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La chute de Laurent Gbagbo est "inéluctable"

La France fait tout pour déloger Laurent Gbagbo de son bunker.
La France fait tout pour déloger Laurent Gbagbo de son bunker.
Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo restait jeudi retranché dans son bunker à Abidjan, où la situation sécuritaire se dégrade très rapidement, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon l'exhortait à "céder le pouvoir" avant qu'il ne soit "trop tard". Pour la France, sa chute est "inéluctable".

"Il est absolument nécessaire, avant qu'il ne soit trop tard, qu'il (Gbagbo) cède le pouvoir au dirigeant démocratiquement élu (Alassane) Ouattara", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon jeudi après avoir rencontré des sénateurs américains à Washington. "C'est sa dernière chance de sortir avec élégance de cette situation", a-t-il dit.

De son côté, Alassane Ouattara a annoncé jeudi lors d'une allocution solennelle à la télévision ivoirienne qu'un blocus était en oeuvre autour de la résidence de Laurent Gbagbo, exhorté ses compatriotes à l'unité et demandé à ses forces de sécuriser Abidjan.

Urgence humanitaire

Après l'impasse politique et l'enlisement militaire, Abidjan est confrontée à l'urgence humanitaire. Autrefois prospère, la capitale est livrée aux pillards, les cadavres ne sont pas ramassés, le système de santé s'est effondré, l'eau et l'électricité sont souvent coupées et les réserves de nourriture baissent rapidement.

Des tirs sporadiques d'armes lourdes et légères ont été entendus dans la matinée, mais le calme régnait en début d'après-midi autour du palais et de la résidence de Laurent Gbagbo, visée par des tirs français mercredi soir, ont rapporté des habitants et des journalistes de l'AFP. Une dizaine de véhicules blindés de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne ont patrouillé à la mi-journée dans le quartier du Plateau (centre) où se situe le palais, a constaté l'AFP.

La situation est chaotique dans la capitale Abidjan. [KEYSTONE - Rebecca Blackwell]
La situation est chaotique dans la capitale Abidjan. [KEYSTONE - Rebecca Blackwell]

Depuis le début de la bataille d'Abidjan il y a une semaine, ces patrouilles terrestres étaient très rares, le quartier étant jusque-là sous un étroit contrôle des militaires restés fidèles à Laurent Gbagbo. Une partie de l'armement utilisé pour défendre la résidence présidentielle a été visée par des tirs français mercredi soir lors de l'exfiltration par l'armée française de l'ambassadeur du Japon qui résidait dans le secteur.

L’intervention française fait des vagues

La France a dit avoir "riposté" à des "tirs nourris des forces pro-Gbagbo". Mais selon une source militaire occidentale, durant près d'une heure et demie la France "a profité de l'occasion pour traiter un maximum d'objectifs de façon à réduire le potentiel de résistance de la résidence".

Lourdement armés, les fidèles de Laurent Gbagbo avaient réussi quelques heures plus tôt à repousser l'assaut des forces d'Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale. Licorne a été aussi sollicitée par le gouvernement israélien pour exfiltrer ses diplomates en poste à Abidjan, a indiqué le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Côte d'Ivoire [STR]
Côte d'Ivoire [STR]

Pour lui, la chute de Laurent Gbagbo interviendra "inéluctablement". Mais l'implication croissante de la France fait polémique: le ministère russe des Affaires étrangères estime que les troupes françaises et l'ONU se sont ingérées dans un "conflit intérieur" en Côte d'Ivoire, en apportant leur soutien au camp Ouattara.

Replié dans son bunker avec ses proches, Laurent Gbagbo dispose encore d'"un petit millier" d'hommes à Abidjan dont environ 200 à sa résidence, selon le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. "Sur Abidjan, l'Onuci (mission onusienne) a environ 2250 hommes, sur un effectif total en Côte d'Ivoire de 10’000. La France a porté ses effectifs Licorne à 1700, les groupes tactiques du président Ouattara représentent environ 2000 hommes", a-t-il ajouté.

Pas d’amnistie pour Gbagbo

Les affrontements à l'arme lourde dans Abidjan ont fait, selon l'ONU, des dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue "absolument dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnant plus. Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, avait annoncé mercredi vouloir ouvrir une enquête sur des "massacres commis de façon systématique ou généralisée" en Côte d'Ivoire.

Interrogé sur une éventuelle amnistie de Laurent Gbagbo, le bureau du procureur du CPI a indiqué jeudi que les crimes relevant de la compétence de cette juridiction ne peuvent faire l'objet d'une amnistie. "Il n'y pas d'amnistie qui tienne pour les crimes relevant de la compétence de la Cour", a déclaré à l'AFP Emeric Rogier, chef de la section analyse des situations au bureau du procureur.

Laurent Gbagbo, selon lui, "peut bénéficier d'une amnistie au niveau national, auquel cas il ne fera pas l'objet de poursuites au niveau national, mais cela ne le met pas à l'abri de poursuites internationales".

afp/ats/bkel

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Prudence, recommande le DFAE

Les collaborateurs de la représentation suisse, qui se trouvent dans le quartier du Plateau, "travaillent encore", a indiqué jeudi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué. Les bureaux de la section consulaire sont toutefois fermés depuis une semaine.

Quelques Suisses ont quitté "pendant les derniers jours" le pays, "en partie avec l'appui du DFAE", a précisé le département. Une famille suisse qui se trouvait dans le camp militaire de la force Licorne a été "rapatriée à sa demande".

Ils se trouvent sur le chemin du retour, a ajouté le DFAE. Mercredi soir, 1548 ressortissants étrangers étaient sous protection française à la base de Licorne à Port-Bouët, à Abidjan, près de l'aéroport international. Selon le DFAE, plusieurs Suisses se trouvent aussi dans ce camp, ainsi qu'à d'autres points de rassemblement mis sur pied pour les ressortissants étrangers par les forces françaises.

Quant aux ressortissants suisses qui se trouvent toujours chez eux, Berne leur conseille de "rester dans leurs habitations". En cas d'"une menace immédiate" l'ambassade suisse leur recommande de prendre contact avec les forces françaises, qui assurent le transport jusqu'à un point point de rassemblement dès que la situation le permet".