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Le vendredi de la colère fait 9 morts en Syrie

Des protestataires se sont aussi réunis sans heurts à Qamishli.
Des protestataires se sont aussi réunis sans heurts à Qamishli.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi en faveur de la démocratie en Syrie, où au moins neuf personnes ont été tuées et des dizaines blessées par les forces de l'ordre, selon des militants des droits de l'homme et des témoins. D'autres morts ont été recensées dans le monde arabe.

Les manifestations ont eu lieu à l'appel d'opposants déçus par le fait que le président Bachar al-Assad n'ait annoncé aucune réforme majeure face à la contestation sans précédent lancée le 15 mars contre son régime.

Pour la première fois depuis le début du mouvement, des défilés ont eu lieu dans la région à majorité kurde du Nord, alors que les autorités ont annoncé leur intention d'examiner la situation de quelque 300'000 Kurdes qui se sont vus dénier la nationalité syrienne depuis un demi-siècle.

La contestation s'étend

A Douma, à 15 km au nord de Damas, les manifestants qui sortaient d'une mosquée ont jeté des pierres sur les policiers qui ont riposté en tirant des balles réelles, a déclaré un témoin, joint par téléphone. Au moins huit personnes ont été tuées, a-t-il ajouté, en prévenant que le bilan pourrait dépasser les dix morts. "Des dizaines de personnes ont été blessées et des dizaines d'autres arrêtées". Un responsable syrien, interrogé par l'AFP, n'a pas été en mesure de confirmer s'il y avait eu des morts.

Une rare image, extraite d'une vidéo sur Youtube, montre une manifestation contre Bachar al-Assad. [AFP - -]
Une rare image, extraite d'une vidéo sur Youtube, montre une manifestation contre Bachar al-Assad. [AFP - -]

A Sanamein, près de Deraa, épicentre de la contestation à 100 km au sud de Damas, un homme de 20 ans a été tué par des tirs des forces de l'ordre, a dit un militant des droits de l'Homme. Il faisait partie de manifestants venant de villages proches contre lesquels la police a tiré pour les disperser.

A Deraa, des fidèles ont manifesté devant le palais de justice aux cris de "La mort plutôt que l'humiliation". Depuis le 18 mars, la violence à Deraa a fait 30 morts selon les autorités, entre 55 et 70 selon des organisations internationales de défense des droits de l'Homme et 130 selon des militants sur place.

L'agence officielle syrienne Sana a confirmé que des manifestations avaient eu lieu "près de certaines mosquées" à Deraa et à Lattaquié (nord-ouest), où les participants ont rendu hommage aux "martyrs" et appelé "à accélérer les réformes". Selon l'agence, les forces de sécurité ne sont pas intervenues.

Des cheikhs se joignent au mouvement

Pour la première fois dans le Nord kurde, plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement à Qamishli, Amouda et Hassaké, en scandant "Nous ne voulons pas seulement la nationalité mais aussi la liberté" et "Dieu, la Syrie et la liberté", selon des témoins.

A Banias, à 280 km au nord-ouest de Damas, un millier de personnes ont manifesté sans incident et 18 cheikhs religieux ont dans une pétition appuyé "les demandes du peuple pour les réformes et la levée de l'état d'urgence".

A Damas, des centaines de fidèles ont affirmé s'être enfermés dans une mosquée alors que les forces de sécurité tentaient de forcer la porte d'entrée. Des journalistes de l'AFP qui se sont rendus sur place ont vu seulement des partisans au régime en face de la mosquée. "La principale cause des manifestations d'aujourd'hui est le discours du chef de l'Etat, qui a douché tous nos espoirs et nos attentes", a affirmé un militant sous couvert de l'anonymat.

Appel à maintenir la pression

Dans un message vidéo sur internet, le défenseur syrien des droits de l'Homme Haytham Maleh a appelé "les Syriens à continuer à mettre la pression sur le pouvoir pour obtenir satisfaction de leurs revendications indispensables". Mercredi, Assad a affirmé que son pays était confronté à une "conspiration" et n'a pas proclamé la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963.

Des juristes ont néanmoins été chargés de rédiger d'ici au 25 avril une nouvelle législation pour remplacer cette loi d'urgence. Un journaliste jordanien de l'agence Reuters, Suleiman al-Khalidi, disparu depuis mardi en Syrie, a été libéré par les autorités, a annoncé vendredi son employeur, qui restait sans nouvelles de l'un de ses photographes, Khaled al-Hariri.


Les derniers événements au Moyen-Orient et au Maghreb

04-01-yemen-reu.jpg [REUTERS - Khaled Abdullah]
04-01-yemen-reu.jpg [REUTERS - Khaled Abdullah]

YEMEN:

partisans et adversaires du président yéménite Ali Abdallah Saleh se sont massivement mobilisés à Sanaa où les forces de sécurité et l'armée ont déployé un dispositif sans précédent de crainte de heurts entre groupes rivaux. Par ailleurs, un soldat a été tué dans des affrontements entre des militaires et des membres de tribus soutenus par des membres d'Al-Qaïda, dans la province d'Abyane, un bastion du réseau extrémiste dans le sud du Yémen.

IRAK: seize policiers, un manifestant et un journaliste ont été blessés au cours d'une manifestation contre la mainmise des deux grands partis kurdes sur la vie politique locale qui a rassemblé plus de 4000 personnes à Souleimaniyeh, dans le nord de l'Irak.

EGYPTE: des dizaines de milliers d'Egyptiens se sont rassemblés sur l'emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire, pour appeler à "sauver la révolution" qui a renversé le président Hosni Moubarak et "purifier" le pays des restes de l'ancien régime.

JORDANIE: une manifestation de centaines de jeunes appelant à des réformes s'est déroulée vendredi à Amman, où une cinquantaine de loyalistes ont de leur côté scandé des slogans à la gloire du roi Abdallah II.

BAHREIN: les autorités bahreïnies ont libéré jeudi le blogueur Mahmoud al-Youssef, dont l'arrestation avait été dénoncée par les Etats-Unis. Al-Wefaq, le principal groupe de l'opposition chiite, avait fait état de quelque 300 arrestations à Bahreïn depuis que les forces de sécurité ont démantelé le 16 mars un sit-in de protestation sur une place de Manama.

TUNISIE: plusieurs dizaines de personnes ont manifesté jeudi dans le centre de Tunis pour réclamer des "changements concrets" en Tunisie.

MAROC: des personnalités marocaines d'horizons politiques différentes ont appelé jeudi à la "formation d'un gouvernement de coalition nationale" et à "l'ouverture d'un large dialogue national" sur la réforme constitutionnelle annoncée le 9 mars par le roi Mohammed VI.

OMAN: un manifestant a été tué vendredi par des tirs de la police à Oman, un sultanat du Golfe où des heurts ont opposé en mars les forces de l'ordre à des protestataires réclamant de meilleures conditions de vie.

agences/jzim

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