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Israël: 7 ans de prison pour l'ex-président Katzav

L'ancien président Katzav (ici en 2006) risquait au minimum 8 ans de prison.
L'ancien président Moshé Katzav (ici en 2006) fera appel.
L'ex-président israélien Moshé Katzav a été condamné mardi à 7 ans de prison ferme après avoir été reconnu coupable de deux viols et de harcèlement sexuel, une affaire sans précédent dans l'histoire de l'Etat d'Israël, selon les médias israéliens. Il fera appel.

Moshé Katzav fera 7 ans de prison ferme pour viol et harcèlement sexuel. L'ex-chef de l'Etat, âgé de 65 ans, a en outre été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une indemnité de 100'000 shekels (20'000 euros) en faveur de la principale femme victime, connue seulement sous le pseudonyme d'"Aleph".

Protestant à nouveau de son innocence, Moshé Katzav a crié: "Ils se trompent, c'est un mensonge" et, pleurant, a enlacé ses fils aussitôt après l'annonce de la condamnation. La peine a été prononcée à la majorité de deux des trois juges du tribunal de district de Tel-Aviv, présidé par le juge George Kara.

Le tribunal a octroyé à l'ancien président un sursis à exécution de 45 jours de la peine, demandé par ses avocats. Il doit commencer à la purger le 8 mai prochain, selon les médias.

Le tribunal pas attendri

Le tribunal a affirmé que "les activités publiques de Katzav ne peuvent pas être prises en compte pour réduire la gravité de ses crimes (...) Son passé d'homme public ne peut être retenu, et il n'y a pas lieu d'alléger la sentence". "Une réduction de peine ne saurait être octroyée qu'à l'issue d'un processus" (de réhabilitation), selon le tribunal. "L'accusé n'est pas une victime, mais celui qui s'est rendu coupable d'attaques", indiquent encore les juges.

"Tout le monde est égal devant la loi et les juges. L'accusé est responsable de ses actes, comme n'importe qui. Le viol est un des crimes les plus graves, et la sanction doit être claire et nette. Vu les fonctions qu'il occupait, ce qu'il a commis est sans précédent et particulièrement grave", ont-ils souligné, en relevant que M.Katzav "a systématiquement perturbé le cours de la justice".

La Cour suprême sera saisie

Moshé Katzav a décidé de faire appel, selon un de ses avocats, Tzion Amir, qui a qualifié la condamnation de "jour de deuil pour la société israélienne". "Nous allons examiner le jugement et saisir en appel la Cour suprême dans les semaines à venir. L'opinion n'a qu'une vision partielle de la réalité de l'enquête", a plaidé Me Amir.

M.Katzav avait été reconnu coupable le 30 décembre par le tribunal de district de Tel-Aviv de deux viols sur une de ses subordonnées à l'époque où il était ministre du Tourisme dans les années 1990. Il a en outre été reconnu coupable de deux actes indécents, dont un avec usage de la force, et de harcèlement sexuel contre trois de ses employées au ministère du Tourisme puis à la présidence après son élection en 2000. M.Katzav a d'autre part été reconnu coupable d'entrave à la Justice.

Il était passible d'un minimum de huit ans de prison pour ses crimes, et a obstinément clamé son innocence, se disant victime d'"un ignoble complot" et d'un "lynchage organisé".

Le procès aura duré quatre ans.

afp/bri

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"Docteur Jekyll et Mister Hyde"

Politicien chevronné du parti Likoud (droite), Moshé Katzav a été élu président en 2000 par les députés qui l'avaient préféré, à la surprise générale, au vétéran Shimon Peres. Il a été le premier représentant de la droite à accéder à la fonction honorifique de président d'Israël, point d'orgue d'une carrière sans éclat qui s'est achevée dans le scandale.

L'image d'homme digne et intègre dont jouissait ce juif iranien à l'allure de grand-père sans histoires, âgé de 65 ans, a volé en éclats avec les premières révélations, en juillet 2006, de multiples scandales sexuels dans lesquels il était impliqué. Une affaire sans précédent en Israël.

Il a démissionné en juin 2007. Il avait été suspendu dès janvier 2007 à sa demande, en raison des soupçons pesant sur lui.

"Il était comme Jekyll et Hyde, docteur la journée et tueur la nuit. J'ai vu son côté monstrueux": c'est ainsi que l'a décrit l'ex-subordonnée qui l'a accusé de l'avoir violée alors qu'il était ministre du Tourisme à la fin des années 1990, des faits dont le tribunal l'a reconnu coupable.

Après avoir accusé la presse d'ourdir "un ignoble complot pour (le) salir", il a fini par reconnaître des délits sexuels dans le cadre d'un compromis avec la justice pour échapper à la prison.

Mais lorsqu'il comparaît devant un tribunal de Jérusalem en avril 2008, il récuse cet accord, clamant vouloir se défendre "jusqu'à ce que la vérité sorte", s'exposant ainsi à une peine maximale de 16 ans de prison dans le cas où il serait reconnu coupable de viol.