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L'après-Kadhafi s'est fortement dessiné à Londres

Le Premier ministre britannique David Cameron en discussion avec le secrétaire général de l'Otan. [Stefan Rousseau]
Le Premier ministre britannique David Cameron en discussion avec le secrétaire général de l'Otan. - [Stefan Rousseau]
La conférence internationale de Londres a convenu mardi de confirmer officiellement la création d'un "Groupe de contact" politique sur la Libye dont la prochaine réunion aura lieu au Qatar. La quarantaine de pays a aussi été unanime pour affirmer que Kadhafi devait quitter le pays.

"Les participants à la conférence ont convenu d'établir un Groupe de contact sur la Libye. Le Qatar a accepté de réunir la première réunion du Groupe aussi tôt que possible", indiquent les participants dans leur communiqué final.

Le Qatar est le seul pays arabe, avec les Emirats arabes unis, à participer aux opérations en Libye. Il est représenté à la réunion de Londres par son Premier ministre, Cheikh Hamad Bin Jissim Bin Jabr Al Thani.

"Kadhafi doit quitter le pays", ont déclaré à l'unanimité la quarantaine de pays réunis à Londres. [REUTERS - Toby Melville]
"Kadhafi doit quitter le pays", ont déclaré à l'unanimité la quarantaine de pays réunis à Londres. [REUTERS - Toby Melville]

La conférence de Londres, qui a réuni une quarantaine de pays et organisations, a fixé trois missions au Groupe de contact : "assurer le leadership et la direction politique d'ensemble des efforts internationaux, en coordination étroite avec l'ONU, l'Union africaine, la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et l'Union européenne; fournir une plateforme en vue de coordonner la réponse internationale sur la Libye; et fournir un espace commun au sein de la communauté internationale pour des contacts avec les parties libyennes".

Après la réunion de Qatar, la présidence du groupe sera assurée à tour de rôle "par des pays de la région et au-delà", ajoute le communiqué. Le Conseil de l'Atlantique Nord, se réunissant aux côtés de ses partenaires de la coalition, assurera la direction politique exécutive des opérations de l'OTAN", ajoute le texte.

Les participants ont de plus accepté l'offre du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présent à la conférence de Londres, de "gérer la coordination de l'aide humanitaire et la planification du soutien à long terme". "La Turquie, d'autres acteurs régionaux clefs et des agences internationales ont offert de soutenir ces efforts et de les prolonger avec le Groupe de contact".

Cessez-le-feu immédiat exigé

Les participants "réaffirment leur engagement fort pour la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale de la Libye" et promettent de renforcer les sanctions contre le colonel Mouammar Kadhafi "qui ne peut pas attaquer impunément des civils".

Se prévalant d'une "coalition élargie", les participants se félicitent du "succès" des opérations militaires sur le terrain, qui ont permis de "protéger un nombre illimité de civils et de détruire de facto les capacités aériennes de Kadhafi".

Réaffirmant leurs "contributions aux opérations militaires", ils exigent à nouveau un "cessez-le-feu immédiat" et la fin de "toutes les attaques contre les civils et un accès sans entrave à l'aide humanitaire".

"Seuls les Libyens peuvent" choisir leur gouvernement mais "Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et seront tenus responsables de leur action", ajoute le texte, soulignant "l'inquiétude" régnant quant au sort de "jusqu'à 80.000 déplacés" que le conflit a faits.

Un consensus s'est par ailleurs dégagé "à l'unanimité" pour dire que "Kadhafi doit quitter le pays", a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.

L'Union africaine demande un soutien

Le président de la commission de l'Union africaine Jean Ping a écrit au ministre des Affaires étrangères britannique William Hague pour demander le soutien du groupe de contact sur la Libye à la feuille de route de l'UA pour trouver une issue à la crise, a annoncé son porte-parole.

M. Ping n'a pas participé à la réunion du groupe de contact à Londres, pas plus qu'il n'a participé à une précédente réunion à Paris. "J'ai confiance sur le fait que, comme par le passé, nous pourrons compter sur le soutien de nos partenaires aux efforts de l'Afrique sur la Libye et je suis sûr que nous aurons l'occasion d'en discuter", a-t-il écrit.

Aides aux rebelles en discussion

La France est prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles en Libye, a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, tout en soulignant que ce n'était pas prévu par les récentes résolutions de l'Onu sur ce pays.

"Ce n'est pas ce que prévoit la résolution 1973, ni la résolution 1970. Pour l'instant la France s'en tient à la stricte application de ces résolutions. Cela dit, nous sommes prêts à en discuter avec nos partenaires", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.

Il s'exprimait à Londres à l'issue de la première réunion d'un groupe de contact créé pour s'occuper du dossier de la Libye, et qui va réunir à l'avenir, selon lui, une vingtaine de membres, dont une quinzaine d'Etats complétés d'organisations (Onu, UE, Ligue arabe...).

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, avaient indiqué plus tôt sur la chaîne de télévision ABC que les Etats-Unis "n'excluaient pas" de fournir une assistance militaire aux insurgés libyens afin de les aider à renverser le colonel Mouammar Kadhafi. Selon des sources américaines, la résolution 1973 de l'Onu, qui "autorise

toutes les mesures nécessaires" pour protéger les populations civiles, permettrait d'éventuelles livraisons d'armes ou de la formation militaire. M. Juppé n'a pas précisé la nature de l'aide dont la France entend discuter.

afp/olhor

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La rébellion promet des élections libres et crée une chaîne de TV

Le Conseil national de transition (CNT), "gouvernement" de la rébellion libyenne, a promis des "élections libres et justes" après la chute du colonel Mouammar Kadhafi, selon un communiqué diffusé mardi en marge d'une réunion internationale à Londres sur la Libye.

Soulignant ses "aspirations à un Etat uni, libre et moderne", le CNT "garantit" à "tout Libyen le droit de vote pour des élections législatives et présidentielles libres et justes".

Une "Constitution nationale approuvée par référendum" garantira "la formation de partis politiques et le respect de la liberté d'expression grâce à des médias et des manifestations pacifiques".

"Un Etat civil constitutionnel respectera l'inviolabilité de la religion et condamnera l'intolérance, l'extrémisme et la violence", ajoute le CNT, assurant qu'une nouvelle Libye "se joindra à la communauté internationale dans le rejet et la dénonciation du racisme, de la discrimination et du terrorisme".

Promettant le respect des droits de l'homme, la rébellion assurera en outre "la protection des intérêts et des droits des sociétés étrangères", dans une allusion aux importantes ressources pétrolières du pays.

L'opposition libyenne a également annoncé le lancement mardi depuis Doha d'une chaîne de télévision, Libya TV, avec des programmes axés sur le conflit en Libye et d'autres nouvelles du monde arabe et internationales, ont annoncé ses promoteurs.

Libya TV, en coopération avec le Conseil national de transition (CNT) qui regroupe l'opposition au dirigeant Mouammar Kadhafi, commencera à transmettre dans les prochaines heures sur le satellite Nilesat, ont-ils précisé dans un communiqué. Elle sera gérée par un "groupe de professionnels libyens à travers le monde, avec l'appui d'experts d'autres nationalités arabes", ont-ils ajouté.

Deux fortes explosions à Tripoli

Deux fortes explosions ont secoué mardi Tripoli, dans le secteur de la résidence du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, et sept autres ont été entendues à Tajoura, dans la banlieue-est de la capitale, selon un journaliste de l'AFP et des témoins.

Une première détonation a été entendue vers 16H30 GMT suivie d'une autre, trois minutes après, dans le secteur de Bab Al-Azizya, résidence du colonel Kadhafi, où des sirènes d'ambulances étaient entendues. En même temps, sept fortes détonations ont retenti à Tajoura, visée quasi-quotidiennement par les raids de la coalition.

Selon un habitant du quartier, des avions ont largué "cinq bombes" sur un site militaire de radars dans ce quartier. Un autre témoin a déclaré avoir vu des flammes et des colonnes de fumée s'échapper du site en question. Des avions avaient auparavant survolé la capitale, cible de raids de la coalition internationale depuis le début de son intervention en Libye, le 19 mars.