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Les répressions sanglantes continueraient en Syrie

La répression des manifestations aurait fait plus de 250 morts en cinq semaines. [REUTERS - � Ho New / Reuters]
La répression des manifestations aurait fait plus de 250 morts en cinq semaines. - [REUTERS - � Ho New / Reuters]
Au moins cinq personnes auraient été tuées samedi par des tirs en Syrie lors des funérailles de victimes tuées la veille, dans la répression particulièrement sanglante des manifestations hostiles au régime qui aurait fait plus de 80 morts, ont indiqué des témoins et militants des droits de l'Homme.

Au moins trois personnes auraient été tuées par des tirs de "francs-tireurs" postés sur des immeubles lors de funérailles à Douma, à 15 km au nord de Damas, selon un témoin et un militant des droits de l'Homme sur place joints au téléphone par l'AFP.

Ils ont affirmé que des balles avaient été tirées lors des obsèques. Des "francs-tireurs" sur les toits d'immeubles ont tiré contre la foule qui se rendaient de la mosquée au cimetière à Douma, selon eux.

Mortelles funérailles

Dans la région de Deraa, à 100 km au sud de Damas, deux personnes auraient été tuées par des tirs des forces de sécurité, selon un militant des droits de l'Homme sur place.

Cette photo prise par un téléphone montre des manifestants lundi à Banias.
Cette photo prise par un téléphone montre des manifestants lundi à Banias.

"Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les personnes qui se dirigeaient des régions voisines de Deraa vers Ezreh pour assister aux funérailles. Au moins deux personnes auraient été tuées, Yasser Nseirate et Jamal Qanbar", a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.

Des dizaines de milliers de Syriens en deuil participaient samedi à l'enterrement de leurs morts au lendemain d'une répression féroce d'imposantes manifestations qui aurait coûté la vie à plus de 80 personnes et suscité l'indignation de la communauté internationale.

250 morts présumés en 5 semaines

Selon le Comité des martyrs de la révolution du 15 mars, c'est dans la localité d'Ezreh que le bilan a été le plus lourd avec la mort de 21 personnes. Cinq personnes seraient mortes à Douma, selon lui.

La répression des manifestations a fait plus de 250 morts en cinq semaines. Les promesses de réformes de Bachar el-Assad et la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 n'ont pas eu l'effet escompté et les manifestants étaient descendus nombreux dans les rues après les prières du vendredi à travers le pays.

afp/olhor


LES ETATS-UNIS ET LA FRANCE CONDAMNENT LES VIOLENCES; LA RUSSIE DEMANDE L'ACCELERATION DES REFORMES

"Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts le recours à la force par le gouvernement syrien contre des manifestants. Ce recours révoltant à la violence pour lutter contre des manifestations doit cesser immédiatement", a déclaré Barack Obama dans un communiqué.

Les autorités syriennes ont regretté samedi les déclarations "manquant d'objectivité" faites par le président américain Barack Obama sur la situation en Syrie en proie à un mouvement de contestation sans précédent du régime.

"La Syrie regrette le communiqué publié par le président américain au sujet de la situation en Syrie, car il n'est pas basé sur une vision objective des faits réels sur le terrain", a indiqué un responsable syrien non identifié, cité par l'agence officielle Sana.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a condamné lui aussi samedi "la répression aveugle et brutale" en Syrie et appelé les autorités syriennes "à renoncer à l'usage de la violence".

"La France condamne les violences extrêmes exercées par les forces de sécurité syriennes qui ont provoqué la mort de nombreux manifestants pacifiques le 22 avril. Les responsables et les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes", déclare le ministre dans un communiqué.

"Cette répression aveugle et brutale contredit la levée de l'état d'urgence. Nous appelons instamment les autorités syriennes à renoncer à l'usage de la violence et à respecter les droits et libertés fondamentales de leurs citoyens conformément à leurs engagements internationaux, particulièrement le droit de manifester pacifiquement et la liberté de la presse", ajoute-t-il.

"Seul un dialogue politique inclusif et des réformes répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien peuvent permettre de préserver la stabilité du pays qui est dans l'intérêt de tous", conclut-il.

La Russie a quant à elle appelé samedi à une accélération des réformes en Syrie, pays avec lequel elle entretient de longue date des liens étroits.

Moscou "s'inquiète de l'intensification des tensions et des signes de confrontation qui cause des souffrances à des personnes innocentes", a écrit le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

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DANS LES AUTRES PAYS ARABES

YEMEN: L'opposition parlementaire yéménite a annoncé samedi qu'elle acceptait un plan de sortie de crise proposé par les monarchies arabes du Golfe à l'exception d'un point prévoyant la formation, avec sa participation, d'un gouvernement d'union nationale. Le président contesté du Yémen, Ali Abdallah Saleh, avait insisté vendredi sur sa "légitimité constitutionnelle".

Vingt soldats avaient été tués en 24 heures entre jeudi et vendredi dans plusieurs attaques menées au Yémen, selon un nouveau bilan communiqué vendredi par des responsables militaires.

Par ailleurs, deux jeunes manifestants auraient été blessés par des tirs de l'armée en tentant de dresser samedi une barricade à Aden, dans le sud du Yémen, a indiqué une source médicale. Une grève générale y était observée à l'appel des opposants.

EGYPTE: Vendredi, le Procureur général d'Egypte avait décidé de prolonger de 15 jours la détention de l'ancien président Hosni Moubarak, dans le cadre de l'enquête sur la répression des manifestations anti-régime en Egypte.