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Accord surprise trouvé entre le Hamas et le Fatah

Un accord a été trouvé entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas de Ismaël Haniyeh, photographiés ici ensemble en 2007. [Hatem Moussa]
Un accord a été trouvé entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas de Ismaël Haniyeh, photographiés ici ensemble en 2007. - [Hatem Moussa]
Les frères ennemis du mouvement palestinien, le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas au pouvoir à Gaza, ont convenus mercredi au Caire, à la surprise générale, de former un gouvernement transitoire. Celui-ci devra organiser des élections présidentielle et législatives d'ici un an. Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est prononcé contre la réconciliation.

Cette réconciliation est cruciale pour les perspectives de cohabitation pacifique d'un futur Etat palestinien avec Israël, dont le Hamas a jusqu'à présent refusé de reconnaître le droit à l'existence.

Le rapprochement a aussitôt été critiqué par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a réaffirmé que le président Abbas devait "choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas", alors que l'Autorité palestinienne lui demandait, à lui, de "choisir entre la paix et la colonisation".

La Maison Blanche a affirmé de son côté que tout futur gouvernement palestinien devrait renoncer à la violence et reconnaître l'existence d'Israël. Le Hamas, considéré comme une organisation "terroriste" par les Etats-Unis, l'UE et Israël, refuse de reconnaître l'Etat hébreu.

Vers une réunion de toutes les factions

L'annonce a été accueillie avec satisfaction et même joie par les jeunes Palestiniens à Gaza et Ramallah. Les délégations palestiniennes, qui ont rencontré le chef des services de renseignement égyptiens, le général Mourad Mouafi, sont parvenues à un "accord complet après des discussions sur tous les points, dont la formation d'un gouvernement de transition et le choix d'une date pour les élections", selon l'agence officielle égyptienne Mena.

L'Egypte va désormais appeler à une réunion de toutes les factions palestiniennes pour sceller un accord de réconciliation au Caire dans les prochains jours, précise la Mena. Le chef de la délégation du Fatah (laïque), Azzam al-Ahmad, a confirmé un accord entre les deux mouvements pour la formation d'un "gouvernement d'indépendants".

"Ce gouvernement devra préparer des élections présidentielle et législatives d'ici un an", a ajouté M. al-Ahmad.

Un cabinet "de personnalités indépendantes"

Le chef de la délégation du Hamas, haut dirigeant et idéologue du mouvement à Gaza, Mahmoud Zahar, a confirmé que les deux parties étaient tombées d'accord pour former un gouvernement de transition regroupant des "personnalités indépendantes".

Les factions palestiniennes seront convoquées en fin de semaine prochaine au Caire pour signer cet accord qui prévoit, notamment, la libération des "détenus politiques", a expliqué Mahmoud Zahar sur la chaîne satellitaire Al-Jazira. Selon lui, il a été décidé de convoquer simultanément les élections présidentielle, les législatives et celles du Conseil national palestinien (CNP, Parlement de l'OLP) d'ici un an et de former une commission judiciaire formée de douze juges pour trancher les litiges liés au élections.

Mahmoud Zahar a par ailleurs indiqué qu'un accord avait été conclu sur la réunification des forces de sécurité entre le Fatah et le Hamas - une des principales pommes de discorde entre les deux mouvements.

A couteaux tirés depuis juin 2007

Le 16 mars, Mahmoud Abbas s'était dit "prêt à retarder la formation du gouvernement", que devait annoncer incessamment son premier ministre Salam Fayyad, pour permettre un accord d'union nationale avec le Hamas sur la constitution d'un cabinet non partisan chargé de préparer les élections.

Le Hamas et le Fatah sont à couteaux tirés depuis que les forces du mouvement islamiste ont pris le contrôle de la bande de Gaza en délogeant les partisans du Fatah en juin 2007. Des négociations sur la réconciliation, engagées il y a un an et demi sous l'égide de l'Egypte, étaient restées jusqu'à présent infructueuses tant l'animosité réciproque était grande.

L'annonce mercredi de l'accord intervient alors que les Palestiniens - dont les négociations de paix avec Israël sont au point mort depuis six mois -, veulent porter leur revendication d'un Etat indépendant devant l'ONU en septembre, d'abord au Conseil de sécurité, où ils s'attendent à un veto américain, puis à l'Assemblée générale.

Le président de l'Autorité palestinienne s'est rendu mercredi dernier en France pour demander avis et soutien aux dirigeants européens dans la perspective de la création cette année de cet Etat.

ats/mre

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