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Le séisme au Japon sera le plus cher de l'histoire

Ci-dessus des maisons dans les décombres dans la préfecture de Miyagi. [Yuriko Nakao]
Ci-dessus des maisons dans les décombres dans la préfecture de Miyagi. - [Yuriko Nakao]
La facture du séisme et du tsunami au Japon pourrait dépasser au final les 200 milliards d'euros (256 milliards de francs). Il pourrait s'agir de la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire. Les coûts dépassent déjà nettement ceux du séisme de Kobé en 1995.

Kobé était considéré jusque-là comme le séisme le plus onéreux avec des dégâts estimés à environ 70 milliards d'euros.

Nonante pour cent des coûts concernent au Japon les trois préfectures du nord-est du pays, les plus dévastées (celles d'Iwate, de Miyagi et de Fukushima). Mais la facture finale sera sans doute supérieure car l'estimation qui comprend les dégâts aux routes, aux habitations, aux usines et aux infrastructures n'inclut pas les pertes économiques dues aux coupures d'électricité et à l'accident nucléaire de Fukushima.

Des aliments irradiés

Le secteur agricole des régions sinistrées subit par exemple aujourd'hui les conséquences directes de la catastrophe avec des taux de radioactivité anormaux mesurés dans des aliments. "Ce séisme va plonger l'économie et la production japonaise dans un état grave", a jugé le gouverneur de la Banque du Japon, devant une commission du parlement.

Le gouvernement estime que la croissance du PIB sera abaissée de 0,5 point de pourcentage lors de l'année budgétaire d'avril 2011 à mars 2012, bien que les dépenses de reconstruction dans le nord-est devraient donner un coup de fouet à l'activité dès cet été. L'archipel, dont le PIB a déjà baissé au dernier trimestre 2010, pourrait entrer temporairement de nouveau en récession.

"L'impact des coupures d'électricité prévues devrait être important", a déclaré à la presse Fumihira Nishizaki, directeur de l'analyse macroéconomique au sein des services du gouvernement. Le groupe Tokyo Electric Power Co (Tepco), qui exploite la centrale nucléaire de Fukushima et alimente la région de Tokyo, soit une zone représentant 40% de l'activité économique du pays, a perdu 20% de sa capacité opérationnelle de production d'électricité thermique et nucléaire. Il est peu probable que la compagnie d'électricité parvienne à rétablir la situation avant le pic de consommation estival.

Toyota et Sony touchées

D'importantes firmes comme le constructeur automobile Toyota ou le géant de l'électronique Sony n'ont pu relancer complètement leur production au Japon, y compris dans des secteurs non touchés par le séisme, à cause de l'arrêt de la fourniture de composants entraîné par les problèmes de transport et précisément d'électricité.

"Le désastre va freiner la croissance à cause de son impact sur la consommation, l'investissement des entreprises et sur la capacité du pays à exporter", a résumé Susumu Kato, un économiste à la banque Crédit Agricole. "D'un autre côté, l'activité pourrait aussi bénéficier des dépenses de construction de logement, du remplacement des équipements productifs endommagés et des financements publics", a-t-il ajouté.

agences/mej

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