Au moins
quatre personnes ont été tuées dimanche par les forces de sécurité à Talbisseh,
près de Homs (centre), ont indiqué des témoins au lendemain de la promesse du
président syrien Bachar al-Assad d'abroger d'ici une semaine la loi d'urgence,
emblématique du régime.
Les
services de sécurité "ont ouvert le feu sur une foule composée de milliers
de personnes" qui participaient aux obsèques d'un Syrien tué la veille
dans la localité, ont indiqué à l'AFP des témoins par téléphone.
Quatre morts
"Quatre
personnes au moins ont été tuées mais le bilan pourrait être plus élevé. Il y a
eu aussi plus de 50 blessés", a affirmé l'un des témoins. Selon l'agence
officielle Sana, "un policier a été tué et 11 autres blessés par des tirs
d'un groupe criminel armé à Talbisseh".
A Soueida (sud),
bastion des druzes, trois personnes ont été blessées dans la dispersion d'une
manifestation en faveur de la liberté et deux lors d'un rassemblement dans un
village voisin pour les célébrations des 65 ans d'indépendance de la Syrie, ont
affirmé des militants.
La Syrie
est en proie depuis le 15 mars à une contestation inédite du régime du
président Bachar al-Assad. L'opposition avait appelé à manifester dimanche à
l'occasion du 65e anniversaire de l'indépendance du pays. "Le peuple
syrien a défini son objectif. Le jour de l'indépendance, c'est le jour de la
liberté dans tous les gouvernorats", ont affirmé sur une page Facebook les
organisateurs des manifestations.
Cet appel a
été suivi notamment à Lattaquié (nord-ouest), premier port de Syrie, où environ
10’000 personnes ont défilé après des funérailles d'un manifestant tué
vendredi, Banias (nord-ouest) où quelque 2500 personnes ont manifesté et Deraa
(sud) où 4000 personnes, dont d'anciens détenus politiques et des dignitaires
religieux, se sont rassemblés, selon des militants des droits de l'Homme.
Al-Assad ne
convainc pas
Samedi,
Bachar al-Assad a annoncé que la commission juridique sur la loi d'urgence
avait "élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle
législation". Ces propositions seront soumises au gouvernement qui
promulguera des lois (...) dans une semaine maximum". (lire: Révoltes arabes) "C'est un pas
qui n'est pas suffisant", a estimé l'avocat syrien et défenseur des droits
de l'Homme Haytham Maleh. "L'intervention des services de sécurité dans la
vie des gens doit cesser, et il faut laisser les protestataires
manifester".
Le
président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel-Rahmane, a
pour sa part estimé que l'abrogation de l'état d'urgence devait être
"complétée par l'abolition des tribunaux d'exception et l'annulation de la
loi qui interdit de sanctionner les agents de sécurité".
Au moins
200 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation il y a
un mois, la plupart par les forces de sécurité ou par des policiers en civil,
selon Amnesty International.
agences/vkiss/bkel
DANS LES AUTRES PAYS ARABES
Au Yémen, Plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs villes du Yémen pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, une revendication défendue par une délégation de l'opposition auprès des médiateurs du Golfe.
Des heurts ont éclaté à Sanaa, faisant un blessé et 25 souffrant de difficultés respiratoires, selon des sources médicales dans un hôpital de campagne sur place.
Les ministres des Affaires étrangères des monarchies du Golfe se sont réunis dimanche à Ryad pour tenter de relancer leur plan de sortie de crise au Yémen, où un large mouvement de protestation réclame depuis plus de deux mois et demi le départ du président Ali Abdallah Saleh.
Une délégation de l'opposition parlementaire yéménite est arrivée dimanche dans la capitale saoudienne, espérant obtenir des ministres des précisions sur ce que leur médiation prévoit quant au départ du président yéménite.
En Egypte, la justice égyptienne a déféré dimanche devant les tribunaux l'ex-premier ministre sous Hosni Moubarak, Ahmed Nazif, et l'ex-ministre des Finances Youssef Boutros Ghali. Ils auraient détourné des fonds publics pour plus de 15 millions de dollars.
L'ancien premier ministre, Ahmed Nazif, est actuellement en détention provisoire, alors que le second, Youssef Boutros-Ghali, est en voyage à l'étranger. Ils devront être jugés pour corruption. Un autre ex-membre du gouvernement, l'ancien ministre de l'intérieur, Habib el Adli, déjà inculpé pour corruption et mort de manifestants, comparaîtra aussi pour dissipation d'argent public.
Fonds Ben Ali et Moubarak en question
Les demandes de la Tunisie et de l'Egypte pour récupérer l'argent de leurs anciens dirigeants ont peu de chances d'aboutir. Les informations contenues dans les demandes des deux pays sont insuffisantes pour accorder l'entraide judiciaire, a déclaré à la "NZZ am Sonntag" Folco Galli, porte-parole de l'Office fédéral de la justice (OFJ).
La Confédération l'a fait savoir aux deux pays dans une note diplomatique envoyée le 30 mars dernier. Les demandes d'entraide judiciaire de la Tunisie et de l'Egypte sont trop sommaires et les reproches à charge des anciens dirigeants ne sont pas suffisamment étayés. L'OFJ a cependant décidé d'envoyer des experts judiciaires dans les deux pays afin de soutenir ces demandes.
En Tunisie, un expert suisse s'est d'ailleurs déjà entretenu avec le procureur général, les autorités anti-corruption et la banque centrale, selon le porte-parole de l'OFJ. Des rencontres semblables sont prévues en Egypte. Au début de l'année, plusieurs dizaines de millions de francs ont été bloqués en Suisse après la chute des présidents Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte. Les autorités des deux pays ont ensuite envoyé plusieurs demandes d'entraide judiciaire à la Suisse afin de récupérer l'argent des anciens dictateurs.