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La justice veut entendre Moubarak sur les violences

Hosni Moubarak est toujours en Egypte, en résidence surveillée avec ses proches. [Lionel Cironneau - Keystone/AP]
Hosni Moubarak assure que ni lui ni son épouse n'ont de biens ou des comptes à l'étranger. - [Lionel Cironneau - Keystone/AP]
Muet depuis sa chute, l'ex-président égyptien Hosni Moubarak a refait pour la première fois surface dimanche avec un message où il se dit victime de "campagnes de diffamation" et dément cacher une fortune à l'étranger. Il devra néanmoins s'expliquer sur l'emploi de la violence contre les manifestations.

Quelques instants à peine après la diffusion de ce message sonore sur une chaîne arabe, la justice égyptienne a en effet annoncé la convocation d'Hosni Moubarak et celle de ses deux fils, Alaa et Gamal, à une date non précisée, dans le cadre d'une enquête.

Les trois hommes devront s'expliquer sur l'emploi de la violence contre les manifestants lors de la révolte de janvier et février, qui a fait officiellement quelque 800 morts et des milliers de blessés. Ils seront également interrogés concernant des accusations concernant "l'utilisation de l'argent public", dans le cadre d'opérations anti-corruption en cours visant l'ancien régime.

La justice a également annoncé la mise en détention préventive pour quinze jours, suite à des accusations de corruption, de l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif, en fonction ces dernières années avant d'être remplacé au cours de la révolte anti-Moubarak.

Il affirme être prêt à coopérer

"Je ne peux garder le silence face aux campagnes de diffamation et aux tentatives de porter atteinte à ma réputation et à mon intégrité, ainsi qu'à la réputation et à l'intégrité de ma famille", affirme Hosni Moubarak dans ce message sonore diffusé sur la chaîne satellitaire saoudienne Al-Arabiya, basée à Dubaï. Moubarak, qui a démissionné il y a deux mois sous la pression de la rue après trois décennies de pouvoir, parle aussi d'une "campagne injuste" dont il dit avoir "beaucoup souffert".

Le raïs déchu assure que ni lui ni son épouse Suzanne n'ont "de biens ou de comptes à l'étranger", alors que les nouvelles autorités égyptiennes ont demandé le gel de ses avoirs dans le pays et à l'étranger. L'ancien chef de l'Etat assure être prêt à coopérer avec la justice sur cette question, et affirme ne posséder de comptes que dans une banque égyptienne, sans donner le montant des sommes déposées.

Il ne mentionne pas les avoirs de ses deux fils, Alaa -un homme d'affaires- et Gamal -autrefois son dauphin présumé et lui aussi proche des milieux d'affaires-, qui détiendraient d'importantes fortunes, selon leurs détracteurs.

Aucune indication sur son lieu de résidence

La chaîne ne donne pas de précisions sur les conditions dans lesquelles a été enregistré cette intervention de quelques minutes, où la voix de Moubarak a été diffusée avec une simple photo de lui. L'ex-président ne donne aucune indication sur le lieu où il se trouve. Les autorités assurent qu'il est assigné à résidence dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge.

Le nouveau pouvoir égyptien a récemment démenti des informations de presse selon lesquelles Hosni Moubarak se serait rendu dans la ville de Tabouk, en Arabie saoudite, pour un traitement anti-cancéreux. Ces déclarations surviennent alors que le pouvoir militaire à qui  Moubarak a remis les rênes du pays en partant le 11 février est soumis à de fortes pressions pour tourner avec davantage de fermeté la page de l'ancien régime.

La place Tahrir toujours occupée

Des manifestants rassemblés sur la grande place Tahrir du Caire, épicentre des manifestations qui ont provoqué sa chute, réclament depuis plusieurs jours que l'ancien président et d'autres membres de son régime soient traduits en justice.

 Plusieurs anciens ministres de Moubarak et hommes d'affaires proches de son clan font l'objet de procès ou de mesures diverses (gel de leurs avoirs, interdictions de quitter le pays), mais une grande partie de l'opinion réclame davantage.

Hosni Moubarak a remis le pouvoir au Conseil suprême des forces armées, dirigé par son ministre de la Défense, le maréchal Hussein Tantaoui, lui-même désormais contesté par les manifestants de la place Tahrir. L'armée égyptienne a toutefois promis de rendre le pouvoir aux civils à la fin de l'année, après des élections législatives et présidentielle.

afp/jzim

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Vague de contestation au Moyen-Orient

Syrie: les forces de sécurité ont ouvert le feu dimanche à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, faisant au moins quatre morts et 17 blessés, selon des témoins, tandis que dans la même région un officier a été tué dans une embuscade, selon l'agence officielle Sana.

Bahreïn: deux manifestants bahreïnis sont morts en détention, dont l'un des suites de blessures subies en tentant de résister aux forces de l'ordre, a annoncé dimanche le ministère de l'Intérieur. L'autre a été trouvé mort samedi dans sa cellule, selon un responsable. Les autorités ont mis fin à la mi-mars à une contestation d'un mois menée par les chiites, qui forment la majorité de la population autochtone. La répression a été suivie de rafles et 400 personnes ont été arrêtées, selon l'opposition chiite.

Yémen: des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche sans incidents contre le régime du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au lendemain de combats de rue entre manifestants et policiers à Sanaa et Taëz, au sud de la capitale. Un manifestant a été tué à Taëz dans ces heurts, selon un bilan fourni dimanche par des sources médicales et des opposants. En outre, 43 manifestants ont été blessés par balle, selon les mêmes sources. Une vingtaine ont été arrêtés. A Sanaa, 30 manifestants ont été blessés par balle, selon des sources médicales.