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Sarkozy exprime le soutien du G20 au Japon

Nicolas Sarkozy a profité de son séjour japonais pour réaffirmer le choix nucléaire de la France. [Toru Hanai]
Nicolas Sarkozy a profité de son séjour japonais pour réaffirmer le choix nucléaire de la France. - [Toru Hanai]
Le président français Nicolas Sarkozy est allé exprimer jeudi le soutien des pays du G20 aux autorités japonaises en pleine urgence nucléaire. Par ailleurs, des taux d'iode radioactif très fortement supérieurs à la norme ont été mesurés dans l'océan Pacifique et dans une nappe d'eau sous Fukushima.

Nicolas Sarkozy a fait étape quelques heures à Tokyo en provenance de Nankin, dans l'Est de la Chine, où il a ouvert un séminaire du G20 sur la réforme du système monétaire international. Devant la communauté française établie au Japon, puis devant le Premier ministre nippon Naoto Kan, le chef de l'Etat a d'abord rendu hommage au "courage exceptionnel" des Japonais face à la catastrophe et, pour faire face à l'urgence, promis toute l'aide de la France.

Le refroidissement des réacteurs 3 et 4 a rejeté de l'eau fortement radioactive en mer. [EPA]
Le refroidissement des réacteurs 3 et 4 a rejeté de l'eau fortement radioactive en mer. [EPA]

Dans cette panoplie, il a notamment cité les robots du numéro un mondial du nucléaire Areva, "qui permettent d'intervenir dans les zones contaminées". Ces engins sont entrés en action à la centrale de Fukushima, à 250 km au nord de Tokyo, pour traiter les eaux fortement radioactives ayant servi à refroidir les réacteurs.

Naoto Kan s'est réjoui en retour de pouvoir "bénéficier de l'expertise et du matériel de la France" et, même si sa présence l'a momentanément détourné de l'urgence, "remercié sincèrement" son invité de sa visite.

Choix nucléaire français confirmé

Comme il l'a déjà fait, Nicolas Sarkozy a profité de son séjour japonais pour réaffirmer le choix nucléaire de la France et a dénoncé ceux qui, à l'inverse du Premier ministre japonais, mais comme la chancelière allemande Angela Merkel, ont pris des décisions sur l'avenir de la filière nucléaire dans l'urgence.

Le Premier ministra japonais Naoto Kan et Nicolas Sarkozy. [REUTERS - Toru Hanai]
Le Premier ministra japonais Naoto Kan et Nicolas Sarkozy. [REUTERS - Toru Hanai]

Le président français a néanmoins proposé la réunion en mai à Paris des autorités de sûreté nucléaire des pays du G20, qu'il préside, afin d'imposer les mêmes normes de sûreté des installations dans le monde entier.

Même si Nicolas Sarkozy a confié jeudi qu'il aurait "préféré venir au Japon dans d'autres conditions", ce bref séjour lui a permis de combler un vide de son bilan diplomatique. S'il s'est déjà rendu à cinq reprises en Chine, il n'avait jusque-là pas encore visité le Japon depuis son élection, hormis pour le sommet du G8 à Toyako en 2008.

Forte radioactivité dans l'eau

Sur le terrain de la catastrophe, de l'iode radioactif 131 a été découvert dans une nappe d'eau située à 15 mètres sous la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a déclaré tôt vendredi matin l'opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco). Un échantillon d'eau prélevé mercredi sous le réacteur 1 de la centrale a révélé un taux de 430 becquerels par cm3, a précisé à l'AFP un porte-parole de la société.

Il a ajouté que ce niveau était "10'000 fois supérieur" à la norme légale. "Il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'un chiffre élevé", a-t-il souligné, en n'écartant pas toutefois la possibilité que ce taux soit révisé dans la journée de vendredi.

Un taux d'iode radioactif 4385 fois supérieur à la norme légale a également été mesuré dans l'eau de mer prélevée à 300 mètres au sud de la centrale,  avait auparavant indiqué l'exploitant Tepco.

Un plongeur est testé, après avoir dû interrompre une mission sous-marine dans le nord-est du Japon. [KEYSTONE - Yomiuri Shimbun, Naoki Hakamada]
Un plongeur est testé, après avoir dû interrompre une mission sous-marine dans le nord-est du Japon. [KEYSTONE - Yomiuri Shimbun, Naoki Hakamada]

Depuis le début de l'accident, toujours en cours, la centrale japonaise a rejeté de nombreux produits radioactifs, principalement de l'iode et du césium, transportés par les milliers de tonnes d'eau qui ont été déversées par les secours pour refroidir les installations et dont une partie a nécessairement ruisselé dans le Pacifique tout proche.

Selon Tepco et l'Agence de sûreté nucléaire nippone, cette radioactivité relâchée dans la mer se dilue avec les marées et le risque sur les algues et les animaux marins n'est pas important.

Selon d'autres spécialistes, ces rejets radioactifs dans l'océan Pacifique seront sans conséquence majeure à l'échelle planétaire, mais ils pourraient avoir un impact notable, voire durable, sur la vie marine au large de la centrale japonaise.

Les techniciens qui luttent depuis bientôt vingt jours pour éviter une catastrophe majeure à Fukushima sont entravés dans leurs opérations par des nappes d'eau fortement radioactive qui ont envahi des salles et des galeries techniques.

Pas d'évacuation plus large

Des mesures effectuées dans la terre à 40km de la centrale de Fukushima révèlent des taux de radioactivité supérieurs à la norme. [KEYSTONE - Yomiuri Shimbun, Tsuyoshi Yoshioka]
Des mesures effectuées dans la terre à 40km de la centrale de Fukushima révèlent des taux de radioactivité supérieurs à la norme. [KEYSTONE - Yomiuri Shimbun, Tsuyoshi Yoshioka]

Par ailleurs, les autorités japonaises ne prévoient pas dans l'immédiat d'élargir le périmètre d'évacuation de 20 km autour de Fukushima. Le porte-parole du gouvernement l'a déclaré après l'annonce de niveaux de radiation élevés dans un village à 40 km de la centrale accidentée.

"L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) nous a informés que le niveau de radiation dans le sol dépassait les limites prévues. Elle nous a demandé de suivre de près la situation sur la base de ces informations", a déclaré le porte-parole du gouvernement japonais Yukio Edano.

La zone d'évacuation autour de la centrale nucléaire couvre actuellement un rayon de 20 kilomètres. Le gouvernement a recommandé aux habitants vivant dans la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres de partir également, mais sans les y contraindre. L'ONG Greenpeace a recommandé une extension d'au moins 10 km de la zone d'évacuation.

agences/vkiss/jzim

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