L'Italie a renvoyé la grande majorité des 14'918 Tunisiens et Egyptiens arrivés à ses frontières ces dernières semaines à la suite des révoltes populaires dans leur pays, estimant qu'ils ne pouvaient obtenir le statut de réfugié ou demandeur d'asile. Lampedusa abrite actuellement 4800 Tunisiens, qui ont presque doublé la population de l'île de 5000 habitants et 20 km2, dont le centre de rétention n'a qu'une capacité de 850 places.
3000 migrants à la rue
L'Italie a transféré les migrants vers d'autres centres de rétention, aujourd'hui pleins. Cela conduit à un encombrement à Lampedusa. Le HCR a averti dans un communiqué qu'environ3000 migrants ont été contraints de dormir dehors "soit près du centre ou sur les quais, sans aucune protection contre la pluie dans des conditions d'hygiène de plus en plus critiques".
Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé que des mesures seraient prises dans les prochains jours pour alléger la pression sur Lampedusa. Il a notamment précisé qu'il se rendrait à Tunis mercredi pour demander une reprise des accords d'immigration et de contrôles des frontières après le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali en janvier dernier.
Mesures de compensation pour l'île
Roberto Maroni a expliqué que 25 Tunisiens étaient arrivés à Lampedusa en 2010 et "maintenant 14'000 sont arrivés en deux mois". Il a ajouté qu'un navire de la marine italienne serait envoyé sur l'île pour transférer les migrants vers d'autres centres en Italie et qu'il rencontrerait des responsables régionaux pour trouver des centres supplémentaires. Il a également annoncé des mesures de compensation pour l'île, dont l'économie est portée par le tourisme.
Lors d'une conférence de presse, Roberto Maroni a aussi annoncé que 200 Libyens sont arrivés à Catane, en Sicile, constituant le premier afflux de Libyens en Italie depuis le début du soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi il y a un mois. Mais ces informations étaient apparemment dépassées, et des responsables du port de Catane, ainsi que la police et les gendarmes ont expliqué que les migrants étaient des Egyptiens et non des Libyens.
agences/mej
Les riverains ont peur pour le tourisme
Dimanche, les arrivées incessantes de migrants avaient provoqué de fortes tensions sur l'île de Lampedusa.
Des habitants, exaspérés par la surpopulation du centre d'accueil, prévu normalement pour 850 personnes, avaient bloqué le débarquement de tentes et de toilettes chimiques convoyées par ferry à destination des immigrés, avant de se laisser convaincre par les autorités.
Les riverains ont dit refuser que leur île qui vit en grande partie du tourisme, soit transformée en "campement de réfugiés à quelques mois du début de la saison".