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Syrie: l'état d'urgence est officiellement levé

Al-Assad a promis d'abroger la loi d'urgence d'ici une semaine. [KEYSTONE]
Un décret stipulant la fin de l'état d'urgence a été promulgué jeudi par le président syrien Bachar al-Assad. - [KEYSTONE]
Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret stipulant la levée de l'état d'urgence, une des principales revendications des contestataires. Il a également validé deux autres décrets, l'un abolissant la Cour de sûreté de l'Etat et l'autre réglementant le droit de manifester dans le pays.

"Le président Assad a promulgué le décret 161 stipulant la fin de l'état d'urgence décrété" lors de l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, a annoncé la télévision publique syrienne. "Ce décret sera publié dans le journal officiel et applicable dès sa publication", a affirmé l'agence officielle SANA.

Le président Assad avait promis samedi que la loi d'urgence serait abolie dans "une semaine maximum".

Mesure annoncée

Cette loi réduisait les libertés publiques, imposait des restrictions à la liberté de réunion et de déplacement, et permettait l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité".

Bachar al-Assad a également promulgué un décret "stipulant l'abolition de la Cour de sûreté de l'Etat", selon la télévision. La Cour de sûreté de l'Etat est une cour d'exception créée en vertu d'une loi de 1968 pour remplacer la Cour militaire d'exception avec les mêmes prérogatives. Ses jugements sont sans appel.

Appel lancé

"La levée de l'état d'urgence et l'abolition de la Cour de sûreté de l'Etat sont un pas positif, mais nous allons surveiller les prochains jours l'action des services de sécurité et voir s'il y aura violation des lois", a dit jeudi à l'AFP le président de l'Obervatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane. "On attend maintenant la libération des milliers de personnes condamnées" par ce tribunal d'exception, a-t-il ajouté.

Cette photo prise par un téléphone montre des manifestants lundi à Banias.
Cette photo prise par un téléphone montre des manifestants lundi à Banias.

Un troisième décret a été promulgué "pour la réglementation des manifestations pacifiques, qui sont un droit essentiel garanti par la constitution", a indiqué la télévision. "Il faut concilier la sécurité du citoyen et l'usage du droit à manifester, et il faut permettre aux autorités de protéger les biens publics et privés", indique le décret.

Le président Assad avait indiqué que cette série de réformes visait à "élargir les libertés". Il avait par ailleurs assuré qu'une nouvelle loi sur la presse était "presque prête".

Au moins 200 tués

Le gouvernement syrien avait approuvé mardi un projet de loi pour la levée de l'état d'urgence ainsi que des projets de loi pour l'abolition de la Haute cour de sûreté de l'Etat et pour réglementer le droit de manifester, avait indiqué l'agence officielle SANA.

Selon Amnesty International (AI), au moins 200 personnes ont été tuées, la plupart par les forces de sécurité ou par des policiers en civil, depuis le début de la contestation en Syrie.

Les autorités accusent des bandes "criminelles" ou "armées" d'être derrière les tirs contre les manifestants et les forces de l'ordre. Avant l'annonce jeudi de ces décrets, des appels avaient été lancés sur Facebook sur la tenue de nouvelles manifestations vendredi, qui s'annonce comme une journée-test pour l'opposition.

Mardi, les autorités avaient prévenu qu'elles n'accepteraient aucune nouvelle manifestation. Jeudi, une petite manifestation regroupant plusieurs dizaines de personnes a eu lieu dans la province de Hasaka, dans le nord-est de la Syrie, où sévissent une sécheresse et une pénurie d'eau qui ont déplacé des centaines de milliers de personnes au cours des six dernières années.

agences/vkiss

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DANS LES AUTRES PAYS ARABES

YEMEN: Les médiateurs du Golfe dans la crise yéménite ont proposé jeudi au président Ali Abdallah Saleh de partir 30 jours après la formation d'un gouvernement d'union. Les contestataires ont, quant à eux, appelé à manifester pour un "vendredi de la dernière chance" afin d'obtenir son départ. Pour sortir de la crise, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a proposé "la formation d'un gouvernement d'union nationale", puis un transfert du pouvoir par le chef de l'Etat au vice-président et un arrêt des manifestations.

EGYPTE: Le Parquet général égyptien a annoncé jeudi qu'il étudiait un éventuel transfert d'Hosni Moubarak dans une prison ou un hôpital carcéral, si son état de santé le permettait. L'état de santé de l'ancien président, âgé de 82 ans, a été qualifié d'"instable" par l'agence officielle Mena qui citait une source médicale à l'hôpital de Charm el-Cheikh, où il a été placé en détention provisoire.