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Des bombardements intensifs sur Benghazi

Les insurgés de Benghazi sont toujours plus acculés par les forces du colonel Kadhafi. [Goran Tomasevic]
Les insurgés de Benghazi sont toujours plus acculés par les forces du colonel Kadhafi. - [Goran Tomasevic]
Le cessez-le-feu décrété vendredi par les autorités libyennes n'est pas du tout respecté samedi. Des bombardements intensifs ont secoué les villes de Benghazi, fief de la rébellion, et de Zentane. Et plusieurs avions de chasse français survolaient la Libye pour des missions de reconnaissance.

Les Rafale ont décollé en début d'après-midi de la base de Saint-Dizier, dans l'est de la France, où ils sont habituellement stationnés. Ces missions de reconnaissance doivent durer tout l'après-midi de samedi et les Rafale n'ont rencontré aucune difficulté après plusieurs heures de survol du territoire libyen.

Sur le terrain, plusieurs explosions ont été entendues en matinée aux abords de la ville de Benghazi et des colonnes de fumée noire se sont élevées. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles. L'une d'elle provient du crash d'un avion. Il a été dit dans un premier temps qu'il s'agissait d'un jet de l'armée libyenne, mais c'est en fait un appareil des insurgés, qui s'est écrasé pour une raison indéterminée.

Selon des témoins, les troupes de Kadhafi seraient entrées dans Benghazi et emploieraient aussi l'artillerie lourde pour pilonner les insurgés. Des incendies ont été constatés et des centaines de personnes ont commencé à fuir la ville. L'hôpital Jala de Benghazi a fait état samedi de 26 morts et de plus de 40 blessés. Le cessez-le-feu n'est également pas respecté dans la ville de Zentane, dans l'ouest du pays.

Une importante explosion a secoué Benghazi à l'aube. [KEYSTONE - Anja Niedringhaus]
Une importante explosion a secoué Benghazi à l'aube. [KEYSTONE - Anja Niedringhaus]

Moustafa Abdeldjeïl, le chef du Conseil national libyen formé par les insurgés, a réclamé une intervention rapide de la communauté internationale contre les forces de Mouammar Kadhafi. "Il y aura aujourd'hui une catastrophe à Benghazi si la communauté internationale ne met pas en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il poursuivi.

Accusations mutuelles

Les deux camps se rejettent la faute concernant le viol du cessez-le-feu prévu dans la résolution du Conseil de sécurité adoptée jeudi. Les Etats-Unis ont accusé les forces de Mouammar Kadhafi de continuer ses attaques sur les insurgés, alors que Tripoli a reproché aux insurgés d'avoir attaqué des forces loyales au régime dans la région d'Al Magrun, à environ 80 km au sud de Benghazi.

Mouammar Kadhafi a prévenu Paris, Londres et l'ONU qu'ils regretteraient toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. Le dirigeant libyen a adressé un message "urgent" aux présidents américain et français, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, au Premier ministre britannique David Cameron et au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Kadhafi affirme aussi "tout le peuple libyen est avec moi et ils sont prêts à mourir pour moi, les hommes, les femmes et les enfants".

Le pilote du jet libyen parvient à s'éjecter juste avant le crash. [AFP - Patrick Baz]
Le pilote du jet libyen parvient à s'éjecter juste avant le crash. [AFP - Patrick Baz]

La Libye a aussi demandé au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon l'envoi d'observateurs neutres "pour prouver notre crédibilité".

Une réunion de crise à Paris

Selon la France, une intervention militaire internationale pourrait intervenir après un sommet de crise samedi à Paris. La rencontre, qui a débuté en d'après-midi, réunit des représentants de l'UE, de la Ligue arabe et de l'Union africaine, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Après s'être entretenu avec les premiers ministres canadien Stephen Harper et britannique David Cameron et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, Nicolas Sarkozy a accueilli sur le perron de l'Elysée les autres participants à ce sommet. Parmi ces 22 dirigeants figurent l'Allemande Angela Merkel, dont le pays s'est abstenu lors du vote de la résolution de l'ONU, l'Espagnol José Luis Zapatero, le premier ministre du Qatar, les ministres des Affaires étrangères irakien, jordanien et émirati et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

Une coalition menée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, avec la participation du Qatar, a pris forme vendredi en vue d'intervenir en Libye. Le Canada, la Norvège, le Danemark et la Belgique ont fait part de leur intention de se joindre à la coalition, en lui apportant avions de transport, chasseurs-bombardiers F-16 ou F-18 et frégate ou navire chasseur de mines, pour participer aux raids ou soutenir une opération humanitaire.

L'Italie, ancienne puissance coloniale, a fermé son ambassade à Tripoli et annoncé qu'elle était prête à "mettre à disposition ses bases" militaires. La Ligue arabe a réitéré vendredi son soutien à une zone d'exclusion aérienne. La Russie et l'Allemagne ont elle fait part de leurs doutes.

agences/boi

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Survol possible de la Suisse

La Suisse reconnaît la résolution par le Conseil de sécurité de l'ONU. Elle souhaite une mise en oeuvre rapide de ce texte et espère qu'il permettra de mettre fin aux souffrances de la population civile, a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères.

Interrogé par l'ats sur un éventuel survol de la Suisse par les avions chargés d'appliquer cette mesure, le DFAE répond qu'il est "compatible avec notre neutralité".

La Suisse n'a pas encore reçu de demandes de survol, précise le DFAE. Mais si une telle demande lui est adressée, "elle peut y donner suite".