"Les premières enquêtes ont montré (que la bombe était composée) de nitrate d'ammonium ainsi que d'explosif TATP, ainsi que de clous, et que l'explosion a été déclenchée à distance", a déclaré le ministre, Taeb Cherkaoui.
"Ceux qui ont l'habitude d'opter pour ce mode d'action à distance sont connus, ce qui nous permet de penser que les dangers sont toujours présents et nous devons rester vigilants et prudents", a ajouté le ministre sans d'autre précision, devant une commission parlementaire à Rabat.
Les autorités marocaines ont dit explorer vendredi "toutes les pistes y compris celle d'Al-Qaïda" dans l'enquête sur l'attentat non revendiqué, perpétré la veille contre un café très fréquenté du centre de Marrakech. Selon un haut responsable sécuritaire, "il n'y a pour l'instant aucune arrestation suite à cet attentat".
Une vidéo attribuée à Al-Qaïda
Une vidéo attribuée à l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), postée sur internet, avait menacé le Maroc trois jours avant l'attentat meurtrier de jeudi à Marrakech (sud). Cette vidéo mise en ligne le 25 avril sur YouTube présente cinq jeunes gens armés et dont l'un d'eux, masqué, prend la parole pour annoncer leur détermination à défendre des prisonniers détenus au Maroc.
"Je m'adresse au monde musulman en général et au Maroc en particulier qui mène une guerre sans merci contre les Musulmans", assure le jeune homme. "Je dis à mes frères, prisonniers et opprimés, patience. Votre cause est la notre et vos soucis sont les notres. L'heure de la victoire est imminente", ajoute-t-il.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), une organisation d'extrémistes islamistes, est active dans la région -Algérie, Mali, Niger et Mauritanie- et détient quatre Français, enlevés au Niger.
Témoignage
Un touriste néerlandais et sa compagne ont aidé la police marocaine à dresser un portrait-robot de l'éventuel auteur de l'attentat. "Il y avait un Arabe dans le café, portant deux énormes sacs, un sac à dos (...) qui mesurait près d'un mètre de haut, et un deuxième sac de sport, également très gros", a expliqué ce consultant en marketing de 47 ans, joint par téléphone depuis Paris.
Le homme jeune écoutait sans nervosité de la musique en buvant du thé. "Nous sommes partis entre 2 et 4 minutes avant l'explosion et nous pensons qu'il est parti juste après nous", a-t-il poursuivi.
La France et l'Espagne en renfort
Alors que le roi a demandé une enquête rapide et transparente, la France et l'Espagne ont dépêché des policiers spécialisés pour collaborer à l'enquête, tandis que l'organisation internationale de police Interpol a proposé des spécialistes de l'identification des victimes et des enquêtes pour terrorisme.
Le Conseil de sécurité de l'ONU et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, Paris, Madrid, Washington, Dakar et Libreville ont condamné cette attaque "terroriste", tout comme la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
Justice et bienfaisance, l'un des plus importants mouvements islamistes au Maroc, interdit mais toléré par les autorités, a aussi dénoncé un "acte barbare quels qu'en soient les responsables".
Il s'agit du pire attentat depuis le 16 mai 2003, quand des attentats menés par des islamistes à Casablanca avaient tué 33 personnes ainsi que les 12 kamikazes impliqués.
agences/bri
Deux Suissesses secourues
Treize des 16 personnes tuées dans l'attentat de jeudi à Marrakech ont été identifiées. Il s'agit notamment de sept Français, de deux Canadiens, de deux Marocains, d'un Anglais et d'un Néerlandais, a indiqué vendredi le ministre marocain de l'Intérieur, Taieb Cherkaoui.
Parmi les blessés figurent deux Suisses, a confirmé vendredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à l'ATS. Ces deux personnes bénéficient de la protection consulaire.
Un avion-ambulance de la Rega a décollé vendredi de Zurich pour Marrakech afin de rapatrier lles deux touristes suisses grièvement blessées. Le jet, un Bombardier Challenger CL 604, avait à son bord deux médecins et deux infirmiers, a communiqué la Rega.
Les deux Suissesses devaient atterrir normalement vendredi en fin de soirée à l'aéroport de Zurich-Kloten.
Un collaborateur de l'ambassade suisse est à Marrakech pour mener des investigations sur le sort de deux personnes qui accompagnaient les blessées et qui n'ont pas encore pu être localisées, a indiqué de son côté le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Il s'agit d'un Suisse et d'un ressortissant portuguais.