"Les attentats ont changé New York, mais nous avons eu le dernier mot et maintenant, nous voulons faire la fête", dit une femme. Quelques minutes après avoir appris la nouvelle de la mort d'Oussama Ben Laden (lire: Al-Qaïda décapité), des dizaines de New Yorkais s'étaient déjà rassemblés spontanément près de Times Square pour fêter l'annonce qui défile sur les écrans géants de la place.
"U-S-A, U-S-A, U-S-A!", chante la foule en coeur. Dans le restaurant voisin Junior's, au milieu de Broadway et de ses célèbres comédies musicales, la mort de Ben Laden a provoqué une explosion de joie quand elle a été annoncée sur CNN, peu avant 23h00. "Les gens ont crié et applaudi", raconte Monique King, une cliente du restaurant. "C'est un miracle", commente cette Afro-Américaine de 22 ans qui était à New York le 11 septembre 2001.
Les pompiers en héros
L'atmosphère devient hystérique quand un grand camion de pompiers arrive sur la place. Des pompiers, considérés comme des héros dans cette ville où ils ont payé un lourd tribut lors du 11-Septembre, sont assis sur l'échelle d'un camion venu sur place. Ils regardent la foule grossir. "Il nous a fallu dix ans mais nous l'avons eu", dit le capitaine Patrice McLead à l'AFP.
"Après de telles pertes et une telle tragédie, on peut enfin être heureux à nouveau. J'espère que cela va nous permettre de mettre un point final à cette histoire, pour nous tous, y compris pour les musulmans", dit-il également.
Plus au sud, des centaines de personnes se sont rassemblées à Ground Zero, sur le site des tours jumelles détruites lors des attentats du 11-Septembre, selon des images diffusées par les télévisions américaines. Des jeunes sont montés sur des lampadaires pour fêter l'événement.
"Une victoire majeure", selon le maire de New York
"La mort d'Oussama Ben Laden n'atténue pas la souffrance que les New Yorkais et les Américains ont vécu à cause de lui", a déclaré le maire de New York Michael Bloomberg. "Mais c'est une victoire majeure pour notre nation - et un hommage aux millions d'hommes et de femmes qui dans notre armée, et ailleurs, se sont battus si dur pour notre nation", a-t-il encore ajouté.
"Les New Yorkais ont attendu cette nouvelle près de dix ans. J'espère que cela va marquer un point final et apporter un peu de réconfort à ceux qui ont perdu des proches le 11-Septembre", a-t-il dit.
agences/mej/cmen
Washington exprime aussi sa joie
Au moment où le président américain s'exprimait, des centaines de personnes se sont rassemblées devant les grilles de la Maison Blanche, au centre de Washington, pour exprimer leur joie.
Aux cris de "USA! USA!", certains agitant des drapeaux américains, des habitants de Washington se sont réunis spontanément devant le siège de la présidence pour fêter la mort du chef d'Al-Qaïda. "Je n'ai jamais ressenti pareille émotion", confiait John Kelley, un étudiant de 19 ans. "C'est quelque chose que nous avons attendu si longtemps".
Réactions internationales
L'ancien président américain George W. Bush, aux commandes lors des attentats du 11 septembre 2001 et qui avait dit vouloir Ben Laden "mort ou vif", a salué une "victoire pour l'Amérique, pour les peuples épris de paix et pour tous ceux qui ont perdu des proches le 11 septembre 2001".
Le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a qualifié l'opération de "grande victoire" contre le "terrorisme". Le Pakistan a beau être allié des Etats-Unis, des soupçons de collusion d'éléments des services pakistanais avec Al-Qaida perdurent. Les talibans pakistanais, alliés à Al-Qaïda, ont en revanche juré de venger Ben Laden et un millier de manifestants ont défilé au cri de "Mort à l'Amérique !" à Quetta, dans le sud du Pakistan.
Le président afghan Hamid Karzaï a estimé lundi que Ben Laden avait "payé pour ses actes", et appelé les insurgés talibans à en "tirer les leçons" et à "cesser le combat". A l'adresse de ses alliés occidentaux, il a souligné le fait que Ben Laden ait été tué au Pakistan prouvait que les bases du "terrorisme" ne se trouvent pas en Afghanistan et les a appelés à concentrer leur frappes sur les sanctuaires hors de son pays.
Le Premier ministre australien Julia Gillard a chaudement félicité les Etats-Unis. Mais "bien que Al-Qaïda a été atteinte aujourd'hui, elle n'est pas finie. Notre guerre contre le terrorisme doit se poursuivre", a-t-elle déclaré. "Nous maintenons notre engagement en Afghanistan afin que ce pays ne redevienne pas un havre pour les terroristes".
Pour le Premier ministre britannique David Cameron, allié privilégié des Etats-Unis en Europe, cette annonce constitue un "grand soulagement pour les peuples dans le monde". Mais, alors que Londres avait été visée en 2005 par des attentats de masse liés à Al-Qaida, il a souligné que cette mort, "bien entendu, ne sign(ait) pas la fin de la menace du terrorisme extrémiste à laquelle nous faisons face".
Pour l'Espagne, également visée par des attentats liés à Al-Qaida en 2004, cette mort constitue un "pas décisif" dans la lutte contre le terrorisme.
Interpol, l'organisation de coopération policière internationale, a mis en garde contre la possibilité d'"un risque terroriste plus élevé", après l'élimination du chef d'Al-Qaïda, appelant ses pays membres à une "vigilance accrue".
La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a qualifié la décapitation d'Al-Qaïda comme "une bonne nouvelle". "Oussama ben Laden et son organisation sont les acteurs d'un terrorisme aveugle et brutal qui a fait des milliers et des milliers de mort", a-t-elle souligné.
Le président français Nicolas Sarkozy a salué "la ténacité des Etats-Unis" et salué un "événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme". La chancelière allemande Angela Merkel y a vu "une victoire des forces de paix", le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi "un grand résultat dans la lutte contre le mal" et l'Union Européenne "un résultat majeur" dans la lutte antiterroriste qui rend le monde "plus sûr".
Abdullah Gül, président de la Turquie, pays très majoritairement musulman et laïque, a applaudi l'élimination. "J'accueille avec grande satisfaction sa mort", a-t-il dit.
Le Yémen, engagé dans une lutte contre Al-Qaïda, s'est félicité, espérant que la mort de Ben Laden constituerait "le début de la fin du terrorisme".
L'Inde a relevé que Ben Laden se cachait au Pakistan, pays voisin et ennemi. "Ce fait souligne notre préoccupation selon laquelle des terroristes appartenant à différentes organisations trouvent un sanctuaire au Pakistan", a déclaré le ministre de l'Intérieur, P. Chidambaram.
Israël, un des plus fidèles alliés des Etats-Unis, a applaudi "cette victoire de la justice, de la liberté et des valeurs communes des pays démocratiques qui ont combattu côte à côte le terrorisme", tout en mettant en garde contre d'éventuelles réactions de réseaux liées à Al-Qaïda.