Publié

Les pro-Kadafhi ont bombardé le port de Misrata

Mardi, des Libyens marchent dans la rue Tripoli, complètement dévastée, de la ville de Misrata. [Christophe Simon]
Mardi, des Libyens marchent dans la rue Tripoli, complètement dévastée, de la ville de Misrata. - [Christophe Simon]
Les forces pro-Kadhafi ont bombardé mardi le port de Misrata, mais la rébellion a assuré que le dirigeant libyen s'engageait dans "une bataille perdue" et le président français Nicolas Sarkozy s'est dit "optimiste" sur l'issue du conflit.

Vers 13H30 locales (11H30 GMT), une dizaine de projectiles ont touché le
port à 12 km à l'est de Misrata, seul lien avec le monde extérieur pour cette
grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli dont les forces pro-Kadhafi
ont coupé tous les accès routiers, selon un photographe de l'AFP.

Un bateau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), venu
poursuivre l'évacuation des milliers d'Africains bloqués dans le port, a dû
s'éloigner par mesure de sécurité. "Plusieurs réfugiés ont été blessés par
le bombardement. Il y a peut-être des morts", a déclaré le docteur Khalid
Abou Falra dans le principal hôpital de la ville. Lundi, Washington avait
estimé que 2000 migrants africains attendaient encore sur le port.

Frappe de l'OTAN

Selon des rebelles, "une vingtaine de véhicules" des forces
gouvernementales se sont approchés du port vers 15H30 locales. Des avions de
l'Otan survolaient la ville, où des explosions espacées étaient également
audibles, après une accalmie de 24 heures. Selon des journalistes présents dans
le port, ils ont mené au moins une frappe.

Misrata a connu ces derniers jours de violents combats au cours desquels les
rebelles ont repoussé les soldats pro-Kadhafi aux portes de la ville. Roquettes
et obus ont plu sur la ville, apparemment au hasard. Les explosions et les
combats ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés depuis
vendredi.

"La clé de Tripoli"

Selon le Croissant rouge à Misrata, le conflit a fait environ 1500 morts,
habitants et rebelles, depuis le soulèvement de la ville le 19 février.
"Misrata est la clé de Tripoli. Si (Kadhafi) abandonne Misrata, il va
abandonner Tripoli. Il n'est pas assez fou pour faire cela", avait prévenu
lundi le porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) de
l'opposition à Benghazi (est), le colonel Ahmed Omar Bani.

Mais le colonel Kadhafi s'est lancé dans "une bataille perdue"
parce que les rebelles sont plus nombreux, "mieux équipés, entraînés et
organisés, et plus déterminés que jamais", a assuré mardi un autre
porte-parole du CNT, Jalal al-Gallal. "Associé à la plus grande efficacité
de l'Otan, ceci fait que pour (Kadhafi), ce sera de plus en plus dur, sinon
impossible, de l'emporter", a-t-il ajouté.

Dans l'Ouest, 30'000 Libyens ont fui la région montagneuse à la frontière
avec la Tunisie, a annoncé le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés
(HCR), précisant que selon les tout derniers arrivés, les villes frontalières
de Nalout et Wazin étaient quasi-désertes. Au total, plus de 600'000 personnes
ont fui les violences en Libye depuis la mi-février.

Tripoli, cible "légitime"

A Tripoli, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'Otan, cinq
explosions ont secoué lundi soir l'est de la capitale, selon des témoins, qui
n'étaient pas en mesure de préciser les sites visés. Dans la nuit de dimanche à
lundi, le bureau de Mouammar Kadhafi, situé dans son immense résidence à
Tripoli, avait été totalement détruit par une frappe de l'Otan.

Ce raid a fait
trois morts et 45 blessés, selon le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim. Mais le colonel Kadhafi "va bien, il est en bonne santé, en lieu sûr et il a le moral", a-t-il encore souligné tout en dénonçant un "acte terroriste" et une "tentative d'assassinat".

Le dirigeant libyen Mouhammar Kadhafi, père d'Hannibal Kadhafi. [sabri elmedwi/keystone]
Le dirigeant libyen Mouhammar Kadhafi, père d'Hannibal Kadhafi. [sabri elmedwi/keystone]

Washington et Londres ont rétorqué que ce bureau constituaient "une cible légitime". "Nous considérons que les centres de contrôle et de commandement sont des cibles légitimes et nous en avons détruit ailleurs", a affirmé le secrétaire américain à la Défense Robert Gates lors d'un point presse avec son homologue britannique Liam Fox.

C'est de là que sont commandées les forces du régime Kadhafi commettent des violences contre les populations civiles, comme à Misrata, a-t-il expliqué. Mais le colonel Kadhafi n'est pas lui-même la cible des avions de l'Otan, a précisé M. Gates: "nous ne le visons pas spécifiquement".

L'OTAN
a en effet rappelé que sa mission était de protéger les civils, pas d'imposer un
changement de régime. La télévision libyenne a diffusé des images de M. Kadhafi
qui semblent avoir été filmées lundi. Apparemment détendu, il reçoit des
dignitaires du régime sous sa tente dans sa résidence.

Réactions internationales

A Moscou, la Russie a prévenu qu'elle ne soutiendrait aucune nouvelle
résolution au conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye appelant à une
augmentation de l'"ingérence étrangère".

A Addis Abeba, l'Union africaine tente toujours de trouver une solution au
conflit, en recevant des représentants des deux camps en vue d'un
cessez-le-feu.

Les rebelles exigent cependant le départ de M. Kadhafi en préalable à toute
solution négociée.

Le ministère italien des Affaires étrangères a annoncé mardi que la
prochaine réunion du Groupe de contact chargé de piloter le volet politique de
l'intervention internationale en Libye se tiendrait le 5 mai à Rome.

agences/cmen

Publié

Tripoli demande un sommet de l'Union Africaine

Le gouvernement libyen a demandé mardi la convocation dès que possible d'un sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA) pour "mobiliser" le continent et "faire face à l'agression extérieure" en Libye, a-t-on appris de source officielle.

Rome et Paris "optimistes" pour la Libye

Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé être "optimiste" sur l'issue du conflit en Libye, mardi à Rome lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, à l'issue d'un sommet italo-français. Tout en estimant que "la lutte" des insurgés était menée "chaque jour avec plus d'efficacité", il s'est refusé à toute estimation sur la durée du conflit.

Silvio Berlusconi a pour sa part annoncé que l'aviation italienne effectuera des "interventions très ponctuelles et précises sur des objectifs militaires" en Libye, dans le but de "protéger la population civile". Le cabinet de Silvio Berlusconi avait annoncé lundi soir dans un communiqué la décision de l'Italie de participer aux frappes de l'OTAN en Libye. "Nos alliés nous ont demandé instamment, de même que les Etats-Unis, de faire intervenir nos avions sur des objectifs militaires en Libye", a-t-il expliqué.