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Libye: nouvelles défections dans le clan Kadhafi

La défection d'Ali Tikri, ici en 2003, est un nouveau coup dur pour Kadhafi. [Aladin Abdel Naby]
La défection d'Ali Tikri, ici en 2003, est un nouveau coup dur pour Kadhafi. - [Aladin Abdel Naby]
L'insurrection semblait reprendre du terrain dimanche sur les forces de Mouammar Kadhafi après trois jours de violents combats dans l'est du pays, où l'Otan enquêtait sur la mort de 13 personnes, victimes selon les rebelles d'une première bavure.

D'intenses combats ont continué de faire rage dimanche aux portes du site pétrolier de Brega, dans l'est de la Libye, à 800 km de Tripoli et à 240 km de Benghazi, entre les rebelles et les forces loyales à Mouammar Kadhafi.

Après s'être emparés de l'Université du pétrole, un énorme campus à l'entrée de Brega, les rebelles ont dû se replier sous le feu des forces loyalistes. Des avions de l'OTAN, dont les frappes aériennes auraient diminué ces derniers jours, ont survolé la région.

"La situation est bonne, nous sommes aux portes de Brega", a assuré un militaire se présentant comme un "colonel" de la rébellion. "L'armée du dictateur se replie, nous aurons le contrôle de la ville sous peu", a-t-il signalé.

Selon les insurgés, ce camion brûlé dans les alentours de Brega, appartenait aux forces kadhafistes. [REUTERS - Andrew Winning]
Selon les insurgés, ce camion brûlé dans les alentours de Brega, appartenait aux forces kadhafistes. [REUTERS - Andrew Winning]

Les forces loyales au régime libyen ont pilonné encore dimanche deux autres localités situées dans une région montagneuse au sud-ouest de Tripoli et peuplées surtout de Berbères traditionnellement rétifs au régime, ont rapporté des habitants. Les forces gouvernementales ont tiré avec leurs blindés sur Zentane. Deux personnes auraient trouvé la mort dans le pilonnage de la localité voisine de Yefren où les troupes pro-Kadhafi "fouillent les maisons et tuent tout ce qu'elles trouvent", y compris le bétail, selon le récit de plusieurs habitants.

Bavure de l'OTAN

Pour la première fois depuis le début des raids de la coalition le 19 mars, neuf rebelles et quatre civils, dont trois étudiants en médecine, ont été tués vendredi soir par une frappe de l'OTAN à 15 km à l'est de Brega. L'OTAN, qui a le commandement des opérations depuis jeudi, "examine" les informations sur une possible bavure.

Selon un responsable politique de la rébellion établi à Ajdabiya, un avion de la coalition a ouvert le feu sur un convoi de cinq ou six véhicules, dont une ambulance. Le pilote a sans doute pensé avoir été visé par les tirs de joie d'un rebelle à bord du convoi. Les rebelles ont été enterrés dans une grande tombe collective creusée dans le sable et délimitée par des pierres.

Des défections de rang

Le "doyen" des diplomates libyens Ali Triki a démissionné ce weekend de ses fonctions de conseiller du colonel Kadhafi, ont indiqué des responsables de la Ligue arabe. Cet ex-ministre des affaires étrangères et des affaires africaines, ancien représentant de la Libye aux Nations unies et en France, s'est entretenu au Caire avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.

Rien n'a filtré des entretiens. M. Triki n'a pas dit s'il rejoignait l'opposition. Il s'agit de la deuxième personnalité du régime à démissionner cette semaine, après le ministre des affaires étrangères, Moussa Koussa.

Le vice-ministre libyen des affaires étrangères, Abdelati Obeidi, s'est quant à lui rendu à Athènes, porteur apparemment d'un message du colonel Kadhafi pour le premier ministre grec, George Papandréou. Ce dernier devait rencontrer M. Obeidi dimanche soir. Le spectre de l'attentat de Lockerbie

Des responsables britanniques vont rencontrer eux lundi à Londres des procureurs écossais pour arranger une interview par la police de Moussa Koussa, réfugié en Grande-Bretagne depuis mercredi. La justice écossaise souhaite l'interroger au sujet de l'attentat de Lockerbie en 1988. Moussa Koussa est soupçonné d'y avoir joué un rôle. Un Boeing de la Panam avait explosé en vol au-dessus de la localité écossaise de Lockerbie, faisant en tout 270 morts.

Un complément d'information est demandé à M. Koussa sur cet événement. Les familles des victimes de l'attentat de Lockerbie réclament que Moussa Koussa soit remis immédiatement à la police écossaise. Lundi, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, qui a rencontré M. Koussa, fera le point devant la Chambre des communes.

Une délégation de diplomates britanniques est également arrivée samedi soir à Benghazi, le fief des rebelles dans l'est, "pour entrer en contact avec des personnalités, dont le Conseil national de transition", soit l'organe représentatif de la rébellion.

ats/cht

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