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Japon: un sarcophage pour Fukushima?

Les réacteurs de Fukushima seront peut-être recouverts par un sarcophage.
Les réacteurs de Fukushima seront peut-être recouverts par un sarcophage.
Une semaine après le séisme le plus violent de son histoire, le Japon luttait toujours vendredi pour éviter une catastrophe nucléaire, alors que le niveau de gravité de l'accident a été relevé à 5 sur 7. La solution d'un sarcophage a pour la première fois été évoquée. Le tsunami a lui été évalué à une hauteur de 23 mètres.

"Il n'est pas impossible de recouvrir les réacteurs de béton mais notre priorité actuellement est d'essayer de les refroidir", a déclaré un responsable de Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima.

Le sarcophage de Tchernobyl. [AFP - Sergei Supinsky]
Le sarcophage de Tchernobyl. [AFP - Sergei Supinsky]

La "solution Tchernobyl", du nom de la catastrophe en Ukraine en 1986 où des sacs de sable avaient été déversés sur les réacteurs, semble désormais faire partie des options pour régler la situation à Fukushima. "Nous l'avons à l'esprit", a confirmé le porte-parole de l'agence japonaise de sûreté nucléaire.

Des ouvriers toujours sur place

Dans la nuit de vendredi à samedi un nouveau groupe de camions de pompiers de Tokyo, dépêchés spécialement à Fukushima, est entré en action pour projeter de l'eau sur le réacteur 3 d'où risquent de s'échapper des substances radioactives.

Dans la journée, 304 "ouvriers de l'ombre", restés dans la centrale malgré le niveau élevé de radioactivité s'étaient livrés aux mêmes activités avec des camions citernes. Entamées jeudi, ces opérations sont destinées à empêcher les barres de combustible d'entrer en fusion et à éviter ainsi un accident nucléaire majeur.

"C'est une course contre la montre", a déclaré à Tokyo Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La situation sur place s'est stabilisée depuis jeudi mais reste très grave, a-t-il déclaré. Le premier ministre Naoto Kan a reconnu dans un discours télévisé que les difficultés étaient "énormes".

La gravité de l'accident est d'ailleurs désormais classée au niveau 5 sur l'échelle qui en compte 7, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'accident occupait jusqu'alors la quatrième position.

Course au refroidissement

De la fumée s'échappe toujours des réacteurs de Fukushima. [AFP - Tepco]
De la fumée s'échappe toujours des réacteurs de Fukushima. [AFP - Tepco]

Dans le réacteur 3, dont la structure externe a été détruite par une explosion d'hydrogène, la piscine de stockage du combustible usagé, située hors de l'enceinte de confinement, a été endommagée. Les opérations visent aussi à refroidir les réacteurs 1, 2 et 4 ainsi que la piscine de stockage de ce dernier (voir la situation réacteur par réacteur).

Tepco a aussi annoncé vendredi qu'il a réussi à relier un câble électrique à la centrale. L'électricité peut donc y être rétablie pour relancer les circuits de refroidissement. Tepco précise vouloir rétablir le courant "d'abord dans l'unité 2, puis l'unité 1, la 3 et la 4, car l'unité 2 devrait être la moins endommagée".

Après avoir vérifié si les pompes ainsi que les autres équipements sont en état de marche, Tepco ajoute que sa priorité sera d'envoyer de l'eau pour refroidir les réacteurs. L'électricité pourrait cependant n'être rétablie que dimanche dans le réacteur no3, le plus inquiétant en raison de la présence de plutonium.

Des experts internationaux ont toutefois prévenu que le rétablissement de l'électricité n'aura probablement pas d'effet miracle car il n'est pas certain que le matériel soit toujours en état de fonctionner.

Particules radioactives libérées

La perte du système de refroidissement a d'ores et déjà entraîné des dommages sur le coeur du réacteur. "Des particules radioactives continuent à être libérées dans l'environnement", selon l'agence de sûreté nucléaire japonaise.

La propagation des rejets radioactifs reste toutefois localisée et ne constitue pas un danger immédiat pour la santé, a estimé l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les Etats-Unis ont déclaré tenir à disposition du Japon 450 militaires spécialistes du nucléaire. Electricité de France (EDF), le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) vont envoyer ce week-end au Japon 130 tonnes de matériel spécialisé, dont des robots.

La Russie a pour sa part offert d'accueillir une partie de la population japonaise dans des zones dépeuplées de Sibérie et d'Extrême-Orient.

Près de 7000 morts

Des officiels se recueillent dans la municipalité de Fukushima. [KEYSTONE - Kyodo News]
Des officiels se recueillent dans la municipalité de Fukushima. [KEYSTONE - Kyodo News]

Le bilan humain du séisme et du raz de marée dans le nord-est a désormais dépassé celui du tremblement de terre de Kobe de 1995, avec 6911 morts confirmés. Il devrait continuer à s'aggraver puisque plus de 10'000 personnes étaient officiellement portées disparues.

Une minute de silence a été observée par les survivants et les sauveteurs à 14h46 locales, heure exacte où la première secousse a été ressentie vendredi dernier. Malgré une mobilisation sans précédent de 80'000 soldats et secouristes, les espoirs de retrouver des survivants se sont quasiment évanouis, d'autant qu'une vague de froid affecte la zone dévastée.

L'activité s'est nettement réduite depuis le début de la semaine à Tokyo, où ont lieu des restrictions d'électricité. Aucune panique n'a cependant saisi les Tokyoïtes, qui ont stocké des vivres au cas où ils devraient être confinés chez eux.

Nestlé ferme son bureau à Sendai

La Banque du Japon (BoJ) a annoncé avoir injecté 3000 milliards de yens (34 milliards de francs) supplémentaires vendredi sur le marché monétaire pour soutenir l'économie. Son apport total depuis une semaine se monte à l'équivalent de 423 milliards de francs.

Le groupe alimentaire Nestlé a fermé son bureau de vente à Sendai. Ses employés de Tokyo ont quant à eux reçu la possibilité de travailler au siège principal du groupe à Kobe, à 500 km au sud- ouest de la capitale.

ats/jzim

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Un raz-de-marée d'au moins 23 mètres

Le raz-de-marée qui a dévasté les côtes du nord- est du Japon à la suite d'un violent séisme le 11 mars a atteint une hauteur d'au moins 23 mètres. C'est ce qu'a établi une étude japonaise citée vendredi par le quotidien Yomiuri Shimbun. L'Institut de recherche sur les ports et aéroports du Japon a mesuré à Ofunato, dans la préfecture d'Iwate, le tsunami qui a rayé de la carte des villes côtières entières, selon le journal.

Le plus fort raz-de-marée jamais survenu après un séisme au Japon a été mesuré à 38,2 mètres en 1896, précise le quotidien. L'étude de l'institut a été menée vendredi grâce au système de positionnement satellitaire GPS et d'autres instruments de mesure, ajoute le Yomiuri Shimbun.

L'Autorité d'information géospatiale du Japon a annoncé qu'au moins 400 kilomètres carrés avaient été inondés par le raz de marée du 11 mars. Ce chiffre pourrait encore être révisé à la hausse, a indiqué cette autorité, car il lui reste à faire l'analyse des photos aériennes de 20% des zones sinistrées.

Le gouvernement japonais a reconnu avoir été dépassé par l'ampleur du séisme et du tsunami

"L'ampleur sans précédent du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japon font partie des nombreuses choses qui se sont passées qui n'avaient pas été anticipées par nos plans d'urgence de gestion des catastrophe", a reconnu le porte-parole du gouvernement Yukio Edano. "Nous aurions pu aller un peu plus vite pour évaluer la situation et coordonner toutes ces informations."

Le Premier ministre Naoto Kan a jugé la crise à Fukushima "très grave", mais a affirmé que les Japonais "reconstruiront" leur pays. "Nous devons tous partager cette détermination", a-t-il déclaré dans un discours télévisé. Naoto Kan a exhorté ses concitoyens à ne pas se décourager et à travailler dur, comme ils l'ont déjà fait pour reconstruire le Japon dans le passé.