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Le régime syrien continue de réprimer la révolte

L'armée syrienne est intervenue avec des chars dans la ville de Deraa. [KEYSTONE - AL ARABIYA / HANDOUT]
L'armée syrienne est intervenue avec des chars dans la ville de Deraa. - [KEYSTONE - AL ARABIYA / HANDOUT]
Le régime syrien est déterminé à réprimer la contestation tandis que l'opposition a appelé à manifester massivement vendredi. L'Europe envisage une série de sanctions contre Damas. Certains soldats appuieraient désormais les habitants de Deraa dans leur lutte.

"Les autorités sont déterminées à restaurer la sécurité, la stabilité et la tranquillité des citoyens", a affirmé jeudi à l'AFP le ministre syrien de l'Information, Adnane Mahmoud. A Deraa, dans le sud du pays, la situation humanitaire se dégrade après l'offensive militaire sans précédent pour mater la révolte dans ce berceau de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, selon des militants.

 "La situation empire, nous n'avons ni médecins ni médicaments, ni lait pour enfants. L'électricité est toujours coupée et nous n'avons pas d'eau non plus", a dit Abdallah Abazid sur place, joint au téléphone par l'AFP à Nicosie. La répression à Deraa a coûté la vie à 42 personnes depuis lundi, selon le "Comité des martyrs du 15 mars", proche des opposants.

L'armée syrienne est également intervenue mercredi à Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, ouvrant le feu sur des manifestants. D'après un habitant, six chars sont entrés mercredi soir à Lattaquié, tandis que les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, faisant au moins quatre blessés. On ne disposait pas de plus amples informations dans l'immédiat.

Fuite vers le Liban

Depuis six semaines, au total 502 personnes ont trouvé la mort dans tout le pays, selon la même source. "A Deraa, l'armée est intervenue à la demande de la population pour rétablir la sécurité", a déclaré M. Mahmoud. Pour sa part, l'agence officielle Sana a rapporté que deux membres des forces de sécurité avaient été tués et sept blessés par balles à Deraa et à Tell Kalakh, à la frontière avec le Liban.

Dans cette dernière ville, des heurts ont éclaté jeudi et des centaines de Syriens, pour la plupart des femmes et des enfants, ont fui au Liban voisin, selon un correspondant de l'AFP. Le ministre de l'Information a par ailleurs indiqué que plus de 50 soldats et des dizaines de policiers avaient été tués depuis le début de la révolte.

La télévision syrienne diffusait jeudi en boucle des images de funérailles de soldats et policiers et les "aveux" de deux jeunes gens présentés comme "des terroristes".

Mercredi, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont échoué à se mettre d'accord sur une condamnation de Damas. La France a regretté l'absence de consensus après le blocage de la Russie et la Chine, qui ont mis en garde contre une "ingérence extérieure" pouvant causer "une guerre civile".Paris a toutefois espéré une déclaration "prochainement" du Conseil de sécurité.

L'UE envisage des sanctions

Les Européens envisagent une série de sanctions contre Damas, allant du gel des aides à la coopération à des gels d'avoirs de responsables et à un embargo sur les armes, ont indiqué à l'AFP des sources diplomatiques en faisant référence à un document dont doivent discuter vendredi les ambassadeurs des 27 Etats de l'UE.

La Turquie, acteur régional influent, a décidé de son côté l'envoi d'un émissaire pour inciter le régime à mettre en oeuvre des réformes, tandis que le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, déplorait "le grand nombre" de victimes et appelait à la retenue.

Pendant ce temps, les protestataires refusent de lâcher prise, les "jeunes de la révolution syrienne" ayant appelé sur Facebook à un "vendredi de la colère" en solidarité avec Deraa. "Aux jeunes de la révolution, demain nous serons sur toutes les places, dans toutes les rues (...), nous serons au rendez-vous", ont écrit les militants.

Le militant Abdallah Abazid a assuré que certains soldats "de la 5e compagnie se sont joints aux habitants de Deraa pour les défendre face aux services de sécurité". Mais le ministre de l'Information a réfuté cette information.

agences/mre

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