En 2010, les Irakiens avaient mis 249 jours pour conclure un accord de partage du pouvoir entre chiites, sunnites et Kurdes, et 40 de plus pour qu'un gouvernement prête serment. Ce record de 289 jours est à présent égalé par les Belges, qui ont élu leurs députés le 13 juin 2010.
Des étudiants ont dès lors décidé de défendre à nouveau l'unité de la Belgique en se rassemblant dans l'après-midi dans sept villes universitaires, tant en Flandre qu'en Wallonie et à Bruxelles. Plusieurs places y seront rebaptisées pour l'occasion "places Frites", l'un des rares symboles à encore rassembler les Belges.
Un compromis entre les partis flamands, qui réclament une très large autonomie régionale, et francophones, qui la refusent, semble toujours aussi éloigné.
La moitié des voix flamandes
L'interminable crise a encore radicalisé l'électorat flamand, La Nouvelle alliance flamande (N-VA), qui prône l'indépendance de la Flandre et avait triomphé en juin en recueillant près de 28% des voix côté néerlandophone, est maintenant créditée de 33% des intentions de vote.
Si l'on ajoute au score de la N-VA les 13,2% dont le Vlams Belang (extrême droite) est crédité, et les 3,2% des populistes de la LDD, les partis prônant l'indépendance de la Flandre séduiraient à présent près de 50% des électeurs flamands.
Affaires courantes assurées
La Belgique est-elle pour autant sans pilote depuis près d'un an? Pas vraiment. Le gouvernement sortant du chrétien-démocrate flamand Yves Leterme continue à "gérer les affaires courantes", une notion qui s'est élargie au fil des mois.
L'adoption d'un budget de l'Etat 2011, la participation de F-16 belges aux raids en Libye et la réussite de la présidence belge de l'UE fin 2010 ont renforcé l'impression que le pays pouvait continuer à fonctionner sous ce régime qui interdit pourtant en principe de prendre de grandes décisions engageant l'avenir.
Les affaires courantes pourraient même se prolonger "4 ou 5 mois" de plus, a estimé lundi le ministre sortant de la Coopération, Olivier Chastel. Le constitutionnaliste Christian Behrendt souligne toutefois le côté "malsain" de la situation. La situation empêche notamment l'adoption de réformes pourtant nécessaires, notamment en matières de retraites ou de nucléaire civil.
ats/vkiss