La voiture du père de la famille a été retrouvée dans la nuit sur le parking d'un hôtel de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var (sud de la France), a-t-on appris vendredi de source policière. "Cet endroit était sous surveillance depuis plusieurs jours", précise une source proche de l'enquête. Le père aurait séjourné dans cet hôtel il y a quelques jours et aurait abandonné son véhicule.
Le père activement recherché
La famille comptait le père, 50 ans et gérant d'une petite société, la mère Agnès, 49 ans et surveillante dans un établissement scolaire catholique et leur quatre enfants: Thomas et Arthur, étudiants de 21 et 18 ans, Anne, lycéenne de 16 ans, et Benoît, 13 ans. La police avait été saisie de la "disparition inquiétante" de cette famille apparemment sans histoires, habitant une petite maison d'allure bourgeoise sur un boulevard animé du centre-ville de Nantes.
Tout a basculé jeudi matin, avec la découverte du "reste d'une jambe" sous la terrasse du jardin. Dans la journée les découvertes macabres s'enchaînent: trois corps sont retrouvés, puis un quatrième et un cinquième, tous dans une même fosse dans le jardin, selon le procureur de Nantes Xavier Ronsin.
Ce sont ceux de la mère et des quatre enfants, "vraisemblablement tués par arme à feu", selon la même source. Les deux chiens de la famille étaient enterrés avec les corps retrouvés.
Le père, dont le corps n'a pas été retrouvé, est "activement recherché", a annoncé jeudi dans la soirée une source proche de l'enquête. Les autopsies, qui permettront d'identifier formellement les victimes et de confirmer la cause des décès, sont prévues vendredi. L'enquête a basculé "vers la séquestration et l'assassinat".
Aucune trace de lutte ou de violence n'avait été constatée dans la maison, selon le procureur. Tout semblait vouloir montrer que la famille avait préparé un départ, apparemment vers l'Australie. Sur la boîte aux lettres de leur maison aux volets fermés, un petit carton blanc indique: "Courrier à retourner à l'expéditeur. Merci".
Un acte minutieusement préparé
A l'intérieur, toutes les armoires avaient été vidées, selon le procureur. Le bail de la maison avait été résilié, selon des informations obtenues sur place. Il y a une dizaine de jours, l'école privée catholique de la Perverie Sacré Coeur, où étaient scolarisés les deux plus jeunes enfants, avait reçu un courrier indiquant qu'à la "suite d'une mutation professionnelle urgente", toute la famille accompagnait le père en Australie.
"Ce courrier était accompagné d'un chèque pour solde de tout compte jusqu'à la fin de l'année scolaire", a déclaré à l'AFP le directeur de l'établissement, Olivier Bouissou, précisant avoir reçu ce message alors que les enfants étaient déjà absents depuis quatre ou cinq jours.
afp/mej
Une famille apparemment tranquille
Avant de disparaître, la famille avait laissé des messages "délirants et contradictoires", selon le procureur: à certains proches, "Monsieur a expliqué qu'il était agent secret et qu'il partait dans le cadre d'un programme de protection des témoins".
Pourtant, du côté des enquêteurs, on dépeint "une famille qui n'avait jamais fait parler d'elle". "Ce n'était pas des gens qui se faisaient remarquer", confirme un agent immobilier voisin.
La famille avait vécu auparavant dans la banlieue parisienne très chic de Versailles, puis dans le Var (dans le sud) avant de s'installer à Pornic, sur la côte atlantique, puis à Nantes. Le père était commercial et s'occupait d'espaces publicitaires, selon une source proche de l'enquête. La mère enseignait le catéchisme.
"Je voyais la mère, Agnès, au niveau du diocèse, c'était quelqu'un de très bien", selon le voisin d'en face Florent Chotard. Un autre, Fabrice, assure avoir vu le père, il y a 15 jours, vêtu d'un short et de chaussures bateau, mettant "des gros sacs dans sa voiture". Et la mère pour la dernière fois le dimanche 4 avril. "Quelques jours après", les deux labradors "ont hurlé à la mort pendant toute la nuit et, après, plus rien".