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Libye: les rebelles refusent "la feuille de route"

Les rebelles libyens exigent le départ pur et simple du clan Kadhafi. [KEYSTONE - Cai Yang]
Les rebelles libyens exigent le départ pur et simple du clan Kadhafi. - [KEYSTONE - Cai Yang]
La rébellion libyenne a rejeté lundi le cessez-le-feu proposé par l'Union africaine (UA). Les insurgés se disent opposés à toute médiation ne prévoyant pas un départ du dirigeant Mouammar Kadhafi, qui aurait accepté le "feuille de route" présentée par l'UA.

"L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouammar Kadhafi et de ses fils", a déclaré le chef de la rébellion Moustapha Abdeljalil lors d'une conférence de presse à Benghazi. "Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n'est pas digne de considération", a-t-il ajouté.

"Kadhafi et ses fils doivent partir immédiatement s'ils veulent avoir la vie sauve." Il s'exprimait après des discussions avec une délégation de chefs d'Etats africains mandatés par l'UA pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu dans le cadre d'une "feuille de route".

Ce texte prévoit la cessation immédiate des hostilités, un acheminement facilité de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue entre les parties libyennes en vue d'une transition. Avant toute négociation, la rébellion exige également la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues, et probablement détenues par les forces gouvernementales, depuis le début mi-février du soulèvement populaire contre le régime du colonel Kadhafi.

Quatre présidents africains

Cette mission de l'UA - composée des présidents sud-africain Jacob Zuma et de ses homologues malien, mauritanien et congolais, ainsi que du ministre ougandais des affaires étrangères - avaient rencontré pendant plusieurs heures dimanche soir Mouammar Kadhafi dans sa résidence de Bab el-Aziziya, à Tripoli.

"La délégation du frère leader a accepté la feuille de route comme nous l'avons présentée", avait annoncé le président sudafricain Jacob Zuma, ajoutant qu'un appel serait "lancé à l'OTAN pour qu'il cesse ses bombardements afin de donner une chance à un cessez-le-feu".

A Bruxelles, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré n'avoir reçu aucune demande officielle relative à une trêve. Il a ajouté que tout cessez-le-feu devrait être "crédible et vérifiable", avec un mécanisme effectif de surveillance.

Le rythme des opérations aériennes de l'OTAN restera dicté par la préoccupation première de l'Alliance - la protection des populations civiles - alors que l'armée gouvernementale poursuit ses bombardements sur la ville de Misrata, dans l'ouest du pays, a-t-il poursuivi.

Kadhafi "doit partir"

A Londres, le secrétaire au Foreign Office William Hague a estimé que tout plan de sortie de crise devait répondre à "toutes" les exigences des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU. "Sinon, ce serait trahir le peuple libyen", a-t-il dit après avoir reçu son homologue italien Franco Frattini. Les deux hommes ont souligné que le colonel Kadhafi devait de toute façon quitter le pouvoir.

Cet éventuel départ est "une question pour les Libyens", a toutefois assuré lundi à Benghazi Mull Sebujja Katende, représentant de l'Ouganda à l'UA. "Ce n'est pas à moi de venir ici et de dire: 'le CNT (conseil national de transition) doit partir'. Il est là et il existe. Et Kadhafi aussi existe".

Les combats se poursuivent

Sur le terrain, les rebelles ont repris lundi la ville d'Ajdabiya, à l'est du pays, noeud de communications à 160 km au sud de Benghazi, au terme de violents combats qui ont fait au moins une cinquantaine de morts. Les rebelles ont annoncé avoir enterré près d'Ajdabiya 35 combattants pro-Kadhafi.

Les troupes gouvernementales ont par ailleurs continué de bombarder Misrata. De très violents combats se déroulaient dans l'après-midi dans deux quartiers de la ville, à l'entrée est et dans le centre, a déclaré par téléphone un habitant.

Selon l'organisation Human Rights Watch (HRW), les attaques des pro-Kadhafi contre Misrata constituent une violation flagrante du droit international car elles visent des civils. Depuis un mois, les hôpitaux de la ville ont fait état de 250 morts, en majorité des civils.

ats/sbo

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