Le président du CNT (Conseil national de transition), Moustapha Abdeljalil, reçu à Paris, a plaidé en faveur d'une "intensification" des frappes, notamment à Misrata, "où la situation est très grave" selon lui. Vivres, médicaments et services commencent à manquer à Misrata.
L'un des chefs insurgés de la ville avait demandé mardi soir l'envoi de soldats français et britanniques sur la base de principes "humanitaires". "Il s'agit d'une situation de vie ou de mort", avait-il affirmé.
Pas de troupes au sol
Mais le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est déclaré "tout à fait hostile" à l'éventualité d'une intervention au sol et selon l'Elysée, le CNT "n'a pas du tout de revendications sur des troupes au sol".
En revanche, quelques officiers français effectuent une mission pour conseiller le CNT. "Il y a des éléments militaires qui sont avec notre représentant diplomatique auprès du CNT" à Benghazi, fief de l'opposition dans l'Est libyen, a déclaré le président français Nicolas Sarkozy après avoir reçu Moustapha Abdeljalil, qui a promis d'établir un "Etat démocratique". Cette assistance n'a cependant "absolument rien à voir avec l'envoi de troupes" au sol, a insisté Nicolas Sarkozy.
Rome a également annoncé mercredi l'envoi de dix instructeurs militaires à Benghazi, à l'instar de Londres mardi. "Il faut entraîner les rebelles: ce sont des jeunes désireux de se battre pour leur cause, mais ils n'ont pas les capacités nécessaires et nous irons donc là où il y a les conditions de sécurité nécessaires pour fournir notre savoir-faire et leur permettre d'affronter une armée qui est, elle, professionnelle", a expliqué le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa.
Les USA envoient du matériel
Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, avait déploré mardi l'envoi de conseillers militaires, affirmant qu'une telle initiative "prolongerait" le conflit. Le président Barack Obama "soutient" la décision des alliés d'envoyer des conseillers militaires et "pense qu'elle va aider l'opposition", a indiqué la Maison Blanche, en précisant que Washington n'entendait pas non plus déployer de troupes au sol.
Dans une lettre envoyée au Congrès, Barack Obama a dit vouloir fournir pour 25 millions de dollars d'équipements "non-létaux" aux rebelles, sous forme par exemple de médicaments, de gilets pare-balles ou de radios.
Les armes reçues de "certains amis"
Moustapha Abdeljalil a expliqué sur France 24 que la rébellion avait obtenu des armes soit en les achetant avec de "l'argent libyen" soit en les recevant de "certains amis", sans les identifier. Mais, a-t-il souligné, "elles ne sont pas suffisantes". "Plus Kadhafi reste, plus le sang sera versé", a-t-il déclaré, ajoutant que la rébellion attend "des frappes importantes de la part de la coalition".
Mais l'identification des cibles reste un problème crucial, selon de nombreux analystes. Mouammar Kadhafi "a embarqué ses forces sur des pick-up qu'il est très difficile de distinguer de ceux des insurgés", a expliqué un général français, Jean-Patrick Gaviard.
La Tunisie contrariée
Le gouvernement tunisien a fait part aux autorités libyennes de sa "vive contrariété", à la suite de la chute de trois obus de mortier sur son territoire. Le régime du colonel Kadhafi a affirmé de son côté que les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui interdisent entre autres l'importation d'armes, avaient été "détournées de leur but" et transformées en "ce qui ressemble à un blocus naval" sur le pays.
Côté humanitaire, le Programme alimentaire de l'ONU (PAM) a commencé à acheminer par voie terrestre, via la Tunisie, de la nourriture pour 50'000 personnes dans l'extrême ouest du pays. Et à Misrata, où 4000 migrants sont toujours bloqués, un bateau humanitaire de la Croix Rouge a accosté mercredi.
afp/vkiss
Deux journalistes tués
Mercredi après-midi, le photographe et documentariste Tim Hetherington, 41 ans, qui travaillait pour le magazine américain Vanity Fair, été tué à Misrata (ouest), et trois autres journalistes blessés dont l'un grièvement, victimes d'un tir de mortier, selon un journaliste de l'AFP à l'hôpital de la ville. Le reporter grièvement blessé est l'Américain Chris Hondros, 41 ans, de l'agence photographique Getty. Un tir de mortier a également touché à la mi-journée deux médecins ukrainiens, tuant l'homme et blessant grièvement sa consoeur, selon des sources médicales à Misrata, assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi.