Les forces de sécurité ont ouvert le feu dimanche à Banias faisant au moins quatre morts, ont indiqué des témoins à l'AFP. L'agence officielle Sana a annoncé par ailleurs qu'un convoi militaire avait été pris dans une embuscade sur une route de Banias. Au total neuf militaires ont été tués, dont deux officiers, et plusieurs soldats ont été blessés, a indiqué Sana dans la nuit.
A Damas, un groupe d'étudiants a observé lundi un sit-in de solidarité avec les victimes de Deraa (sud) et de Banias (nord-ouest) dans l'enceinte de la faculté des sciences à l'Université de Damas. "Les forces de l'ordre sont intervenues et il y aurait eu des arrestations", a indiqué le militant des droits de l'Homme Abdel-Karim Rihaoui.
Un des chefs de file des manifestants à Banias, Anas al-Shouhri, a indiqué à l'AFP que la ville était "assiégée par plus de 30 chars", faisant part d'"arrestations dans la nuit" dans cette ville à 280 km au nord-ouest de Damas, où se trouve l'une des deux raffineries de pétrole du pays.
Trois soldats blessés par l'armée
"L'armée tire épisodiquement pour provoquer les gens afin qu'ils ripostent mais aucun manifestant n'a tiré", a affirmé un militant qui a requis l'anonymat. Selon lui, "des appels depuis les minarets des mosquées exhortent l'armée à cesser ses tirs" à Banias. "Trois soldats ont essayé de rallier les manifestants après avoir refusé d'ouvrir le feu mais leurs supérieurs leur ont tiré dessus et ils ont été blessés", a encore ajouté le militant des droits de l'Homme.
"Les sbires du régime et les forces de sécurité ont pris position dans le quartier d'Al-Qoz, d'où ils tirent sur nos quartiers. Trois des morts d'hier ont été tués par des snipers", a dit Anas al-Shouhri à l'AFP. De son côté Abdel Karim Rihaoui a déclaré à l'AFP que les funérailles de quatre personnes tuées dimanche s'étaient déroulées lundi matin à Banias. "L'armée est postée sur les carrefours" et les habitants coopèrent "d'une manière positive" avec les soldats, a-t-il affirmé.
Leaders de l'opposition arrêtés
M. Rihaoui a fait état par ailleurs de l'arrestation dans la nuit à Banias de deux proches de l'ancien vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, entré en dissidence et qui vit en exil à Paris depuis 2006. "Ahmad Moussa et Mohammad Alaa Bayati ont été arrêtés. Ces deux adjoints de M. Khaddam seraient responsables de l'organisation des protestations et des bandes armées dans cette ville", a affirmé M. Rihaoui.
Une manifestation "pacifiste" réclamant la chute du régime avait eu lieu samedi après-midi à Banias et les habitants, craignant des descentes des pro-régime, avaient formé des comités populaires et érigé des barrages pour protéger les quartiers, avait indiqué un militant.
La Syrie est la proie de contestations du pouvoir depuis le 15 mars. Ce week-end, des manifestations violentes ont fait une trentaine de morts notamment à Deera et Banias malgré les promesses de réformes du régime du président Bachar al-Assad.
afp/cmen
L'Allemagne et la France réagissent
Le gouvernement allemand a condamné lundi les violences commises par les forces de sécurité contre des manifestants en Syrie, qu'il a jugées "révoltantes" et "consternantes".
La chancelière Angela Merkel appelle les autorités syriennes "et le président (Bachar al-)Assad personnellement à défendre le droit à s'exprimer pacifiquement et à manifester pacifiquement", a souligné lundi le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert, précisant que Berlin attendait que les promesses de réformes politiques en Syrie devaient être "mises en oeuvre".
La France condamne elle aussi les violences meurtrières en Syrie. Elle exhorte Damas "à renoncer immédiatement à l'usage de la force contre les manifestants", a déclaré lundi la porte-parole adjointe du ministère des affaires étrangères, Christine Fages.
"Réforme et répression sont incompatibles", a-t-elle insisté. "La France demande la libération de tous les prisonniers d'opinion, notamment les personnes emprisonnées pour avoir participé aux manifestations", a-t-elle poursuivi en déplorant "la poursuite des arrestations et des intimidations contre les journalistes, qui sont également inacceptables".