La place exacte de l'OTAN dans le dispositif commence lentement à se préciser, après des jours de tractations parfois houleuses. Mercredi, il a été décidé que le pilotage politique de la coalition internationale en Libye ne serait pas confié à l'Alliance atlantique, mais à un comité réunissant les ministres des Affaires étrangères des Etats participant à l'intervention et de la Ligue arabe.
"L'OTAN interviendra comme outil de planification et de conduite opérationnelle" dans l'application de la zone d'interdiction aérienne prévue par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé.
Paris et Washington avaient annoncé mardi soir être parvenus à un accord sur le rôle de l'OTAN, mais leurs communiqués respectifs étaient contradictoires. Plusieurs partenaires de la coalition avaient insisté pour une implication de l'Alliance atlantique. Mais Paris insistait pour tenir l'OTAN à l'écart afin de permettre aux pays arabes de participer à l'opération.
La Turquie se lance dans l'opération
Plusieurs pays de l'OTAN ont mis au total 16 navires et sous-marins à la disposition de l'Alliance atlantique pour faire respecter l'embargo sur les armes imposé à la Libye. Il s'agit de l'Italie, de la Turquie, du Canada, de l'Espagne, du Royaume-Uni, de la Grèce et des Etats-Unis. La Turquie, opposée aux bombardements, a livré à elle toute seule quatre frégates et un sous-marins.
L'OTAN avait annoncé mardi que les 28 ambassadeurs réunis pour le septième jour d'affilée avaient décidé de lancer une opération pour contrôler l'embargo sur les armes destinées à la Libye.
Kadhafi ne baisse pas les armes
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'est montré à la télévision nationale mardi soir en train de s'adresser à une petite foule de partisans, depuis un des bâtiments de sa résidence de Bab el-Aziziya à Tripoli, touché dimanche par un missile.
Défiant la coalition, Mouammar Kadhafi a affirmé que son pays était "prêt pour la bataille, qu'elle soit longue ou courte". "Nous allons gagner cette bataille", a-t-il lancé, avant d'affirmer, dans une brève allocution, que "les masses étaient les plus fortes des défenses anti-aériennes".
Le président américain Barack Obama a prévenu mardi que le dirigeant libyen "pourrait essayer de se terrer et d'attendre, même face à une zone d'exclusion aérienne". La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a elle déclaré avec enthousiasme que des proches du colonel Kadhafi avaient pris des contacts dans le monde entier pour trouver une porte de sortie.
Hillary Clinton a également déclaré avoir eu connaissance d'informations selon lesquelles un des fils du colonel Kadhafi aurait été tué par une frappe aérienne, mais "les preuves ne sont pas suffisantes", a-t-elle ajouté.
Combats meurtriers
Sur le terrain, les forces loyalistes n'ont pas cessé leurs attaques, selon les rebelles et des témoins, en dépit de l'annonce par le colonel Kadhafi d'un nouveau cessez-le-feu dimanche soir.
A Misrata, 17 personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des tirs de snipers et d'obus des forces loyales au dirigeant libyen, selon un médecin de l'hôpital principal de cette ville située à 200 km à l'est de Tripoli. Lundi, 40 morts avaient été dénombrés dans cette ville, selon les rebelles.
A Yefren (130 km au sud-ouest de Tripoli), "les forces de Kadhafi ont entrepris une offensive meurtrière lundi et mardi dans la région et les combats ont fait au moins 9 morts", selon un habitant. Dans la même région d'Al-Jabal Al-Gharbi, pro et anti-Kadhafi continuent aussi à s'affronter et un témoin a affirmé avoir vu "pas mal de corps à la morgue de Zenten".
La coalition active aussi
Les avions de la coalition internationale en Libye ont effectué 97 sorties au cours des 24 dernières heures, frappant des chars et des batteries anti-aériennes, a-t-on appris mercredi à la mi-journée auprès des forces américaines.
Les frappes aériennes "continuent à cibler les centres de commandement, les systèmes de défense anti-aérien, et les chars", a déclaré le commandant Beverly Mock, porte-parole de la coalition à bord du USS Mount Whitney, un navire de commandement coordonnant les opérations en Méditerranée.
Depuis le début de l'opération samedi et jusqu'à mardi, des navires et sous-marins américains et britannique avaient tiré 162 missiles de croisière Tomahawks, dont 112 samedi.
En outre, les avions de la coalition internationale avaient effectué mardi en fin de journée un total de 336 sorties et conduit 108 frappes aériennes depuis samedi, selon le Pentagone. Avec 212 sorties, les Etats-Unis représentent près des deux-tiers de la totalité de l'engagement aérien. Barack Obama a assuré que les Etats-Unis avaient réduit de façon "significative" le nombre de survols de la Libye par leurs avions.
Un F-15 américain s'est écrasé lundi soir en Libye, en raison d'un "dysfonctionnement". Ses deux membres d'équipage se sont éjectés et ont été récupérés, selon le commandant de l'opération internationale, l'amiral américain Samuel Locklear.
agences/bri
Seize personnes tuées à Misrata
Les avions de la coalition ont lancé mercredi plusieurs attaques à Misrata, où seize personnes ont été tuées par des tireurs isolés à l'est de la capitale libyenne.
L'OTAN a elle entamé des patrouilles alors que les combats entre fidèles à Mouammar Kadhafi et rebelles ont fait rage près d'Adjabiya.