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Malgré les dires, les combats continuent à Misrata

Des insurgés évacuent des soldats de l'armée de Kadhafi devant l'hopital de Misrata. [Yannis Behrakis]
Des insurgés évacuent des soldats de l'armée de Kadhafi devant l'hôpital de Misrata. - [Yannis Behrakis]
Les explosions de roquettes et d'obus et tirs de mitrailleuses n'ont pas cessé dimanche à Misrata (ouest de la Libye), faisant 12 morts et une soixantaine de blessés selon un médecin, malgré l'annonce par le régime d'une pause dans ses opérations contre les rebelles. Samedi soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères a assuré que les forces gouvernementales avaient "suspendu leurs opérations" dans cette ville.

Samedi, la journée de combats fut intense et a fait au moins 28 morts et une centaine de blessés. Puis les explosions se sont succédé en rafales dans la nuit jusqu'à 02h30 et ont repris avec la même intensité dimanche à la mi-journée, selon des journalistes de l'AFP. Les tirs de roquettes Grad et d'armes automatiques ont fait au moins trois morts dimanche matin, a annoncé l'hôpital.

Simulation de repli

L'annonce d'une suspension des opérations "est un leurre", a déclaré le colonel Omar Bani, porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) créé par l'opposition au régime de Mouammar Kadhafi à Benghazi (est du pays). "Ils ne sont pas partis. Ils sont restés un peu à l'écart de la rue de Tripoli", l'axe principal de la ville devenu la ligne de front, "mais ils se préparent à attaquer de nouveau", a-t-il ajouté.

Selon le colonel Bani, le régime veut faire croire au monde que le conflit est "une guerre civile entre les tribus libyennes, mais ce n'est pas vrai (...). Pensez-vous vraiment que je vais combattre ma propre famille?".

Misrata est une grande ville côtière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli, où se concentrent actuellement les combats entre rebelles et forces gouvernementales. Il s'agit de permettre aux tribus locales de trouver une solution pacifique dans un délai de 48 heures, a précisé Khaled Kaïm, vice-ministre libyen des Affaires étrangères.

Frappes d'un drone

Sur le plan diplomatique, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a annoncé dimanche qu'il se rendrait prochainement à Benghazi, pour inaugurer un consulat. L'Italie, à l'instar de la France et de la Grande Bretagne, a annoncé la semaine dernière l'envoi en Libye de conseillers militaires auprès du CNT.

A Rome, au cours de la traditionnelle bénédiction de Pâques, le pape Benoît XVI a affirmé que "la diplomatie et le dialogue devaient prendre la place des armes" en Libye, demandant que "la dignité humaine l'emporte sur les ténèbres de la division" dans tout le Moyen-Orient.

Au Etats-Unis, le sénateur américain John McCain, qui s'est rendu vendredi dans le bastion rebelle de Benghazi, a appelé les Etats-Unis à intensifier leurs frappes aériennes en Libye, faisant valoir qu'une impasse militaire prolongée profiterait à Al-Qaïda.

Pour la première fois depuis le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars, un drone américain a mené une frappe en Libye samedi. L'Otan a averti dimanche que les frappes de drones se poursuivraient malgré les difficultés représentées par la présence de civils à côté des installations militaires, quitte à retarder le cas échéant les tirs pour éviter des pertes civiles.

Gel des avoirs de Kadhafi

A Misrata, une centaines de soldats kadhafistes étaient encerclés dimanche dans un bâtiment au bout de la rue Tripoli, en grande partie libérée. D'autres poches de soldats loyalistes continuent de combattre ailleurs dans la ville. La nette avancée des rebelles a permis de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir.

Parallèlement, deux soldats loyalistes blessés et capturés dimanche matin ont assuré à l'AFP que le moral des troupes pro-Kadhafi était "au plus bas". "Les forces de Kadhafi sont en train de perdre" la bataille de Misrata, a assuré l'un d'eux, Misbah Mansouri, un étudiant de 25 ans.

Dans l'Ouest, les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi bombardaient dimanche après-midi des zones proches du poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, pour tenter de reprendre la ville de Wazzan, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Pour faire pression sur le régime libyen, l'ONU a imposé un gel des avoirs à l'étranger du colonel Kadhafi et de ses proches, mais selon le "Los Angeles Times" dimanche, le dirigeant libyen continue de puiser dans ses comptes, certains pays comme la Turquie ou le Kenya rechignant à appliquer les sanctions.

afp/mej/olhor

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L'eau est coupée à Misrata

Malgré l'aide humanitaire livrée par mer, surtout par les ferries de l'Organisation internationale des migrations (OIM) qui font la navette avec Benghazi plus à l'est pour évacuer les migrants de toutes nationalités, la situation se dégrade à Misrata, où l'alimentation en eau est coupée.

"Nous manquons de tout, équipement, personnel et médicaments. On opère à la chaîne dans tous nos blocs", a déclaré samedi le Dr Abou Falra.

Sur le front Est, établi entre Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi, et le site pétrolier de Brega, 80 km plus à l'ouest, le calme relatif de ces derniers jours a permis aux proches de disparus d'entamer des recherches.

Dans le même temps, l'OTAN a mené de nouveaux raids nocturnes sur Tripoli, où des journalistes de l'AFP ont entendu plusieurs explosions puissantes sans pouvoir déterminer les cibles visées. L'OTAN a annoncé samedi que plus de 3000 sorties avaient été effectuées depuis qu'elle avait pris le commandement des opérations fin mars, dont la moitié ont servi à des frappes.

Le Koweït attribue 180 millions de dollars à la rébellion

Le Koweït, un riche émirat pétrolier du Golfe, a accordé une aide financière de 50 millions de dinars (180 millions de dollars) à la rébellion en Libye, a annoncé dimanche le président du Conseil national de Transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, en visite dans l'émirat.

"Cette somme va nous aider à régler une partie les salaires des employés. Nous avons besoin d'une assistance urgente", a ajouté Moustapha Abdeljalil au cours d'une conférence de presse après un entretien avec l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahamd Al-Sabah.

Le ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Mohammad Al-Sabah, a annoncé pour sa part que "le Koweït allait apporter une importante et urgente aide humanitaire, par le biais du CNT".