"Si le Fatah est prêt à assumer la responsabilité de négocier sur des absurdités, qu'il le fasse. S'ils parviennent à obtenir un Etat, tant mieux pour eux", a dit Mahmoud Zahar, un des dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza, au lendemain d'un accord entre les deux mouvements palestiniens sur la formation d'un gouvernement (lire Proche-Orient).
"Nous ne considérions pas ce qui était en cours comme un processus de paix, et nous n'y avons donc pas participé", a-t-il ajouté, en référence à plus de deux décennies de négociations qui ont donné aux Palestiniens une autonomie limitée en Cisjordanie et de Gaza, mais n'ont pas mis fin au conflit.
Mahmoud Zahar a souligné que le gouvernement transitoire que les deux mouvements palestiniens ont accepté de former ensemble n'aura pas de mandat lui permettant de négocier avec Israël.
Elections d'ici un an
Fatah et Hamas se sont mis d'accord mercredi au Caire pour former un gouvernement composé de personnalités indépendantes, en vue d'élections présidentielle et législatives d'ici un an. Ils ont aussi trouvé un accord sur la libération de prisonniers politiques et la restructuration de forces de sécurité à Gaza et en Cisjordanie.
Toutefois, les questions de sécurité dans la bande de Gaza et en Cisjordanie resteront respectivement du ressort du Hamas et de l'Autorité palestinienne jusqu'à la tenue des élections, ont indiqué jeudi des responsables des deux mouvements.
Israël menace
"Avec cet accord une ligne rouge a été franchie (...) nous disposons d'un vaste arsenal de mesures telles que la suppression du statut de VIP pour Abou Mazen (Mahmoud Abbas, le président palestinien) et Salam Fayyad (le Premier ministre palestinien) ce qui ne leur permettrait plus de circuler librement" en Cisjordanie, a affirmé Avigdor Lieberman à la radio militaire.
"Nous pourrions également geler le transfert des impôts prélevés par Israël pour le compte de l'Autorité palestinienne", a ajouté le chef de la diplomatie.
Crainte d'une "libération de terroristes"
Réagissant à chaud, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait réaffirmé dès mercredi soir que Mahmoud Abbas devait "choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas", qui contrôle la bande de Gaza. Selon Avigdor Lieberman, cet accord va se traduire par la "libération de centaines de terroristes du Hamas détenus par l'Autorité palestinienne en Judée-Samarie (Cisjordanie)".
Le ministre a également estimé que les élections prévues par l'accord permettraient au Hamas "de prendre le contrôle de Judée-Samarie". "Nous espérons que toute la communauté internationale maintiendra les conditions posées par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) aux Palestiniens, à savoir: l'arrêt des violences, la reconnaissance d'Israël et des accords conclus dans le passé alors que le Hamas n'accepte aucune de ces conditions".
Une "main de fer" pour Ehud Barak
Le ministre de la Défense Ehud Barak a pour sa part affirmé à la radio que "les derniers événements ne font que renforcer la nécessité de compter uniquement sur nous-mêmes". "L'armée et les services de sécurité useront d'une main de fer pour faire face à toute menace et tout défi", a-t-il prévenu.
En revanche Haïm Ramon, un des dirigeants de Kadima, le principal parti d'opposition centriste a appelé le Premier ministre à présenter un plan de paix. "Le statu quo est une catastrophe d'un point de vue politique et sécuritaire pour nous, si Israël ne lance pas une initiative politique, le Quartette reconnaîtra en fin de compte le Hamas".
"Israël doit proclamer qu'il va quitter les territoires (palestiniens), mais gardera les blocs de colonies (en Cisjordanie) avec comme compensation un échange de territoires. Présenter une initiative lèvera la menace d'un isolement international", a ajouté Haïm Ramon.
A plusieurs reprises ces derniers mois, les responsables militaires israéliens s'étaient déclarés satisfaits de la coopération des services de sécurité de l'Autorité palestinienne. Selon un responsable du Hamas en Cisjordanie qui a requis l'anonymat, "un peu plus d'une centaine" de membres du mouvement islamiste sont actuellement détenus par l'Autorité palestinienne.
agences/vkiss