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Fukushima: les travaux de colmatage se poursuivent

Un employé montre la fissure de la structure en béton du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire accidentée. [Tepco/Ho]
Les travaux de colmatage de la fissure de la structure en béton du réacteur numéro 2 de Fukushima se poursuivent. - [Tepco/Ho]
Des ouvriers tentaient dimanche de colmater une brèche dans une fosse de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, d'où s'échappait de l'eau hautement contaminée directement dans l'océan Pacifique. Une première tentative de colmatage à l'aide de béton a échoué samedi, a indiqué Tepco.

Les ouvriers comptaient utiliser dimanche une colle polymère. Des analyses d'échantillons d'eau de mer, pratiquées le 30 mars à 40 km au sud de la centrale, ont révélé un taux d'iode radioactif 131 de 79,4 becquerels par litre, alors que la limite légale est de 40 becquerels par litre. L'Agence de sûreté nucléaire a toutefois affirmé que cette substance radioactive se diluait dans l'océan et que cette pollution n'était pas dangereuse pour la santé.

Deux employés de la centrale retrouvés morts

Par ailleurs, les corps de deux employés de la centrale ont été retrouvés. Ils étaient portés disparus depuis le tsunami du 11 mars. Juste après le tremblement de terre du même jour, les deux hommes âgés de 21 et 24 ans étaient partis inspecter le bâtiment de la turbine du réacteur numéro 4, a précisé le gestionnaire de la centrale Tepco. Ils sont morts de multiples blessures, probablement dues au tsunami.

Le réacteur 2 de Fukushima touché par une fissure
Le réacteur 2 de Fukushima touché par une fissure

Leurs corps ont été découverts mercredi dans un environnement radioactif et ont dû faire l'objet de longues opérations de décontamination, a précisé l'agence Kyodo. Le décès des deux hommes, vraisemblablement survenu le 11 mars, n'a été officiellement confirmé que samedi.

Dans cette région du nord-est du Japon dévastée par un séisme et un tsunami géants, quelque 25'000 soldats japonais et américains continuaient pour la troisième journée consécutive à ratisser le littoral et sillonner la côte à la recherche de victimes.

Trois semaines après la tragédie, le bilan toujours provisoire de la police s'établit à 12'009 morts confirmés et 15'472 disparus. La plupart d'entre eux ont très probablement été emportés au large par le raz-de-marée.

Plusieurs mois pour arrêter les émanations

Un conseiller du Premier ministre japonais Naoto Kan a reconnu qu'il faudrait plusieurs mois pour arrêter les émanations radioactives produites par quatre des six réacteurs de Fukushima Daiichi (N°1).

Le Premier ministre japonais Naoto Kan s'est rendu pour la première fois ce samedi dans la zone sinistrée du nord-est. [KEYSTONE - PRIME MINISTER'S OFFICIAL RESIDE]
Le Premier ministre japonais Naoto Kan s'est rendu pour la première fois ce samedi dans la zone sinistrée du nord-est. [KEYSTONE - PRIME MINISTER'S OFFICIAL RESIDE]

La centrale de Fukushima, située au bord de l'océan Pacifique à quelque 250 km au nord de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants, était conçue pour résister à un tsunami de 6 mètres, mais pas à une vague géante de 14 mètres.

Le 11 mars, ses six réacteurs se sont mis automatiquement à l'arrêt, comme prévu, dès la première secousse du tremblement de terre de magnitude 9. Mais le tsunami qui a suivi quelques minutes plus tard a noyé les circuits électriques et les pompes de refroidissement du combustible nucléaire.

Quatre réacteurs ont alors commencé à chauffer dangereusement, provoquant des explosions et des dégagements de fumée radioactives. Des centaines d'ouvriers de la société Tokyo Electric Power (Tepco), propriétaire de la centrale, ont réussi, au péril de leur vie, à maîtriser le processus infernal, en arrosant les installations jour et nuit, d'abord à la lance à incendie, puis en installant des pompes de secours.

Une "longue bataille"

Cet accident, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, "va être une longue bataille", a reconnu Goshi Hosono, conseiller de Naoto Kan, lors d'une interview dimanche à la télévision Fuji TV. Il a notamment souligné qu'il faudrait "probablement plusieurs mois avant de stopper les fuites radioactives". "Le plus grand défi concerne les quelque 10'000 barres de combustible usé dont le retraitement prendra très longtemps", a-t-il ajouté.

Les tentatives de refroidissement du réacteur no 4 se poursuivent. [TEPCO]
Les tentatives de refroidissement du réacteur no 4 se poursuivent. [TEPCO]

L'objectif des employés de Tepco est de rétablir l'alimentation électrique afin de faire fonctionner les circuits de refroidissement des quatre réacteurs endommagés.

Les réacteurs 5 et 6 ont eux été épargnés par la catastrophe. Mais les progrès sont lents, car d'énormes quantités d'eau utilisées pour le "lessivage" des barres de combustible ont inondé les salles des turbines et les galeries souterraines, empêchant toute intervention humaine.

Le défi principal pour Tepco est d'évacuer ces nappes hautement radioactives, dont une partie a réussi à s'échapper dans l'océan tout proche, à travers une brèche de 20 cm découverte dans une fosse reliée au réacteur 2.

Une plate-forme flottante en acier de 136 mètres de long et 46 mètres de large devrait arriver dans les prochains jours en face de Fukushima Daiichi. Ses réservoirs d'une capacité de 10'000 tonnes pourraient servir à évacuer l'eau contaminée de la centrale. Deux barges de la marine américaine ont également acheminé de l'eau douce, qui est en cours de transvasement dans des cuves utilisées pour le refroidissement des réacteurs et des piscines de combustible usé. Selon le journal Yomiuri Shimbun, 550 tonnes d'eau sont injectées chaque jour dans les réacteurs.

ats/afp/hof

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Le Japon réagit aux contrôles renforcés

L'ambassadeur du Japon en Suisse, Ichiro Komatsu, juge exagérés le renforcement des contrôles des denrées alimentaires nippones et l'annulation de vols en provenance de l'archipel. Selon lui, il n'y a aucune raison à cela.

Depuis jeudi, les denrées japonaises ne peuvent entrer sur le sol suisse que si elles sont munies de certificats prouvant qu'elles ne sont pas irradiées. L'Administration fédérale des douanes prélève également des échantillons pour analyse. Des mesures similaires ont été prises par l'Union européenne.

Pour Ichiro Komatsu, la Suisse a surréagi en prenant de telles mesures et en annulant des vols juste après le séisme et le tsunami du 11 mars. Des organisations telles que l'organisation mondiale de la santé (OMS), affirment qu'il n'y a aucun danger immédiat, dit-il dans une interview parue dimanche dans l'hebdomadaire Sonntag. Il fallait prendre des mesures de précaution, mais pas surréagir sur la base de "rumeurs non confirmées", estime-t-il.

Le diplomate nippon se montre en revanche reconnaissant pour la solidarité et l'amitié dont le peuple et le gouvernement suisses ont fait preuve à l'égard du Japon. Selon lui, "le soutien et la solidarité ont été immenses". "Nous recevons infiniment de lettres de sympathie", ajoute-t-il, soulignant que cela aussi aide beaucoup son pays.