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Tension diplomatique entre Paris et Rome

Plus de cinq mille tunisiens sont arrivés ces derniers jours sur l'île italienne de Lampedusa.
Plus de cinq mille Tunisiens étaient arrivés début avril sur l'île italienne de Lampedusa.
La tension monte entre Rome, qui a décidé d'accorder des permis de séjour temporaires aux migrants tunisiens, et Paris, irrité de cette initiative qui a fait suspendre dimanche la circulation des trains en provenance de Vintimille. La décision française est conforme aux accords de Schengen, selon la Commission européenne. La presse italienne évoque une "gifle" de Paris.

La décision de la France de suspendre dimanche la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille à cause d'une manifestation interdite a respecté les règles européennes, selon une première analyse faite lundi par la Commission européenne.

Les autorités françaises ont expliqué les motivations de leur décision à la Commission qui va les analyser, mais selon les premières indications, les règles de Schengen ont été respectées, a indiqué à l'AFP un membre des services de la Commission.

Mesure temporaire

Les autorités françaises ont précisé avoir suspendu la circulation des trains à cause d'une manifestation non autorisée en soutien aux migrants tunisiens "afin d'éviter tout risque d'accident". La mesure a été "temporaire" et "n'a pas été au delà du strict nécessaire", a-t-il estimé. Il s'est agi d'une "mesure ponctuelle de gestion du trafic ferroviaire" pendant six heures, a-t-il précisé.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a estimé lundi que Rome et Paris, en dépit de leurs divergences sur la gestion des immigrés tunisiens, devaient "travailler ensemble" pour dissiper le nuage qui plane sur leurs relations.

"Travailler ensemble"

Sarkozy et Berlusconi vont se réunir pour un sommet à Rome le 26 avril au sujet de la gestion commune de l'immigration. [REUTERS - Benoit Tessier]
Sarkozy et Berlusconi vont se réunir pour un sommet à Rome le 26 avril au sujet de la gestion commune de l'immigration. [REUTERS - Benoit Tessier]

Evoquant le sommet entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi prévu le 26 avril à Rome, M. Frattini a estimé qu'"une ombre" plane sur les relations franco-italiennes, dont "il faudra ressortir en réaffirmant la volonté de l'Italie et de la France de travailler ensemble, en tant que pays fondateurs de l'Union européenne", dans une interview à La Repubblica.

"Cela vaut pour l'immigration mais aussi pour la politique industrielle", a ajouté le ministre, à propos de la campagne d'acquisition de fleurons de l'économie italienne comme Parmalat ou Bulgari, menée ces dernières semaines par plusieurs groupes français. "Le problème de l'immigration est en train de devenir un peu comme celui du nucléaire. Tout le monde veut en parler mais personne n'en veut dans son jardin", a dit M. Frattini au quotidien de gauche.

Proposition populiste

Le chef de la diplomatie italienne a également qualifié de "polémiques et provocations" une proposition avancée en Italie par des membres du parti populiste et anti-immigrés de la Ligue du Nord de boycott des produits français.

Des membres de la Ligue disaient vouloir ainsi réagir à l'attitude hostile de la France après la décision italienne d'accorder des permis de séjour temporaire aux plus de 20.000 migrants tunisiens arrivés dans le pays depuis janvier, pour qu'ils rejoignent leurs "parents et amis" en France et ailleurs en Europe.

agences/cmen

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"Paris gifle Rome", selon la presse italienne

La presse italienne a dénoncé lundi le blocage dimanche par la France de la circulation des trains depuis la ville de Vintimille vers la Côte d'Azur pour empêcher l'entrée d'immigrés tunisiens. Le quotidien de gauche "La Repubblica" a évoqué "une gifle de Paris à Rome".

"Immigration: Paris gifle Rome en bloquant hier pendant de longues heures le transit des trains de Vintimille vers la France", écrit en première page ce journal qui consacre à la tension entre les deux pays un éditorial intitulé "les deux populismes".

"Une vague croissante de populisme rend semblables l'Italie et la France mais en même temps rend leur affrontement plus dur. A Rome, le gouvernement dépend d'un parti xénophobe, indispensable pour la majorité parlementaire", la Ligue du Nord, "dont un dirigeant est même ministre de l'Intérieur", précise Bernardo Valli.

"A Paris, à un an de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy affronte les plus mauvais sondages (...) et cherche à récupérer les voix de l'extrême droite en insistant, dans les limites imposées par son poste, sur l'aversion à l'égard des immigrés", affirme le journaliste.

"La France arrête les trains en provenance d'Italie", titre en Une le principal quotidien italien, le "Corriere della Sera", poursuivant son article sur "le nouveau duel entre Rome et Paris sur les immigrés". "Tension à la frontière, Paris bloque les trains", écrit pour sa part en première page "La Stampa", le quotidien du groupe Fiat.