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Le Nantais qui aurait tué sa famille reste introuvable

Vendredi, la police gardait les alentours de la maison familiale où les cinq corps ont été retrouvés dans le jardin. [Stephane Mahe]
Vendredi, la police gardait les alentours de la maison familiale où les cinq corps ont été retrouvés dans le jardin. - [Stephane Mahe]
Des enquêteurs cherchaient activement dans le sud de la France vendredi un père de famille mystérieusement disparu au lendemain de la découverte macabre des corps de sa femme et de leurs quatre enfants, âgés de 13 à 20 ans, enterrés dans leur maison de Nantes (ouest). Vendredi soir, à l'issue de l'autopsie des cinq corps, le procureur de la République de Nantes évoque "une exécution méthodique".

"L'autopsie des cinq corps, qui est déjà terminée, a montré qu'on était face à une exécution méthodique", a déclaré vendredi soir le procureur de la République de Nantes, Xavier Ronsin.

"Ils ont été tués pendant leur sommeil par une arme à feu, vraisemblablement une arme à feu 22 long-rifle", a-t-il également ajouté. Chacune des victimes a été abattue par au minimum deux balles, dans la tête ou dans la poitrine, a-t-il précisé.

Le père de famille, âgé de 50 ans, reste au centre de l'enquête pour élucider le sort des siens, tous tués par balle et recouverts de chaux avant d'être ensevelis dans une fosse sous la terrasse du jardin.

Une voiture familiale, une Citroën C5, a été découverte vendredi sur le parking d'un hôtel de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var (sud-est), où la famille a vécu avant de s'installer à Nantes. Dans la matinée, les enquêteurs auditionnaient le personnel de l'établissement où le père a passé la nuit du 14 au 15 avril.

Le mystère autour de cet homme s'est encore épaissi vendredi lorsque les enquêteurs ont fait part de leurs interrogations sur la "coïncidence" entre son passage dans la région et la disparition d'une quinquagénaire, le 14 avril dans un village du Var. Mais "rien à ce jour" n'est établi, a précisé le procureur de Nantes, Xavier Ronsin.

Un policier porte l'un des 5 corps découverts dans le jardin ce jeudi 21 avril. [Jean-Sébastien Evrard]
Un policier porte l'un des 5 corps découverts dans le jardin ce jeudi 21 avril. [Jean-Sébastien Evrard]

Depuis la découverte des cadavres de la famille de Nantes - l'épouse Agnès, 48 ans, et les quatre enfants, Benoît, Anne, Thomas et Arthur, âgés de 13 à 20 ans - les policiers penchaient pour l'hypothèse d'un scénario soigneusement préparé. Ce qu'a donc confirmé vendredi soir le procureur de la République en parlant d'une "exécution méthodique".

Acte minutieusement prémédité?

Il est établi qu'avant le drame, le père a acheté du ciment, des sacs en toile de jute, de la chaux vive et des pelles qui ont servi pour ensevelir les corps. En outre, le bail de la maison familiale avait été résilié, des lettres adressées aux amis et à la direction de l'école pour les prévenir d'un départ impromptu de la famille et un mot laissé sur la boîte à lettres pour que le courrier soit retourné.

Les explications fournies - de la mutation professionnelle en Australie à un départ aux Etats-Unis dans le cadre d'un "programme de protection de témoins", le père se disant agent secret - ont fortement inquiété les enquêteurs.

Parmi les témoignages recueillis à Nantes, un voisin assure avoir vu le père il y a 15 jours, vêtu d'un short et de chaussures bateau, mettant "des gros sacs dans sa voiture". Il dit avoir vu Agnès, la mère, pour la dernière fois le dimanche 4 avril. "Quelques jours après", les deux labradors "ont hurlé à la mort pendant toute la nuit et, après, plus rien".

Coups de feu

L'autopsie vendredi des corps d'Agnès et du fils Thomas a permis de révéler la présence de "deux orifices d'impact d'arme à la tempe", probablement de "22 long rifle", "arme connue comme ayant appartenu au père de famille", selon le procureur.

Souvent absent pour raisons professionnelles, selon le magistrat, l'homme aurait été gérant d'une petite société à Pornic, station balnéaire proche de Nantes, selon l'appel à témoins de la police judiciaire.

Mais on le dit aussi commercial, selon une source proche de l'enquête, "dans le tourisme", chargé de préparer un guide touristique, selon le patron du café voisin, ou encore "dans l'hôtellerie", d'après le directeur d'une agence immobilière située au coin de sa rue.

afp/olhor

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Une famille apparemment tranquille

Avant de disparaître, la famille avait laissé des messages "délirants et contradictoires", selon le procureur: à certains proches, "Monsieur a expliqué qu'il était agent secret et qu'il partait dans le cadre d'un programme de protection des témoins".

Pourtant, du côté des enquêteurs, on dépeint "une famille qui n'avait jamais fait parler d'elle". "Ce n'était pas des gens qui se faisaient remarquer", confirme un agent immobilier voisin.

La famille avait vécu auparavant dans la banlieue parisienne très chic de Versailles, puis dans le Var (dans le sud) avant de s'installer à Pornic, sur la côte atlantique, puis à Nantes.

La mère enseignait le catéchisme. "Je voyais la mère, Agnès, au niveau du diocèse, c'était quelqu'un de très bien", selon le voisin d'en face.