Le bilan du séisme et du tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars a dépassé dimanche les 20'000 morts et disparus, dont 8133 décès confirmés par la police. "Nous aurons besoin d'endroits pour garder plus de 15'000 corps", a déclaré le chef de la police de la préfecture de Miyagi, l'une des plus touchées par la catastrophe.
Un dilemme à Fukushima
A la centrale de Fukushima, les autorités faisaient face à un dilemme: pour rétablir l'électricité et remettre en route les systèmes de refroidissement, il faut interrompre l'arrosage des réacteurs 3 et 4, qui posent le plus de problèmes, au risque de voir leur température augmenter. "La pression à l'intérieur de l'enceinte de confinement du réacteur 3 augmente", a déclaré en milieu de journée un responsable de l'agence de sûreté nucléaire, ajoutant que l'opérateur devrait probablement ouvrir des valves pour relâcher la pression. "Cela signifie que des substances radioactives vont s'échapper à l'extérieur".
Devant ces obstacles, l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco) a averti qu'il ne serait peut-être pas en mesure de rétablir l'alimentation électrique de la centrale dimanche, après avoir déjà échoué samedi. L'agence de sûreté nucléaire gardait de son côté espoir d'y parvenir en fin de journée.
"L'électricité n'a pas encore été rétablie car il faut faire plusieurs vérifications, des zones baignant dans l'eau de mer", sans provoquer de court-circuit, avait expliqué samedi un porte-parole de l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), Fumiaki Hayakawa. Le rétablissement de l'électricité est essentiel pour relancer les pompes qui fournissent de l'eau au système de refroidissement des réacteurs.
2000 tonnes d'eau déversées
Les autorités ont intensifié depuis samedi le refroidissement des réacteurs à l'aide de camions citernes équipés de canons à eau, qui ont déversé en 13 heures un peu plus de 2000 tonnes d'eau de mer sur le réacteur 3. Une opération similaire, contrôlée comme la première à distance afin d'éviter l'exposition de personnes aux niveaux élevés de radiations, a été réalisée sur le réacteur 4 dimanche matin.
Sept secouristes de Fukushima ont été exposés à des niveaux de radiations supérieurs à 100 millisieverts, le seuil à partir duquel augmente le risque de développer un cancer plus tard. Ils continuent toutefois de travailler à la centrale, a précisé Tepco, la limite annuelle admissible ayant été relevée de 50 à 250 millisieverts après l'accident.
A l'extérieur de la zone d'exclusion de 20 km autour de la centrale, des taux de radioactivité anormaux ont été relevés dans du lait et des épinards, tandis que de la région de Tokyo et dans la préfecture d'Ibaraki, plus au nord, des traces d'éléments radioactifs ont été décelés dans l'eau du robinet. Météo-France a par ailleurs modélisé la dispersion des rejets radioactifs à l'échelle globale.
Enfin, le gouvernement japonais a annoncé que la centrale de Fukushima ne devrait plus être exploitée à l'avenir. Le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano, a précisé qu'étant donné les dégâts consécutifs au tsunami, la centrale n'est plus en état de fonctionner. L'eau de mer qui sert à refroidir les réacteurs est en effet corrosive et a causé des dommages, a-t-il ajouté en indiquant que le Premier ministre nippon Naoto Kan pourrait se rendre prochainement sur place.
Des pluies radioactives?
Les autorités ont multiplié les déclarations rassurantes alors que les Japonais accordent une attention extrême à la qualité de leur alimentation et à l'hygiène en général.
Dimanche, avec l'arrivée d'un temps pluvieux sur la partie nord du pays, de nombreux Japonais craignaient des retombées radioactives. "Un certain nombre de gens" à Tokyo et dans le nord du Japon ont appelé les autorités pour demander si les précipitations prévues en fin de journée sur la région de Tokyo, notamment, pouvaient être contaminées. "Les niveaux actuels ne présentent aucun risque pour la santé", a affirmé le chef de cabinet adjoint du Premier ministre, Tetsuro Fukuyama, à la chaîne de télévision publique NHK.
afp/cer