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Répressions et arrestations continuelles en Syrie

Les manifestations contre le régime du président Bashar el-Assad se poursuivaient dimanche. [Muhammad Hamed]
Les manifestations contre le régime du président Bashar el-Assad se poursuivaient dimanche. - [Muhammad Hamed]
Au lendemain de journées de manifestations réprimées dans le sang par les forces de l'ordre et qui auraient fait plus de 120 morts, la police syrienne a arrêté dimanche plusieurs dizaines d'opposants et d'activistes, selon un militant des droits de l'Homme. Quatre personnes auraient par ailleurs été tuées et plusieurs autres blessées par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié, dans le nord-ouest.

Parallèlement, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé une enquête des Nations unies sur la répression du mouvement de contestation menée par le régime de Bachar el-Assad.

Les opérations policières ont démarré tard samedi soir. Elles viennent conforter l'opposition, qui affirme que la récente levée de l'état d'urgence n'est qu'une façade n'offrant aucune protection contre les vagues d'arrestations arbitraires décidées par le régime.

Interpellations policières

Selon le chef de l'Organisation nationale pour les droits de l'Homme en Syrie, Ammar Qourabi, ces arrestations ont essentiellement eu lieu dans la capitale Damas et ses faubourgs, ainsi qu'à Homs (centre), l'un des foyers de la contestation contre le régime baassiste.

"Ces personnes ne sont pas arrêtées de façon légale. Ce sont des enlèvements", a dénoncé dimanche Ammar Qourabi, affirmant que les policiers en civil ne possédaient pas de mandats d'arrêt. Ammar Qourabi ne disposait pas du nombre exact des arrestations, mais d'après lui, au moins 20 personnes ont été interpellées à Homs.

Un habitant de Douma, dans la banlieue de Damas, a pour sa part affirmé qu'au moins cinq personnes avaient été arrêtées et que les autorités avaient coupé les liaisons téléphoniques et l'Internet.

300 morts en 5 semaines

Un important militant des droits de l'Homme en Syrie, Daniel Saoud, figure parmi les personnes interpellées mais a été relâché. Président des Comités de défense de la démocratie, des libertés et des droits de l'Homme, Daniel Saoud vit à Banias.

D'après Ammar Qourabi, la plupart des personnes interpellées devraient être présentées lundi à la justice et inculpées pour manifestation non autorisée. Dans le cadre de la nouvelle législation qui remplace depuis jeudi dernier l'état d'urgence, une autorisation du ministère de l'Intérieur est nécessaire pour organiser des manifestations. Une disposition largement interprétée comme une interdiction de fait.

Plus de 300 personnes ont été tuées -dont au moins 120 samedi et vendredi, selon les ONG- lors de la répression des manifestations qui ont éclaté en Syrie il y a cinq semaines. Avec 112 morts, vendredi est la journée la plus sanglante depuis le début de la contestation.

Sanctions requises

Human Rights Watch a demandé dimanche aux Nations unies d'ouvrir une enquête sur la répression menée par le régime de Damas. L'ONG a également appelé la communauté internationale, notamment les Etats-Unis et l'Union européenne, à imposer des sanctions aux responsables syriens impliqués dans ces violences.

"Après le carnage de vendredi, condamner les violences n'est plus suffisant", a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient. "Face à la stratégie du 'tirer pour tuer' des autorités syriennes, la communauté internationale doit imposer des sanctions contre ceux qui donnent l'ordre de tirer sur les manifestants".

Par ailleurs, deux élus du conseil régional de Deraa (sud), berceau de la contestation, ont à leur tour annoncé dimanche leur démission, après celles samedi du mufti de la ville et de deux députés indépendants. "Je rends hommage aux martyrs", a déclaré l'un des démissionnaires, Béchir Mohammed al-Zoebi, pour expliquer son geste.

ap/afp/olhor


4 MORTS ET PLUSIEURS BLESSES DANS LE NORD-OUEST

Quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dimanche par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie, a-t-on appris auprès d'un militant des droits de l'Homme.

Le nouveau gouverneur de la région s'est rendu en visite dans la ville, où il a rencontré des dignitaires à la mosquée, a raconté le militant. C'est après son départ que les forces de l'ordre ont encerclé la ville et ont commencé à tirer sur les gens, a-t-il ajouté.

Peu après l'annonce des morts à Jableh, environ 3000 habitants de Banias, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Lattaquié, ont organisé par solidarité un sit-in sur l'autoroute reliant Lattaquié à Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, dont le siège est à Londres.

Les manifestants, qui demandent l'arrêt des tirs des forces de sécurité à Jableh, ont affirmé qu'ils ne lèveraient pas le blocage de l'autoroute tant qu'ils n'auraient pas obtenu satisfaction.

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