Le ministère de la Santé égyptien a annoncé que les violences de samedi au Caire avaient fait un mort et 71 blessés, certains atteints par balles, d'autres souffrant de problèmes respiratoires, de tension ou ayant reçu des coups pendant les heurts.
L'armée a confirmé le décès lors d'une conférence de presse. Des sources médicales avaient auparavant fait état de deux morts et d'au moins 18 blessés. Il s'agit du premier décès lors d'une manifestation depuis la démission sous la pression populaire de Hosni Moubarak le 11 février.
Samedi à l'aube, la police militaire, appuyée par la police anti-émeutes, a tiré en l'air des rafales d'armes automatiques pour disperser les manifestants qui exigeaient le départ du maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées, ont indiqué des témoins.
L'armée nie avoir utilisé la force
Un bus militaire et un camion civil ont été incendiés alors qu'un camion de l'armée partiellement calciné était visible à proximité. Les témoins ont affirmé que les militaires avaient battu des manifestants et utilisé des balles réelles, ce qu'a nié l'armée. "Nous n'avons pas utilisé la force, nous n'avons frappé personne", a affirmé le général Ismaïl Etman aux journalistes, affirmant que c'était "des pierres lancées par des manifestants" qui avaient blessé d'autres protestataires.
"L'armée n'avait pas de balles réelles", a assuré pour sa part le général Adel Omara, précisant qu'une enquête du parquet militaire était en cours. Les militaires ont nié être impliqués dans la mort du manifestant, qui a été tué par balle, affirmant "qu'une fois la place évacuée, il n'y avait pas de morts".
Quarante-deux personnes ont été arrêtées, dont des officiers qui manifestaient malgré l'interdiction formelle de leur hiérarchie. "Ceux qui restent sur la place seront dispersés", a prévenu le général Etman.
Montée des tensions autour du rôle des militaires
Des dizaines de milliers de manifestants avaient réclamé la veille sur cette place emblématique du soulèvement populaire égyptien le jugement de Hosni Moubarak et d'autres hauts responsables de son régime et critiqué ouvertement l'institution militaire.
Ces violences témoignent d'une récente montée des tensions autour du rôle de l'armée, en charge du pays depuis le départ de Moubarak, après une période de large consensus sur son action. Des manifestants ont affirmé vouloir rester à Tahrir tant que le maréchal Tantaoui, qui a été pendant 20 ans ministre de la Défense de Moubarak, resterait en place. "Je suis venu à Tahrir parce que nous assistons à une contre-révolution", affirmait un des manifestants, Malik Asam, un étudiant.
Image ternie
"J'attendais de voir l'autre visage de l'armée. Si elle continue comme cela, elle va voir l'autre visage du peuple", déclarait un autre étudiant, Anas Mohamed. La retenue dont elle a fait preuve face à la foule au cours des événements qui ont provoqué la chute de Moubarak vaut à l'armée d'être populaire parmi la population. Mais son image a été ternie par des accusations de torture et par les incertitudes qui persistent sur les modalités de retour à un pouvoir civil.
L'armée a promis de rendre le pouvoir aux civils vers la fin de l'année, après des élections législatives et présidentielle. Nombre d'Egyptiens redoutent toutefois de voir les réseaux de l'ancien régime se reformer pour contrôler le pouvoir.
afp/jzim
Au moins vingt et un blessés au Yémen
Au moins sept personnes ont été blessées samedi soir lors de heurts entre des manifestants opposés au président Ali Abdallah Saleh et la police à Sanaa, ont indiqué des témoins.
Selon ces témoins, des milliers de manifestants appelant à la chute du chef de l'Etat et proclamant leur opposition à tout dialogue ne stipulant pas sa démission immédiate se sont affrontés avec des policiers aux abords de la Place de l'Université où ils observent un sit-in.
Les policiers ont tiré à balles réelles et fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont quitté la Place de l'Université et sont arrivés à un point de contrôle des forces de sécurité, ont encore indiqué les témoins.
Au moins trois manifestants ont été blessés par balles, et quatre autres blessés par des partisans du régime qui les ont attaqués à coups de matraques, selon des médecins de l'hôpital de campagne installés par les protestataires sur la Place de l'université. Quelque 150 autres ont été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes, selon ces médecins.
Quatorze personnes ont aussi été blessées samedi à Taëz lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants dénonçant la mort de quatre protestataires la veille dans cette ville située au sud de Sanaa, selon des sources médicales.
Aden, la plus grande ville du Sud, a été quant à elle paralysée par une grève de protestation contre le régime, à l'appel de la coordination des "Jeunes de la révolution du 16 février". Le Yémen est depuis la fin janvier le théâtre de manifestations réclamant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, qui ont fait une centaine de morts.
Au moins deux blessés en Syrie
Des milliers de personnes ont participé samedi à des funérailles à Deraa (sud), épicentre de la contestation en Syrie, où les forces de l'ordre ont de nouveau tiré sur des manifestants, faisant au moins deux blessés, selon un militant des droits de l'Homme.
Les manifestants, qui portaient dix dépouilles, se sont dirigés de la mosquée al-Omari vers le cimetière de la ville en scandant des slogans hostiles au régime, et rendant hommage aux "martyrs", a indiqué ce militant à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
Dans un autre quartier de ville, à Al-Joumrouk, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants. Ces tirs ont fait deux blessés légers, a-t-il dit. Des violences étaient survenues vendredi dans cette ville rurale de 85'000 habitants, à 100 km au sud de Damas, où des milliers de personnes avaient manifesté contre le régime.