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L'ONU veut la cessation des hostilités à Misrata

Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines à Misrata en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours. [Anis Mili]
Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines à Misrata en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours. - [Anis Mili]
Les Nations unies ont appelé mercredi soir à une cessation des hostilités autour de la ville libyenne de Misrata pour que de l'aide puisse parvenir aux blessés et que la population, que l'Otan a promis de protéger, puisse fuir les combats entre les rebelles et les forces du colonel Kadhafi.

"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos, en lançant cet appel. "La possibilité de quitter la ville est désormais une question de vie ou de mort. Nous avons besoin d'une cessation temporaire des hostilités dans cette zone pour que les gens puissent se mettre à l'abri, ainsi que leur famille, s'ils le veulent", a-t-elle insisté.

Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines dans cette ville en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours. Dans la journée, l'Otan, mise en cause par les insurgés, a promis de protéger les habitants de cette ville de 300.000 habitants située dans l'ouest libyen et bombardée par les forces de Mouammar Kadhafi, auquel les Etats-Unis ont demandé "des actes" et la "fin des violences".

Civils comme boucliers

L'Otan, qui a pris le relais le 31 mars de la coalition multinationale, "va tout faire pour protéger les civils de Misrata", troisième ville du pays à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée depuis plus d'un mois et demi par les pro-Kadhafi, a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero, réaffirmant que Misrata était désormais la "priorité numéro un" de l'Alliance.

Le chef militaire de la rébellion, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé l'alliance atlantique de "laisser mourir les habitants de Misrata". A Naples, un responsable de l'Otan a toutefois souligné la difficulté de la tâche, les forces loyalistes se cachant parmi des civils. "Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers des tactiques non-conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et utilisant des civils comme boucliers dans leur avance" vers des sites tenus par les rebelles, a déclaré à la presse le contre-amiral britannique Russ Harding, commandant adjoint de l'opération "Unified Protector".

Ravitaillement par la mer

Le ministère britannique de la Défense a annoncé que son aviation avait bombardé six véhicules blindés et six chars de l'armée libyenne dans les régions de Misrata et de Syrte (centre-nord). Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a lui indiqué que Misrata pourrait désormais être ravitaillée par la mer par les insurgés, promettant que la coalition ferait en sorte "qu'à aucun moment les moyens militaires kadhafistes ne puissent l'empêcher".

Dans l'Est, les forces gouvernementales "avancent en direction d'Ajdabiya, aux mains des rebelles. Ils deviennent une menace directe pour cette ville et au-delà, pour Benghazi", fief de l'opposition, a prévenu le contre-amiral Harding, alors que les combats se poursuivaient mercredi dans la région de Brega (est), à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya. A Ajdabiya, des soldats rebelles ont installé un poste de contrôle pour empêcher les jeunes inexpérimentés de rejoindre le front à quelques dizaines de kilomètres.  Mardi, les insurgés avaient dû reculer d'une trentaine de kilomètres vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste.

afp/jbu

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Un ex-ministre prend la fuite

L'ancien ministre libyen de l'Energie Omar Fathi Ben Shatwan a révélé jeudi avoir fui la ville assiégée de Misrata à bord d'un bateau de pêche. Il dit aussi avoir pris le parti des opposants à Mouammar Kadhafi.

"Kadhafi n'a plus d'avenir maintenant", a estimé Ben Shatwan, un ancien ministre de l'Industrie qui a été ministre de l'Energie de 2004 à 2006 quand la Libye commençait à ouvrir l'exploitation de ses ressources pétrolières aux grandes compagnies étrangères.

Il a accusé Kadhafi et sa famille d'avoir pris d'énormes pots de vin de l'industrie pétrolière, affirmant que des milliards étaient encore "cachés" en dépit des sanctions internationales. Selon lui, d'autres membres du régime voulaient abandonner Kadhafi mais avaient trop "peur" pour le faire.