La force française Licorne et les troupes de la mission onusienne en Côte d'Ivoire (Onuci) étaient "en soutien de l'opération" pour l'arrestation de Laurent Gbagbo lundi à Abidjan, selon une source au ministère français de la Défense.
Auparavant, une source diplomatique française a démenti que Laurent Gbagbo a été arrêté par les forces spéciales de leur pays. Celles-ci n'auraient même pas pénétré dans l'enceinte de la résidence.
Mais selon le conseiller du président sortant, Toussaint Alain, il aurait été" arrêté par les forces françaises et remis à deux chefs rebelles". "Nous demandons à la France de garantir l'intégrité physique du président et de son entourage", a-t-il ajouté.
Plus tôt, des témoins avaient affirmé à Abidjan avoir vu des chars français entrer dans la résidence où était retranché Laurent Gbagbo. Informations dont avait également fait état Toussaint Alain.
Gbagbo "en bonne santé"
Laurent Gbagbo est "en bonne santé". Il sera présenté devant la justice pour être jugé "pour les crimes qu'il a commis", a annoncé l'ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès de l'ONU, Youssoufou Bamba. L'ancien président est sous la protection des forces de maintien de la paix de l'ONU.
"Le cauchemar est terminé" pour les Ivoiriens, a déclaré sur TCI Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara. Il a appelé au "ralliement" les forces restées fidèles à l'ex-président, promettant qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières".
Pour sa part, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a déclaré lundi à Londres que Laurent Gbagbo "doit être traité avec respect", même s'il a "agi contre tous les principes démocratiques". "Tout processus judiciaire" qui suivra "doit être équitable et organisé selon les règles", a-t-il ajouté, appelant à "une réconciliation" en Côte d'Ivoire.
De son côté, le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, a estimé que l'arrestation du président ivoirien sortant va permettre au pays d'"enfin connaître la paix et un regain d'essor économique. Il le mérite".
Enfin, l'Union européenne a applaudi cette arrestation et promis d'aider la Côte d'Ivoire à relancer au plus vite son économie et de contribuer ainsi à sa stabilité.
Combats au sol
Au pouvoir depuis 2000, Laurent Gbagbo a été arrêté à l'issue de violents combats par les troupes loyales à Alassane Ouattara, dont la victoire au second tour de l'élection présidentielle de novembre dernier a été reconnue par la quasi-totalité de la communauté internationale.
Peu après les derniers tirs de missiles français dans la matinée, des "combats à l'arme individuelle" ont débuté vers le boulevard situé en contrebas de la résidence et qui mène au Golf Hôtel, QG d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, a précisé un témoin contacté par l'AFP.
Le camp Gbagbo, dont les forces avaient réussi ces derniers jours à regagner du terrain à Abidjan, a immédiatement accusé dimanche la France, ancienne puissance coloniale, de chercher à "assassiner" le président sortant. Lundi, un de ses proches, Charles Blé Goudé, a ajouté que "ces dernières heures, les hélicoptères de l'armée française ont tiré sur la résidence privée du président Laurent Gbagbo, détruisant partiellement cette résidence".
La France justifie son action
Le conseiller spécial du président français Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a répondu lundi que la participation de la France aux frappes était destinée à éviter "un bain de sang à Abidjan". "La France n'a pas pour mission de chasser Laurent Gbagbo militairement", a-t-il déclaré à la chaîne France 2.
Lundi matin, Paris a justifié les tirs en disant être intervenu à la demande expresse de l'ONU. "Conformément à la résolution 1975 et en accord avec le président Ouattara, le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé à Nicolas Sarkozy la poursuite de la participation des forces françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civile", indique un communiqué de la présidence.
agences/sbo
Des cadavres dans les rues
Les combats ont mis Abidjan, capitale économique dont la population est évaluée à quatre millions d'habitants, au bord d'une catastrophe humanitaire.
"Nous avons de très vastes mouvements de population d'un quartier à l'autre car aucun quartier n'est vraiment sécurisé", a déclaré le coordonnateur humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG.
"Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait de nombreux cadavres qui jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades", a-t-il dit.
Au moins 800 personnes ont été tuées à Abidjan et dans le reste du pays depuis décembre 2010 jusqu'à la semaine dernière, mais le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé, ont indiqué lundi des responsables de l'ONU.