Les combattants pro-Ouattara, qui progressent dans l'Ouest frontalier du Liberia depuis fin février, affrontaient toujours en milieu de matinée l'armée fidèle au président sortant Laurent Gbagbo, appuyée par des miliciens, qui tiennent l'agglomération.
Ces combats interviennent au moment où la situation humanitaire ne cesse de se dégrader, quatre mois exactement après le scrutin contesté du 28 novembre, avec, selon l'ONU, près d'un million de déplacés. "Nous avons engagé les hostilités pour sécuriser le Grand Ouest, en particulier Duékoué et Guiglo, où des miliciens sèment la terreur", a indiqué à l'AFP le porte-parole militaire des Forces républicaines (pro-Ouattara), Seydou Ouattara.
Une ville encerclée
Les Forces républicaines, qui regroupent essentiellement des ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) contrôlant le Nord depuis leur putsch manqué de 2002, ont attaqué sur plusieurs axes Duékoué, située à une quarantaine de kilomètres au sud de l'ex-ligne de front de 2002-2003.
"On a encerclé Duékoué et il est possible que les deux villes, Duékoué et Guiglo, tombent aujourd'hui", a affirmé le porte-parole depuis Bouaké, fief des Forces républicaines. "Nos positions ont été attaquées par des rebelles sur la base située à l'entrée ouest de Duékoué", a confirmé à l'AFP un militaire des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au président sortant.
"Les tirs venaient de partout, on avait l'impression d'avoir été encerclés. Nous avons réussi un repli tactique. Mais nous comptons deux morts, dont le chef de compagnie, et trois blessés", a-t-il indiqué. "Jusqu'à présent, les tirs continuent d'être entendus dans la ville".
Un point stratégique
La ville de Duékoué constitue un important carrefour de l'Ouest ivoirien: la route de l'est mène à la capitale politique Yamoussoukro et celle du sud au port de San Pedro, plus grand port d'exportation de cacao au monde, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial.
Les forces pro-Ouattara ont pris cinq localités depuis fin février dans l'Ouest, où les combats provoquent d'importants déplacements de population. Plus de 90.000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia depuis le début de la crise, dont plus de la moitié depuis fin février.
Une issue pacifique paraissait plus lointaine que jamais, Alassane Ouattara ayant récusé le haut représentant nommé par l'Union africaine, l'ex-ministre cap-verdien des Affaires étrangères José Brito, censé engager des négociations entre les deux camps.
afp/mre
Des mercenaires profitent de la situation
Plusieurs centaines de "mercenaires libériens" opèrent dans la région de Guiglo, qui "pillent, violent et tuent", a dénoncé la semaine dernière le porte-parole du HCR à Abidjan, Jacques Franquin.
"Ils ne sont pas pro-Gbagbo ni pro-Ouattara, ils profitent seulement de la situation", avait indiqué à l'AFP le responsable du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés.