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Mise en cause, l'OTAN s'engage pour Misrata

De la fumée s'élève d'un bâtiment de la ville de Misrata, qui aurait été reprise par les forces de Kadhafi lundi. [Ahmed Jadallah]
La ville de Misrata est bombardée depuis 40 jours par les forces loyales à Kadhafi - [Ahmed Jadallah]
Accusée par les rebelles libyens de laisser tomber Misrata, l'OTAN a réagi mercredi à Bruxelles. L'Alliance affirme ne pas manquer de moyens mais accuse les forces de Kadhafi d'utiliser des boucliers humains. Coupée du monde, Misrata bénéficiera d'une aide urgente venue de la mer.

"Qu'est-ce que les Occidentaux attendent ? Nos villes sont en train d'être détruites". Face à ce cri lancé mardi par la rébellion, l'OTAN a défendu sa position mercredi.

Des boucliers humains

"Les forces de Kadhafi utilisent des véhicules civils et se servent de boucliers humains", a indiqué l'OTAN, qui a assuré tout faire pour défendre la ville de Misrata, pour enrayer l'avance des forces kadhafistes dans l'est de la Libye, et surtout pour "éviter le piège des boucliers humains".

A 214 km à l'est de Tripoli, sur la côte, la troisième ville de Libye est encerclée et pilonnée depuis plus de 40 jours par les forces de Mouammar Kadhafi. Sa population manque de tout. L'eau y serait coupée. Il n'y aurait plus d'électricité ou de produits alimentaires.

Mouammar Kadhafi, un dirigeant qui sait utiliser l'image. [José Luis Roca]
Mouammar Kadhafi [José Luis Roca]

Les forces libyennes bombarderaient maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde, avait alerté le chef militaire des insurgés, le général Younés. Pour soulager la détresse des habitants de la ville, l'OTAN a autorisé les rebelles de Benghazi, dans l'est, à ravitailler Misrata par voie maritime.

Pour le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, la situation "ne peut plus durer". L'OTAN, elle, s'est défendue de manquer de moyens pour faire face à la situation. "L'OTAN a un mandat très clair" et "on va tout faire pour protéger les civils de Misrata", a assuré sa porte-parole adjointe, Carmen Romero. "Misrata est bien notre priorité numéro un", a-t-elle insisté.

"Nous avons procédé lundi à des bombardements autour de la ville, ciblant des équipements de l'armée de Kadhafi".

Par ailleurs, la Maison Blanche a lancé mercredi une nouvelle mise en garde au colonel Kadhafi, confirmant que ce dernier avait envoyé un message au président Barack Obama mais sans révéler la teneur de la missive. "Nous pouvons confirmer qu'il y a eu une lettre, évidemment pas la première" du leader libyen, a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney. Il a rappelé que le président Obama répétait depuis des semaines qu'un cessez-le-feu en Libye dépendrait "d'actes et non de mots (et) d'une fin des violences".

Raids soutenus

Selon Mme Romero, l'OTAN a procédé à 66 sorties de bombardement mardi contre 58 raids lundi. La coalition continuerait ainsi ses opérations aériennes au même rythme qu'au début de la prise de commandement de l'opération par l'OTAN le 31 mars.

Londres a précisé que l'aviation britannique avait notamment touché douze blindés de l'armée libyenne mardi près de Misrata et de Syrte. Dans les faits, les missions de l'OTAN reposent sur sept des 28 pays membres.

Ces sept pays ont mis 61 appareils à la disposition de l'opération "Protecteur unifié", 18 appareils pour la France et dix pour le Royaume-Uni par exemple. Il faut y ajouter onze avions américains pour des cas d'urgence mais avec le feu vert de Washington. La question est de savoir si les pays engagés pourront pallier l'absence d'avions américains.

Kadhafi tacticien

Les frappes seraient actuellement rendues délicates par la tactique des troupes kadhafistes qui est de disperser leurs armes lourdes dans des zones peuplées, ont souligné des militaires de l'OTAN. Le contre-amiral britannique Russ Harding, commandant adjoint de l'opération internationale, a répété que le régime libyen se servait de "boucliers humains" pour protéger l'avance des troupes.

"Les forces gouvernementales avancent en direction d'Ajdabiya", une ville de l'est tenue par les rebelles, "et deviennent une menace pour cette ville et au-delà, pour Benghazi", a-t-il ajouté. "Les forces de l'OTAN ont été particulièrement attentives à éviter des victimes civiles", s'est aussi félicité l'officier britannique.

Brega sous le feu

Sur le terrain, les combats ont continué mercredi aussi autour du site pétrolier de Brega, à 800 km à l'est de Tripoli. Les insurgés ont affirmé avoir repris du terrain et se trouveraient à l'entrée est de la ville. Des duels d'artillerie auraient eu lieu. Des tirs de roquettes et des obus de mortier auraient encore été entendus.

Sur un plan économique, l'insurrection s'organise. La première cargaison de pétrole effectuée par la rébellion devait avoir lieu mercredi avec un pétrolier prévu pour charger du brut à Tobrouk, dans l'est. Ce pétrole doit permettre de financer l'insurrection.

agences/lan

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Le régime prêt au dialogue

Côté politique, le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.

"Ils (les rebelles) doivent déposer les armes. Ils pourront par la suite participer au processus politique", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm mardi soir.

Tout en soulignant que le Conseil national de transition (CNT) formé par la rébellion "ne représente pas la base populaire en Libye", il a expliqué qu'"il y aurait des garanties pour tout processus politique par le biais d'observateurs de l'Union africaine et de l'ONU capables de dissiper tout doute".

Antenne humanitaire suisse à Benghazi

C'est fait, la Suisse a ouvert une antenne humanitaire à Benghazi. La décision avait été prise le 11 mars par le Conseil fédéral. Cette antenne située dans le fief des rebelles libyens est désormais opérationnelle.

Elle est composée de 4 personnes, spécialisée dans les questions logistiques, médicales et de télécommunication. Leur mission est de définir les besoins humanitaires et de superviser la distribution de médicaments de première nécessité. Ces experts de la DDC ont déjà constaté des besoins importants dans le domaine de l'eau potable et du matériel médical.

Une information originale de la Radio suisse romande.