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Syrie: la loi d'urgence de 1963 sera abrogée

Pour apaiser la colère de son peuple, le président al-Assad est contraint de réformer son pays en profondeur. [Khaled al-Hariri]
Pour apaiser la colère de son peuple, le président al-Assad est contraint de réformer son pays en profondeur. - [Khaled al-Hariri]
Les autorités syriennes ont décidé dimanche d'abroger la loi d'urgence, en vigueur depuis près de 50 ans, qui restreint les libertés publiques. Alors que l'armée est entrée dans Lattaquié, théâtre d'affrontements meurtriers ces derniers jours, le président Bachar al-Assad, devrait s'adresser "très bientôt" à la population.

La conseillère du président al-Assad, Boussaina Chaabane, a révélé dimanche que la décision d'abroger la loi d'urgence en vigueur depuis 1963 avait été prise. "Mais je ne sais pas quand elle sera mise en application", a-t-elle précisé, avant d'ajouter qu'aussitôt après l'abrogation de cette loi, "toutes les personnes arrêtées en vertu de cette loi seront libérées".

Pour tenter de calmer la rue, le pouvoir avait libéré 260 détenus samedi. Dimanche, les autorités ont encore libéré seize personnes, dont Diana al Djaouabra, militante dont l'arrestation à la mi-mars avait entraîné des manifestations à Deera.

Encore 2000 personnes "libérables"

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) Rami Abdelrahmane, qui s'est félicité de l'abrogation attendue de la loi d'urgence, a estimé qu'environ 2000 personnes devraient être ainsi libérées.

"Tous les condamnés par la Haute Cour de sûreté de l'Etat devraient recouvrer la liberté, car ce tribunal d'exception avait été créé en vertu de cette loi", a-t-il dit. "Les personnes retenues dans les locaux des services de sécurité, car arrêtées sans mandat d'arrêt", devraient aussi être relâchées.

La loi d'urgence, rédigée en décembre 1962 par un précédent gouvernement, est entrée en vigueur aussitôt après l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963. Elle impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité". Elle autorise aussi la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias.

L'armée entre à Lattaquié

Par ailleurs, des renforts militaires ont pénétré à Lattaquié, ville multiconfessionnelle du nord-ouest de la Syrie, après des accrochages extrêmement violents samedi. Ces derniers ont fait douze morts, dont des membres des forces de sécurité, des civils et deux insurgés en deux jours.

Les militaires entendent déloger des insurgés qui tirent à partir de toits et de voitures contre les forces de sécurité et les passants. Au total, depuis vendredi, dans cette cité située sur le littoral, treize militaires et civils ainsi que deux insurgés ont été tués, a indiqué Boussaina Chaabane.

Elle a accusé les "extrémistes musulmans d'être derrière l'attaque, avec l'objectif de susciter des dissensions confessionnelles dans le pays". Lattaquié est habitée par des sunnites, des alaouites et des chrétiens.

Les Palestiniens réfutent toute implication

Le journal gouvernemental "Techrine" a fait état de 150 blessés vendredi et samedi dans la ville portuaire. Le quotidien "al-Watan" affirme que "les voyous ne sont pas des Syriens et que leur nationalité sera dévoilée bientôt".

Boussaina Chaabane avait accusé samedi devant la presse "certains réfugiés palestiniens du camp de Ramel, proche de Lattaquié, d'avoir voulu créer la fitna (dissension confessionnelle) en tirant sur les forces de sécurité et sur les manifestants" afin de faire monter la tension entre eux.

Le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) a démenti "toute implication de Palestiniens du camp de Ramel dans les événements de samedi".

ats/sbo

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Al-Assad doit présenter ses réformes

Boussaina Chaabane a également annoncé que le président Al-Assad, au pouvoir depuis 2000, s'adressera "très bientôt" à la nation "pour expliquer la situation et clarifier les réformes qu'il entend mener dans le pays", a-t-elle déclaré.

Parmi ces réformes figurent une loi sur le pluralisme des partis politiques et une loi plus libérale concernant la presse, qui feront "l'objet d'un débat public", a-t-elle dit.