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Bachar al-Assad ne lève pas l'état d'urgence

Cela faisait une douzaine de jours que l'intervention de Bachar al-Assad était attendue. [Eric Feferberg]
Cela faisait une douzaine de jours que l'intervention de Bachar al-Assad était attendue. - [Eric Feferberg]
Le président syrien Bachar al-Assad est intervenu publiquement mercredi pour la première fois depuis le début de la contestation dans son pays, sans annoncer la levée de l'état d'urgence, une mesure hautement symbolique que lui seul a le pouvoir de prendre.

Bachar al-Assad a prononcé un discours télévisé devant le Parlement, au cours duquel étaient attendues l'annonce de la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis près d'un demi-siècle, et de nouvelles lois sur les médias et le pluralisme politique. Mais le président syrien, qui est apparu détendu face à un auditoire acquis ne s'est finalement pas engagé sur la mise en oeuvre de réformes pour calmer la contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 2000.

"Nous sommes totalement favorables à des réformes. C'est le devoir de l'Etat. Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions", a-t-il poursuivi, avant d'indiquer que la lutte contre la corruption et le chômage était une "priorité" du prochain gouvernement.

Le cabinet dirigé depuis 2003 par Mohammad Naji Otri a démissionné mardi, et la presse syrienne a affiché mercredi sa préférence pour un gouvernement de technocrates afin de mener à bien les réformes. Mais le dirigeant syrien n'a annoncé mercredi aucune des mesures de libéralisation du régime dont l'imminence avait été annoncée par ses proches. Sa principale conseillère Boussaina Chaabane avait notamment indiqué dimanche que la décision d'abroger l'état d'urgence avait déjà été prise par les autorités syriennes.

Etat d'urgence depuis un demi-siècle

En vigueur depuis la prise de pouvoir par le parti Baas en 1963, l'état d'urgence réduit sensiblement les libertés publiques. Il impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité". Il autorise aussi la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias.

Si l'abrogation de la loi d'urgence qui date de décembre 1962 est du ressort du Parlement, la fin de l'état d'urgence est du seul domaine du chef de l'Etat. Bachar al-Assad a rejeté la responsabilité des troubles sur des éléments étrangers. Il a prévenu que la Syrie traversait "un test de notre unité", estimant que des ennemis du pays avaient profité de la situation pour semer le chaos.

"Cette conspiration est différente sur la forme et sur le moment choisi de ce qui se passe ailleurs dans le monde arabe", a-t-il déclaré. "La Syrie n'est pas isolée de la région (...) mais nous ne sommes pas une copie des autres pays", a-t-il ajouté.

agences/ther

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Violences depuis douze jours

Le mouvement de contestation déclenché le 15 mars à l'appel de pages Facebook dont l'une intitulée "Révolution syrienne 2011", a appelé à des sit-in vendredi en Syrie à la mémoire des "martyrs" et pour appuyer les revendications en faveur de la démocratie.

A Deraa, épicentre de la contestation dans le sud du pays, des milliers de manifestants ont participé aux funérailles de Khalil Zatima, 17 ans, qui a succombé dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été blessé il y a une semaine durant les affrontements, a indiqué à l'AFP un militant des droits de l'Homme.

Les manifestants se sont dirigés vers le cimetière en scandant "plutôt la mort que la soumission".

Les incidents ont fait la semaine dernière entre 55 et 100 morts selon les sources. A Lattaquié, principal port de Syrie, 300 contestataires effectuaient un sit-in avec une banderole: "non à la dissension, oui à la paix et à la liberté".

L'armée se trouvait à proximité, mais n'est pas intervenue, ont indiqué des témoins.

Par ailleurs, sept militants des droits de l'Homme arrêtés le 16 mars à Damas lors d'une manifestation appelant à la libération de prisonniers politiques, ont été relâchés, a annoncé un avocat.