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Libye: le spectre de l'enlisement se rapproche

Les combats se concentrent depuis une semaine entre Brega et Ajbadiya.
Les combats se concentrent depuis une semaine entre Brega et Ajbadiya.
L'enlisement du conflit est ouvertement évoqué en Europe et à Washington, la ligne de front n'ayant quasiment plus évolué depuis plus d'une semaine. L'essentiel des combats se concentre toujours à mi-chemin entre le site pétrolier de Brega et la ville d'Ajbadiya. L'Otan a ouvert le feu jeudi sur une colonne de plusieurs dizaines de chars de rebelles.

Les rebelles libyens repliés à Ajdabiya tentaient vendredi de résister à l'avancée des troupes fidèles à Mouammar Kadhafi mais l'Otan s'est refusée à parler d'"impasse" militaire ou politique plus de sept semaines après le début du conflit.

Alors que le spectre d'un enlisement du conflit est ouvertement évoqué en Europe et à Washington, la ligne de front n'a quasiment plus évolué depuis plus d'une semaine.

L'essentiel des combats se concentre à mi-chemin entre le site pétrolier de Brega et la ville d'Ajbadiya, environ 80 km plus à l'est, selon des sources rebelles invérifiables de façon indépendante. Vendredi matin, Ajdabiya, ville-fantôme, était toujours contrôlée par les rebelles, selon des journalistes de l'AFP.

Rumeur d'attaque sur Benghazi

La veille, des milliers de civils et de rebelles avaient fui vers le fief des insurgés à Benghazi, à 160 km plus au nord, en raison de rumeurs d'une attaque imminente des troupes régulières. Ces rumeurs ont fait suite à un raid aérien de l'Otan ainsi qu'aux tirs de roquettes Grad tombées non loin de la ville, ont expliqué des insurgés.

C'est dans cette zone à l'ouest d'Ajdabiya que des avions de l'Otan ont ouvert le feu jeudi sur une colonne de plusieurs dizaines de chars que les rebelles remontaient vers le front à l'est de Brega, selon des sources concordantes. Le bilan est lourd: au moins quatre morts, deux rebelles et deux médecins, ainsi que 14 blessés et six portés disparus, selon le chef d'état-major des insurgés, le général Abdelfatah Younès.

Pour le général Younès, qui s'était dit déçu par l'action de l'alliance depuis qu'elle dirige les opérations militaires en Libye fin mars, cette attaque "semble avoir été l'oeuvre de l'Otan". "Nous estimons qu'il s'agit d'une frappe fratricide, menée par l'Otan par erreur", a-t-il lancé.

Pas d'impasse selon l'Otan

Les rebelles accusent l'OTAN de laisser massacrer des civils à Misrata. [Maurizio Gambarini]
Les rebelles accusent l'OTAN de laisser massacrer des civils à Misrata. [Maurizio Gambarini]

L'Otan a par ailleurs démenti toute "impasse", qu'elle soit militaire ou politique, tout en reconnaissant qu'une solution "purement militaire" était écartée. A Washington, le général américain Carter Ham, commandant des forces américaines pour l'Afrique, avait estimé la veille qu'il était peu probable que les rebelles parviennent à lancer un assaut sur Tripoli pour renverser le colonel Kadhafi.

"Il n'y a pas d'impasse" en Libye "bien au contraire, la communauté internationale avance pour trouver une solution politique", a déclaré la porte-parole de l'Otan, Oana Lungescu. De son côté, le contre-amiral britannique Russell Harding, commandant adjoint de l'opération Protecteur unifié dirigé par l'Otan, a expliqué que les forces loyalistes et rebelles ont fait ces dernières 48 heures des "va et vient" le long de l'autoroute côtière entre Brega et Ajdabiya.

Bouffée d'air pour Misrata

"Si quelqu'un veut définir cela comme une impasse, fort bien, mais tout ce que je dis c'est que, oui, la situation est mouvante, mais mouvante dans un secteur relativement petit", a-t-il ajouté. Dans l'ouest du pays, la ville de Misrata, bombardée depuis un mois et demi par les troupes pro-Kadhafi, a reçu une bouffée d'oxygène: un bateau avec une équipe médicale et 600 tonnes de vivres et de médicaments, a accosté jeudi dans le port de la troisième ville du pays, selon le Programme alimentaire mondial.

Un bateau français chargé d'aide médicale y est également arrivé, selon les rebelles. Les experts de la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les allégations d'atteintes aux droits de l'Homme en Libye ont annoncé quant à eux qu'ils partiraient dimanche dans ce pays, ainsi qu'en Egypte et en Tunisie.

afp/mre

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L'Otan exprime ses regrets


Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a exprimé vendredi ses vifs regrets pour les morts causées la veille par un raid de l'aviation alliée sur une colonne de chars rebelles près de Brega, dans l'Est de la Libye.

"C'est un incident très malheureux" et "je regrette vivement les morts" qu'il a occasionnées, a déclaré M. Rasmussen. Un peu plus tôt, le commandant en chef adjoint de l'opération Protecteur unifié dirigée par l'Otan, le contre-amiral britannique Russel Harding, avait refusé de présenter des excuses au nom de l'Otan, jugeant que l'alliance ne pouvait être considérée comme responsable de la méprise.

"Nous n'étions pas informés (du fait) que les forces du CNT (Conseil national de transition) faisaient usage de chars", avait-il argué. Selon diverses sources, le bombardement a tué deux soldats dans les rangs des rebelles et un ou deux médecins, outre 14 blessés et six disparus.

Moussa Koussa entendu

L'ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa, qui a fait défection la semaine dernière, a été entendu par les enquêteurs sur l'attentat de Lockerbie.

L'attentat de 1988 contre l'avion de la Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, avait fait 270 morts, des Américains pour la plupart.

Les enquêteurs écossais ont refusé de donner des précisions sur la teneur de son audition jeudi, l'enquête étant en cours.

En 2003, la Libye a reconnu sa responsabilité dans l'attentat, mais les autorités écossaises pensent que Moussa Koussa pourrait apporter des informations cruciales dans cette affaire.

ap