller, j'ai lu tout ce que j'ai pu sur le sujet, et j'ai essayé de suivre les règles" de précaution, explique-t-il.

Manque d'informations

Un ingénieur ukrainien, Anatoli Gritsak, 62 ans, qui travaillait à la centrale le soir où elle a explosé, raconte au contraire n'avoir pas été vraiment informé de la situation. "On nous a dit que c'était un petit incident. (...) On nous a juste dit de prendre de l'argent, nos papiers, quelques vêtements... On nous a tous trompés et il n'y a pas eu de panique", raconte cet homme, amputé des deux jambes. Mais il affirme ne pas savoir si cela était lié aux radiations.

Vingt-cinq ans après, au moment même où au Japon un séisme et le tsunami ayant suivi font planer la menace d'un nouveau "Tchernobyl", certains liquidateurs jugent qu'il faudrait en finir avec cette énergie. "L'énergie atomique contemporaine ne devrait pas exister. J'espère que les évènements au Japon vont éveiller les consciences et que les gens vont comprendre les dangers" du nucléaire, dit Igor Ostretsov.

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Les célébrités se mobilisent

La chanteuse américaine Lady Gaga a annoncé mercredi avoir collecté 250'000 dollars en deux jours pour les victimes du séisme et du tsunami au Japon en vendant des bracelets en caoutchouc, tandis que d'autres groupes américains invitent aussi à la solidarité. "Monstres (manière dont Lady Gaga appelle ses fans, ndlr): en 48 heures nous avons levé un quart de million de dollars pour les secours au Japon", dit la pop star sur son compte Twitter.

Lady Gaga a lancé lundi à la vente des bracelets blancs sur lesquels il est écrit en rouge, en anglais et en japonais: "Nous prions pour le Japon". La vente a été lancée à travers un message sur Twitter, trois jours après le séisme de magnitude 9 survenu au Japon. Les bracelets sont vendus 5 dollars et peuvent être pré-commandés sur le site de la chanteuse. Toutes les contributions vont directement aux secours pour le Japon, affirme le site, sans préciser à quelle organisation elles seront adressées.

Sur la page Facebook de l'artiste, un lien invite à aider l'organisation "Save the Children" pour le Japon. Lady Gaga compte 30 millions de fans sur sa page Facebook et plus de huit millions sur son compte Twitter, ce qui en fait le plus suivi de tous les micro-blogs.

De nombreux groupes s'activent

Le groupe de rock californien Linkin Park, dont l'un des chanteurs, Mike Shinoda, est d'origine japonaise, a pour sa part édité un T-shirt estampillé "Vous n'êtes pas seuls" (Not Alone) comme le titre d'une de ses chansons. Le produit de sa vente sera reversé à Music for Relief, une organisation d'artistes qui collecte des fonds pour soutenir les victimes de désastres naturels.

De son côté, le groupe de hip-hop Black Eyed Peas encourage également les dons aux victimes de la catastrophe au Japon en apposant un message à la fin de sa nouvelle vidéo demandant aux fans de faire des dons à la Croix-Rouge. La vidéo du titre "Just Can't Get Enough" a été tournée au Japon une semaine avant le séisme.

"Nous sommes de tout coeur avec le peuple japonais qui a été si durement touché par cette catastrophe naturelle", a affirmé la chanteuse vedette du groupe, Fergie, à l'émission de télévision Entertainment Tonight. Trois associations caritatives américaines ont de leur côté réuni plus de 51 millions de dollars pour les victimes de la catastrophe, ont-elles indiqué à l'AFP mercredi. La Croix-Rouge américaine a collecté 47 millions de dollars, World Vision USA 2,42 millions et l'Armée du salut américaine 2,1 millions.