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Syrie: la loi d'urgence sera abolie d'ici une semaine

Al-Assad a promis d'abroger la loi d'urgence d'ici une semaine. [KEYSTONE]
Fin mars, Bachar al-Assad avait déjà donné jusqu'au 25 avril à une commission pour rédiger un nouveau texte loi visant à remplacer la loi d'urgence de 1963. - [KEYSTONE]
Dans un discours retransmis à la télévision, le président syrien Bachar al-Assad a promis samedi d’abolir la loi d’urgence d'ici une semaine. Il a aussi exprimé sa tristesse pour les personnes décédées durant les manifestations. En Egypte, un tribunal a décidé samedi de dissoudre l’ancien parti au pouvoir d’Hosni Moubarak.

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé samedi que la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963 en Syrie, serait abolie dans une semaine. Le président s'est exprimé lors d'un discours devant le nouveau gouvernement et retransmis par la télévision publique.

Une loi liberticide

L'abolition de la loi d'urgence est l'une des principales revendications des protestataires qui réclament depuis mi-mars une libéralisation du régime. Cette loi réduit les libertés publiques. "La commission juridique sur la loi d'urgence a élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle législation. Ces propositions seront soumises au gouvernement qui promulguera des lois (...) dans une semaine maximum", a expliqué samedi le président Assad.

Les autorités affichent ainsi leur volonté d'adopter des réformes. A la fin du mois de mars, Bachar al-Assad avait déjà donné jusqu'au 25 avril à une commission juridique pour rédiger une nouvelle législation visant à remplacer la loi d'urgence qui date de 1963.

Ces rares images montrent une manifestation d'opposants au pouvoir syrien vendredi à Douma. [KEYSTONE - SANA HANDOUT]
Ces rares images montrent une manifestation d'opposants au pouvoir syrien vendredi à Douma. [KEYSTONE - SANA HANDOUT]

Le président syrien a également exprimé sa tristesse suite à la mort de dizaines de personnes durant les manifestations contre le régime. "Le sang versé nous fait beaucoup de peine (...). Nous regrettons la mort de toutes les personnes, civils ou forces de sécurité, et les considérons comme des martyrs", a-t-il dit.

Foule massive aux obsèques

Plus tôt dans la journée, des milliers de personnes ont participé samedi à Banias (nord-ouest) aux obsèques d'un homme qui a succombé après avoir été blessé par balles le 10 avril, selon des témoins et des militants des droits de l'Homme. Les manifestants ont scandé des slogans pour les libertés, contre le parti Baas au pouvoir en Syrie depuis près de 50 ans, et appelant à la chute du régime, ont affirmé les mêmes sources.

Oussama al-Chikha, 40 ans, avait été blessé dimanche près de la Mosquée Abou Bakr al-Sidiq. Sept voitures étaient arrivées devant la mosquée et leurs occupants avaient ouvert le feu, à l'heure de la prière de l'aube.

Vendredi, les manifestations ont gagné presque toutes les villes syriennes: des dizaines de milliers de personnes ont manifesté de Deraa dans le sud, où a débuté la contestation, au nord du pays à majorité kurde, en passant par Homs dans le centre et les villes côtières de Lattaquié et Banias, selon des militants.

Egypte: parti de Moubarak dissous

En Egypte, un tribunal administratif égyptien a ordonné samedi la dissolution du Parti national démocratique (PND), ancien parti au pouvoir sous Hosni Moubarak, ainsi que la saisie de ses avoirs et de ses locaux.

Moubarak [KEYSTONE - DENNIS BRACK/POOL]
Moubarak [KEYSTONE - DENNIS BRACK/POOL]

Cette décision du Tribunal administratif suprême intervient quelques jours après le placement en détention de l'ancien président et de ses fils pour des accusations de corruption et d'implication dans la répression meurtrière de la révolte qui a conduit à la chute de l'ancien "rais".

Le tribunal s'est prononcé après une plainte déposée par des militants des droits de l'Homme accusant le PND de corruption. Pendant des années, le parti de Moubarak a régné sur la vie politique égyptienne, détenant constamment de larges majorités au Parlement en partie grâce à des fraudes lors des élections.

Il contrôlait la hiérarchie de la puissante bureaucratie du pays et avait la liberté d'interdire d'autres formations politiques. Les militants des droits de l'Homme faisaient pression sur le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir depuis la chute de Moubarak le 11 février, pour obtenir la dissolution du PND, de peur qu'il tente de s'accrocher au pouvoir. Ils craignaient notamment que le parti puisse jouer un rôle lors des élections législatives prévues en septembre.

Jordanie: nombreuses arrestations

Enfin, en Jordanie, septante islamistes ont été arrêtés dans le nord du pays après de violentes manifestations au cours desquelles des dizaines de personnes ont été blessées vendredi, a indiqué samedi un responsable des services de sécurité. La plupart des blessés étaient des policiers.

Une attaque meurtrière s'est produite en Algérie pendant le discours de Bouteflika. [KEYSTONE - Sidali Djarboub]
Une attaque meurtrière s'est produite en Algérie pendant le discours de Bouteflika. [KEYSTONE - Sidali Djarboub]

Les suspects, membres du mouvement salafiste (sunnite ultraconservateur), ont été arrêtés vendredi lors de descentes à Zarqa, où ont eu lieu les heurts, et dans la ville voisine de Rassifeh, quelques heures après que des manifestants islamistes eurent attaqué la police, selon la même source.

Ces heurts, les plus graves depuis trois semaines dans le pays, s'étaient produits vendredi alors que des manifestations anti-gouvernementales étaient organisées dans plusieurs villes de Jordanie. Les salafistes manifestent depuis plusieurs semaines pour demander la libération de leurs partisans emprisonnés, en marge de rassemblements de l'opposition pour des réformes démocratiques.

Yémen: femmes en colère

Finalement, des femmes yéménites ont manifesté samedi à Sanaa et d'autres villes du Yémen pour protester contre leur président. Celui-ci a appelé à interdire la mixité parmi les rassemblements de jeunes protestataires réclamant sa démission.

"Sit-in, sit-in jusqu'à la chute du régime", ont clamé un millier de femmes, toutes drapées de noir, qui ont organisé à Sanaa une marche de la place du Changement, épicentre de la contestation antirégime, jusqu'au Parquet où elles ont déposé une plainte contre le président Ali Abdallah Saleh.

afp/ap/bkel

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Attaque meurtrière en Algérie

Au moins treize militaires algériens ont été tués et plusieurs autres blessés vendredi lors d'une attaque terroriste contre un poste de l'armée situé entre la ville d'Azazga et le village de Yakouréne sur la route nationale numéro 12 en Kabylie (130km à l'est d'Alger), a-t-on appris samedi de sources sécuritaires.

Le groupe armé, "considérable", selon ces mêmes sources, a agi par surprise en lançant son attaque au moment où la plupart des militaires se trouvaient devant la télévision pour suivre le discours du président Abdelaziz Bouteflika. Les militaires ont riposté, parvenant même à éliminer deux assaillants, dont les corps étaient visibles vendredi sur le bas côté de la route, après un long accrochage.

Une heure après l'assaut contre le campement, à 20h locales, des renforts sont arrivés de la ville de Tizi-Ouzou, selon les mêmes sources, qui précisaient qu'une opération de ratissage était en cours dans la vaste forêt de Yakouréne, l'un des repaires du groupe terroriste AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Cette attaque, sans doute l'une des plus meurtrières contre un campement de l'armée, intervient après une longue accalmie en Algérie. Elle est intervenue au moment même où Abdelaziz Bouteflika annonçait des réformes politiques dans un discours télévisé.

Ces réformes prévoient notamment une révision de la Constitution et un "renforcement de la démocratie". Elles ont toutefois déçu médias et société civile qui les jugeaient samedi très en deçà de l'exigence de changement du "système" exprimée par l'opposition.