"Au moins treize personnes sont mortes, dont des femmes et des enfants ainsi que quatre Egyptiens qui attendaient leur évacuation au port", a déclaré jeudi à l'AFP un responsable de la rébellion sous couvert de l'anonymat, faisant état également d'une cinquantaine de blessés.
"Nous avons besoin d’aide"
"Nous faisons face depuis l'aube à une attaque lâche et criminelle sur le secteur du port et le quartier de Kasr Ahmed près du port", a-t-il dit, ajoutant que les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi "ont tiré des dizaines de roquettes Grad et des dizaines d'obus de chars". "Le bilan va sans doute s'aggraver. Nous recherchons toujours à main nue d'autres victimes sous les décombres des maisons", a-t-il indiqué.
Selon lui, les forces loyales ont arrêté de pilonner le secteur du port en début d'après-midi, mais continuent à tirer sur d'autres quartiers comme les Saragsa et Al-Ghiran. "Nous avons besoin d'aide", a-t-il dit.
Le Hezbollah accusé
Mercredi soir, le gouvernement libyen avait indiqué que le secteur du port de Misrata, seul point d'accès de cette ville rebelle avec l'extérieur, était une "zone dangereuse" et que tout bateau souhaitant s'y rendre devrait disposer d'une autorisation préalable des autorités.
Les insurgés dans cette ville, "bien organisés" de l'avis même du régime, résistent depuis plus d'un mois et demi aux offensives des forces loyales qui assiègent la ville, tentant à plusieurs reprises de prendre le contrôle du port.
Le régime a accusé mercredi soir des éléments du puissant parti chiite libanais Hezbollah de combattre aux côtés des insurgés à Misrata, située à environ 200 km à l'est de Tripoli.
"Les franc-tireurs à Misrata sont des éléments de Hezbollah. Ce n'est pas une anecdote. C'est réel", a déclaré le vice-ministre aux Affaires étrangères Khaled Kaaim au cours d'une conférence de presse. Peu après, le Hezbollah a démenti ces accusations, affirmant qu'elles étaient "dénuées de tout fondement".
A Tripoli, des explosions ont été entendues jeudi dans la journée, suivies de tirs nourris de la DCA libyenne, visant apparemment des appareils de l'OTAN, selon un habitant. Une colonne de fumée s'est élevé dans la partie sud-est de la ville.
Parallèlement, la télévision d'Etat a diffusé les images de Moammar Kadhadi paradant dans les rues de la capitale libyenne, debout dans une voiture à toit ouvrant. On ignore quand ces images ont été filmées.
Cessez-le-feu réclamé
Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à une solution "politique" et à un "cessez-le-feu immédiat" en Libye. L'Union européenne (UE) a elle une nouvelle fois exigé le départ "immédiat" du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
"Nous appelons à un processus politique pour que le peuple libyen puisse réaliser ses aspirations", a déclaré Ban Ki-moon à l'issue d'une réunion internationale au siège de la Ligue arabe au Caire.
Le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu et le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping ont également participé à cette réunion consacrée à l'examen des moyens de mettre fin à la crise en Libye.
Réunis lors d'un sommet en Chine, les cinq puissances émergentes du BRICS que sont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ont elles réaffirmé leurs réticences quant aux bombardements de l'OTAN, appelant de leurs voeux une solution politique sans violence.
agences/bkel
L'OTAN veut une solution politique
Divisés sur le volet militaire de l'opération en Libye, les membres de l'OTAN ont serré les rangs jeudi sur les aspects politiques. Promettant de "tout faire" pour défendre les civils, le secrétaire général de l'Alliance a jugé nécessaire de déployer plus d'avions, mais sans réussir à les obtenir.
Après avoir mis l'accent ces deux derniers jours sur l'importance d'une pression militaire forte et reproché à l'OTAN son manque d'efficacité, Alain Juppé a dit qu'il n'y aurait de solution à la question libyenne que politique.
"La divergence porte sur les moyens d'atteindre cet objectif (le départ de Mouammar Kadhafi)", a déclaré le chef de la diplomatie française. "Nous avons, nous, pensé qu'une intervention militaire était nécessaire", a-t-il dit en allusion au refus de Berlin d'engager son armée en Libye.
Dans la déclaration commune sur laquelle se sont entendus les 28 membres de l'Alliance, l'OTAN s'engage toutefois, selon son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen, à poursuivre les frappes "à cadence élevée" tant que les attaques du colonel Kadhafi contre les civils se poursuivraient et que les militaires ne seraient pas retournés dans leurs casernes.
A l'heure actuelle, seuls six des 28 membres de l'Alliance atlantique participent activement aux frappes au sol en Libye France, Grande-Bretagne, Danemark, Norvège, Belgique et Canada. Alors que Paris et Londres, qui assurent à eux seuls 50% des sorties, réclament depuis plusieurs jours des contributions supplémentaires, Washington a indiqué mercredi avoir poursuivi les raids aériens même depuis que l'OTAN a pris le 31 mars le commandement des opérations.
Selon un responsable de l'OTAN, l'Alliance manque en tout et pour tout de dix avions capables d'exécuter des frappes au sol de précision, ce qu'a confirmé Anders Fogh Rasmussen.