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Lampedusa évacuée à la hâte pour Berlusconi

Un bateau transportant 600 migrants est également arrivé vendredi. [Mauro Seminara]
Un bateau transportant plus de 500 migrants est également arrivé vendredi. - [Mauro Seminara]
Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, est arrivé samedi sur la petite île de Lampedusa évacuée à la hâte le matin de centaines de réfugiés africains. Samedi après-midi, plus de deux cents nouveaux migrants ont pourtant débarqué, tous venus de Libye.

"Vous avez vu, nous avons tenu parole. Tout est sous contrôle", a clamé le Cavaliere sous les applaudissements d'habitants venus l'accueillir au port.

Accueilli à son arrivée par le maire de Lampedusa, Dino de Rubeis, le président du conseil était venu constater que l'île avait été "vidée" de ses migrants conformément à sa promesse. Une tâche difficile : vers 14h30, 244 migrants venus de Libye ont accosté sur l'île tandis qu'une autre embarcation, venue apparemment de Tunisie et transportant une cinquantaine de personnes, dont une femme, a été secourue au large de l'île.

Nouveaux passagers bloqués

Au moment même où Silvio Berlusconi visitait "la colline de la honte", couverte d'immondices il y a encore quelques jours mais parfaitement nettoyée depuis, un troisième bateau a rejoint la plage de Cala Madonna, sur un autre point de l'île, où selon l'agence Ansa, les passagers ont été bloqués à terre par les forces de l'ordre.

Vendredi soir, quelque 530 réfugiés africains en provenance de Libye ont débarqué sur l'île. "Des centaines de Somaliens, Nigérians et Erythréens sont arrivés sur le bateau de 30 mètres de long. Ils étaient épuisés, certains se sont évanouis en sortant du bateau", a raconté à l'AFP Vittorio Alessandro, porte-parole des garde-côtes de Lampedusa. "Il y avait des mères, des bébés de dix jours et des personnes âgées marchant avec des cannes", a expliqué Barbara Molinario, du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Samedi matin, des centaines d'entre eux ont été évacués vers la péninsule, à bord d'un navire militaire, le San Giorgio, et par avion. Mercredi dernier, au moins 150 personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation surchargée venue de Libye et transportant Ethiopiens, Erythréens et Somaliens. Seule une cinquantaine d'entre eux avait pu être sauvée.

Le 30 mars, alors que des milliers d'immigrés étaient entassés depuis des semaines sur l'île dans des conditions d'hygiène dramatiques, Silvio Berlusconi avait promis aux habitants de vider Lampedusa de ses migrants en "deux, trois jours". Il avait même promis d'installer un golf sur l'île et d'y acheter une maison.

Accord avec Tunis

Depuis, les évacuations vers la Sicile ou le continent se sont accélérées, et Rome a conclu un accord avec la Tunisie pour un meilleur contrôle des côtes et un rapatriement des migrants illégaux. Une trentaine d'entre eux ont ainsi été renvoyés à la case départ jeudi.

En échange l'Italie a décidé d'octroyer à ceux qui sont déjà parvenus sur son sol un permis de séjour temporaire qui permet selon elle de circuler dans l'espace Schengen. Une décision qui a suscité l'ire de Paris et Berlin, même si une réunion vendredi entre les ministres français et italien de l'Intérieur a permis d'aplanir les désaccords.

afp/jzim

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Plus de 25'000 arrivées en 2011

Depuis quelques semaines, des centaines de migrants africains affluent de Libye où le régime de Mouammar Kadhafi a ouvert les portes de l'exil aux milliers de réfugiés jusqu'ici retenus sur son sol en vertu d'accords conclus notamment avec Rome.

S'y ajoutent des milliers de jeunes Tunisiens en route pour l'Europe depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier.

Au total, selon le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, 25'800 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année.

L'immense majorité d'entre eux se retrouvent à Lampedusa, confetti de 20 km2 situé à moins de cent kilomètres des côtes nord-africaines.

Rappel à l'Europe lancé par Berlusconi

Silvio Berlusconi a rappelé samedi l'Europe à ses responsabilités face à ce qu'il a qualifié de "tsunami humain". "Ce n'est pas un problème italien, mais un problème européen", a-t-il répété à Lampedusa, ajoutant qu'"il ne peut y avoir de réponse égoïste".

Selon Silvio Berlusconi, "le bon sens voudrait que soit trouvé rapidement un accord" avec Paris, qui "doit se rendre compte que 80% (des migrants tunisiens) déclarent vouloir rejoindre des parents et des amis en France".

"S'il n'y a pas d'accord, nous serons contraints de les placer dans des centres d'accueil où nous ne pouvons les garder que six mois et après, ils seront libres de rejoindre la France", a-t-il assuré.