Les insurgés ont pris l'un des principaux postes-frontière entre la Libye et la Tunisie, proche de Wazzan (Libye) et de Dehiba (Tunisie), a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Ce journaliste a vu 102 soldats pro-Kadhafi au total, dont des officiers, se rendre côté tunisien, où ils étaient interrogés un par un par des militaires tunisiens.
A la place des drapeaux verts de la Libye, les insurgés ont hissé de nombreux drapeaux de la monarchie, symbole de la rébellion, tandis qu'un tracteur s'affairait à détruire un grand portrait du colonel Kadhafi, qui marque l'entrée en Libye.
Entre cinq et dix tués
Selon le chef en second de l'opération des rebelles, "entre 5 et 10" soldats pro-Kadhafi ont été tués et 25 blessés. Du côté rebelle, il y a eu "un blessé léger", a dit l'un d'eux. L'agence de presse tunisienne TAP, allant dans le même sens que le journaliste de l'AFP, a rapporté que treize officiers et soldats libyens, dont un général, se sont rendus à l'armée tunisienne à la suite d'affrontements avec des insurgés libyens.
Des combats secouent depuis plusieurs jours l'Ouest libyen. Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nouveaux raids de l'OTAN ont par ailleurs eu lieu sur la région de Khellat Al-Ferjan, au sud-ouest de Tripoli, tuant sept "civils" et en blessant 18, selon l'agence officielle libyenne JANA, qui a ajouté que le bombardement avait détruit un "certain nombre de maisons".
Mais l'OTAN a elle affirmé jeudi n'avoir "aucune indication" faisant état de civils tués lors de bombardements d'avions de l'alliance mercredi soir.
Appel auparavant par l'OTAN
"Il y a eu une frappe aérienne de l'OTAN dans la région de Khellat Al-Ferjan. La cible était un bunker abritant un centre de commandement et de contrôle au milieu d'une base militaire", a déclaré à l'AFP un responsable de l'alliance sous couvert d'anonymat.
L'OTAN avait appelé mercredi les civils en Libye à s'éloigner des forces loyalistes, pour pouvoir mieux mener ses frappes. Et jeudi, l'Alliance atlantique a mené des raids sur la région de Gharyan, à 90 km au sud-ouest de Tripoli, faisant des tués et des blessés, a rapporté l'agence libyenne JANA, citant une source militaire. Le raid a détruit des habitations et terrorisé des femmes et des enfants, selon JANA, qui ne précise pas le nombre des victimes.
Critique russe
Par ailleurs, une centaine de combattants touareg maliens partis en Libye combattre aux côtés des troupes de Mouammar Kadhafi sont revenus dans leur pays, des véhicules destinés aux forces pro-Kadhafi prenant le chemin inverse, ont indiqué jeudi des sources régionales concordantes.
Jeudi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que l'envoi de conseillers militaires, décidé par la France, l'Italie et la Grande-Bretagne, et soutenu par les Etats-Unis, marquait le début d'une opération "terrestre", un acte "risqué et aux conséquences imprévisibles". "L'Histoire est riche en exemples de ce type. On commence par envoyer des instructeurs et ensuite ça dure pendant de longues années, faisant des centaines et des milliers de morts de chaque côté, a-t-il relevé.
Mettre Kadhafi "sous pression"
Le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté souligné "l'importance de mettre sous une pression militaire et diplomatique constante" le colonel Kadhafi.
Le porte-parole du régime de Mouammar Kadhafi, Moussa Ibrahim, a lui affirmé être "très triste" après le décès la veille de Tim Hetherington, collaborateur britannique du magazine "Vanity Fair", et l'Américain Chris Hondros, de l'agence Getty, tous deux âgés de 41 ans. Les deux hommes ont été victimes d'un tir de mortier dans la ville libyenne assiégée de Misrata, tout en affirmant que son armée n'était pas responsable.
Deux autres journalistes ont été blessés. Le porte-parole du régime libyen a lui toutefois exclu la responsabilité de l'armée libyenne.
ats/vkiss