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L'UE prône une action militaro-humanitaire à Misrata

Tandis que les combats se poursuivent, la rébellion libyenne s'est déclarée "ravie" de l'envoi de drones armés américains.
Tandis que les combats se poursuivent, la rébellion libyenne s'est déclarée "ravie" de l'envoi de drones armés américains.
L'Union européenne poursuit la planification d'une opération militaro-humanitaire pour la ville libyenne assiégée de Misrata, en dépit des réserves exprimées à ce sujet par l'ONU, a déclaré vendredi le ministère français des Affaires étrangères.

"Face à l'aggravation de la situation humanitaire, en particulier à Misrata, la planification d'une opération militaire de soutien à l'aide humanitaire se poursuit à l'état-major multinational de Rome", a indiqué la porte-parole adjointe du ministère, Christine Fages. "L'UE se tient prête à répondre à une sollicitation des Nations unies", a-t-elle ajouté.

L'Union européenne et l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (OTAN) étudient depuis deux semaines la possibilité de mettre en place une opération militaire destinée à protéger l'acheminement d'une aide humanitaire à Misrata, ville tenue par les insurgés libyens mais encerclée et assiégée par les forces loyales à Mouammar Kadhafi.

L'ONU réservée

Mais l'ONU est très réservée à l'égard d'un encadrement militaire de l'aide humanitaire. La responsable des opérations humanitaires des Nations unies, Valérie Amos, a déclaré mercredi à New York qu'elle n'avait pour l'instant pas l'intention de demander à des soldats de l'Union européenne de protéger les corridors humanitaires en Libye. "Pas pour le moment, nous sommes en mesure d'utiliser des moyens civils", a-t-elle souligné.

Elle a toutefois précisé que les Nations unies avaient un accord avec l'UE et l'OTAN "sur le fait que si nous atteignons un point où l'utilisation de civils devenait impossible en raison de la situation sécuritaire, nous, l'ONU, leur demanderions le soutien de militaires".

Le HCR craint un exode

Du côté humanitaire, le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a dit craindre vendredi un exode massif des populations des montagnes de l'ouest de la Libye, après la fuite de 15'000 Libyens en Tunisie ces deux dernières semaines.

"Environ 15'000 personnes ont fui cette région (de l'ouest) et ont traversé la frontière à Dehiba (sud de la Tunisie) au cours des deux dernières semaines", a expliqué le responsable des opérations du HCR en Libye, Andrew Harpers, interrogé par l'AFP.

Ces Libyens "fuient car ils ont peur des combats" et souffrent de conditions de vie de plus en plus difficiles, a indiqué A.Harpers. "Nous craignons que ce soit le début d'un exode nettement plus important", a-t-il ajouté, indiquant que le HCR accueillait quotidiennement près de 3000 réfugiés libyens dans cette région.

Le CICR inquiet sur le plan humanitaire

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part indiqué vendredi que la situation humanitaire se dégrade à Misrata, ville assiégée de l'ouest de la Libye, où l'accès à l'eau et les soins médicaux sont notamment devenus problématiques.

"L'accès à l'eau est devenu incroyablement difficile pour les civils dans la mesure où le principal tuyau alimentant la ville a été coupé", a expliqué Simon Brooks, chef de la mission du CICR à Benghazi, dans l'est de la Libye, cité dans un communiqué.

"La population doit maintenant se tourner sur les puits locaux et sur l'usine de désalinisation qui fournissait jusqu'à présent de l'eau pour des industries", a-t-il ajouté.

Le manque d'essence altère également le fonctionnement des infrastructures, relève-t-il encore. Par ailleurs, la situation sanitaire continue de se dégrader, s'inquiète le CICR, faisant état d'un nombre important de personnes blessées ou tuées.

afp/olhor


Visite du sénateur américain John McCain à Benghazi et probable voyage du président français Nicolas Sarkozy

Le sénateur américain John McCain est arrivé vendredi à Benghazi pour une visite dans le bastion des insurgés libyens, au lendemain de l'annonce par Washington de l'envoi de drones armés au-dessus de la Libye, une mesure saluée par la rébellion.

"Nous espérons que cela puisse mettre fin au siège de Misrata," troisième ville de Libye et théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre la rébellion et les forces kadhafistes, a déclaré Moustapha al-Guerriani, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion.

John McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008 et partisan d'un soutien militaire aux rebelles libyens, a été accueilli par une cinquantaine de manifestants aux cris de "Libye libre, Kadhafi va t'en, merci l'Amérique, merci Obama !", a constaté une journaliste de l'AFP.

Le sénateur américain s'est entretenu avec les responsables de la rébellion, avant d'appeler "la communauté internationale à reconnaître le Conseil national de transition comme la voix légitime du peuple libyen".

Il s'agit de la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement mi-février.

Le sénateur, l'un des plus fervents partisans au Congrès des opérations militaires en Libye, a plaidé le 13 avril pour que les Etats-Unis s'engagent à nouveau militairement aux côtés de la coalition internationale, assurant que l'OTAN manquait de la force de frappe nécessaire.

Le président français Nicolas Sarkozy a quant à lui donné au Conseil national de transition (CNT) libyen son "accord de principe" pour une visite à Benghazi, et est favorable au dégel de fonds libyens en faveur du CNT.

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