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Cinq nouvelles villes japonaises seront évacuées

A l'heure exacte de la première secousse, habitants et officiers ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes. [REUTERS - Kim Kyung-Hoon]
A l'heure exacte de la première secousse, habitants et policiers ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes. - [REUTERS - Kim Kyung-Hoon]
Un mois après le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du pays, le gouvernement a élargi la zone d'évacuation autour de la centrale de Fukushima et demandé aux habitants de 5 nouvelles villes d'évacuer la région. Sur la côte, des hommages ont été rendus aux victimes, alors qu'une réplique de 7,1 a secoué l'île.

Une puissante réplique s'est produite lundi dans le nord-est du Japon, un mois jour pour jour après le séisme géant du 11 mars, faisant au moins un mort et provoquant des glissements de terrain dans lesquels plusieurs maisons ont été ensevelies. Une alerte au tsunami a été déclenchée, mais elle a été levée moins d'une heure après.

Son épicentre a été enregistré à environ 160km au nord de Tokyo, selon l'agence météorologique japonaise. L'US Geological Survey a fait état d'une magnitude 6,6.

Zone d'évacuation élargie

Une zone d'évacuation a déjà été établie dans un rayon de 20km autour de la centrale. Les autorités avaient également recommandé aux habitants dans un rayon de 30km de partir ou de rester confinés.

Le secrétaire général du gouvernement Yukio Edano a précisé lundi que les habitants de cinq autres villes, dont certaines sont à plus de 30km de la centrale, avaient été exhortés à quitter leur habitation d'ici un mois. Il a expliqué que ce n'était pas une urgence, mais que d'importants niveaux de radioactivité avaient été enregistrés à certains endroits. Le gouvernement s'inquiète des risques à long terme pour la santé.

Communication optimiste

Parallèlement à l'extension de la zone d'évacuation, le gouvernement a fait preuve pour la première fois depuis le 11 mars d'un prudent optimisme en estimant que le pire semblait avoir été évité à la centrale de Fukushima Daiichi. "Le risque que la situation à la centrale nucléaire se détériore et qu'elle débouche sur une nouvelle fuite radioactive majeure s'est considérablement réduit", a déclaré son porte-parole, Yukio Edano.

L'eau apportée par le tsunami du 11 mars s'engouffre dans les installations de Fukushima. [REUTERS - Tepco]
L'eau apportée par le tsunami du 11 mars s'engouffre dans les installations de Fukushima. [REUTERS - Tepco]

La menace d'une catastrophe nucléaire plus grave que celle de Tchernobyl en 1986 est redoutée partout dans le monde depuis qu'une vague géante de 14 mètres de haut, provoquée par un séisme de magnitude 9, a totalement submergé les protections de la centrale située au bord de l'océan Pacifique. Le réseau d'alimentation électrique a été détruit et les circuits de refroidissement ont été interrompus, provoquant un début de fusion des barres de combustible, suivi d'explosions et de dégagements de fumées radioactives.

Remerciements du premier ministre

Cet accident nucléaire est encore loin d'être terminé, estiment les experts, qui préviennent que des semaines, voire des mois, seront nécessaires pour stabiliser la situation. "Il est évident que la centrale n'est pas en état de fonctionner normalement", a reconnu M. Edano.

Tokyo a déjà annoncé que Fukushima Daiichi, dont le premier des six réacteurs a été construit au début des années 1970, ne sera pas redémarrée. Le Premier ministre de centre-gauche, Naoto Kan, devait donner en fin d'après-midi une conférence de presse pour faire le point de la situation et tenter de redonner le moral aux Japonais, très affectés par la triple catastrophe.

Dimanche, M. Kan avait effectué sa deuxième visite dans les zones dévastées du nord-est pour affirmer que l'Etat n'"abandonnerait jamais" les sinistrés. Il a également tenu à remercier les pays étrangers qui se sont portés au secours de son pays en faisant publier lundi une lettre dans plusieurs grands quotidiens chinois, américains ou européens. "A un moment désespéré, des gens tout autour de la planète se sont joints à nous, nous inspirant espoir et courage", écrit-il.

Tepco s'excuse

De son côté, Masataka Shimizu, le PDG de Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur de Fukushima Daiichi, devait se rendre lundi pour la première fois dans la région pour s'excuser des troubles causés aux habitants.

L'accident déjà a forcé quelque 80'000 personnes à évacuer dans l'urgence les villes et villages situés dans un rayon de 20 km autour de la centrale. Accueillies dans des centres d'hébergement, elles ne savent pas si elles pourront y retourner vivre avant plusieurs années. La catastrophe a fait 13'116 morts et 14'377 disparus, selon un dernier bilan communiqué lundi par la police.

ap/afp/cmen

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Hommage aux disparus

Une minute de silence a été observée à 14H46 (05H46 GMT) dans le nord-est du pays pour marquer le premier mois de la pire catastrophe survenue depuis la Deuxième guerre mondiale au Japon, qui a fait plus de 27'000 morts et disparus.

A l'heure exacte où la première secousse, de magnitude 9, a frappé les côtes Pacifique du Tohoku (nord-est), les sirènes ont retenti et la population locale s'est immobilisée pour observer une minute de silence à la mémoire des victimes.

Dans la ville dévastée de Kesennuma, où plane une odeur de putréfaction, des soldats des Forces d'autodéfense (armée), qui fouillent des montagnes de débris à la recherche de corps, ont interrompu leur tâche pour cet hommage.

Un officier leur a ordonné de déposer les pelles, de retirer leur casque, leur masque, leurs gants et de former le rang alors que le son lugubre d'une sirène s'élevait sous une pluie froide. Dès que la minute s'est achevée, les militaires ont repris leurs opérations.

Incertitude élevée et croissance réduite, selon le FMI

Le Fonds monétaire international a abaissé la prévision de croissance pour le Japon en 2011 à cause de l'"incertitude élevée" planant sur son économie, un mois après le séisme qui a détruit des infrastructures, paralysé les entreprises et entraîné une crise nucléaire.

Le FMI a prévu que le Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie mondiale n'augmenterait que de 1,4% en 2011, contre 1,6% estimé jusque-là, dans un rapport sur les perspectives économiques mondiales publié lundi. "Le tremblement de terre au Japon a fait un nombre épouvantable de victimes. Ses retombées macroéconomiques devraient être limitées, bien que l'incertitude reste élevée", a prévenu l'organisation.

Le dernier bilan provisoire fait état de près de 28.000 morts et disparus, tandis que le gouvernement japonais a estimé que la facture des dégâts pourrait atteindre 25.000 milliards de yens (204 milliards d'euros). Le FMI a souligné que, selon ces estimations officielles, les dommages de la catastrophe équivaudraient à "entre 3 et 5 points du PIB, soit environ deux fois le coût du tremblement de terre de Kobe en 1995". "Ce chiffre, toutefois, ne tient pas compte des effets des coupures de courant et des risques en cours liés à la crise à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi", a-t-il ajouté.