Quatre ou cinq chars des forces pro-Kadhafi ont tenté lundi matin d'entrer par l'ouest dans Misrata, à 200 km à l'est de la capitale, en la bombardant et les rebelles ont assuré avoir arrêté leur progression dans la ville où, selon des journalistes de l'AFP, le calme était revenu dans l'après-midi.
Ces derniers jours, les combats se concentraient essentiellement dans les faubourgs ouest de la ville, une zone située près de l'aéroport où des pro-Kadhafi se trouvent toujours.
"Une vengeance"
Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, et lourdement bombardé dimanche par les forces gouvernementales, était calme en début d'après-midi, selon des sources rebelles.
Dix personnes ont été tuées à Misrata et des dizaines blessées par les bombardements dimanche soir et lundi matin, selon des sources médicales.
"Le fils de Kadhafi a été tué et il s'agit donc d'une vengeance", a estimé le porte-parole du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) Ahmed Omar Bani, à Benghazi, le fief des insurgés dans l'Est. "Kadhafi essaie de tuer tout le monde à Misrata en détruisant le port", a-t-il ajouté précisant que "nos sources nous disent que les troupes de Kadhafi (autour de Misrata) portent des masques à gaz".
Il a par ailleurs souhaité, qu'après avoir tué le chef du réseau Al-Qaïda Oussama Ben Laden, les Etats-Unis fassent aussi "le grand cadeau" de tuer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes, précisant que l'offre était valable jusqu'à mardi. Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port et paralysaient toujours le trafic lundi, selon des sources rebelles.
A la mi-journée, un ou plusieurs avions de l'Otan ont survolé la ville, a constaté l'AFP. "L'Otan doit nous aider, ils attendent quoi?", a lancé un habitant d'une quarantaine d'années, refusant de donner son nom.
La foule aux funérailles
A Tripoli, l'Otan a continué ses frappes dans la nuit de dimanche à lundi. La veille, le régime l'avait accusé d'avoir tenté d'assassiner Mouammar Kadhafi, lors d'un bombardement aérien qui a tué un des six fils du dirigeant. Seif al-Arab, 29 ans, et trois des petits-enfants du dirigeant, Seif (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois), ainsi que des amis et voisins, ont été tués dans ce raid samedi soir, selon le gouvernement libyen.
Criant vengeance et sur fond de rafales d'armes, un millier de personnes se sont rassemblées pour les funérailles de Seif al-Arab à Tripoli. "A bas, à bas Sarkozy", scandait la foule à l'encontre du président français Nicolas Sarkozy dont le pays avec la Grande-Bretagne avait été à l'origine de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU ayant autorisé l'intervention internationale en Libye lancée le 19 mars contre le régime Kadhafi pour mettre un terme à la répression sanglante de la révolte.
Quelques heures après ces frappes, les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques dimanche matin. Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a qualifié ces attaques d'"incident regrettable". Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye, la Turquie, qui a de gros intérêts économiques en Libye et s'efforce de jouer les intermédiaires, a évacué par précaution son ambassade, qui représentait aussi les intérêts britanniques et australiens à Tripoli.
Les Nations unies ont également décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a minimisé lundi la menace du colonel Kadhafi de "transférer la bataille en Italie", la mettant sur le compte de la "déception" du leader libyen. Dans l'Ouest libyen, à la frontière avec la Tunisie, le calme régnait lundi au poste frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé la veille pro-Kadhafi et rebelles, a constaté un journaliste de l'AFP. Des Libyens continuaient à fuir vers la Tunisie.
agences/lan
Pékin appelle au cessez-le-feu
La Chine a "pris note" lundi de la mort de l'un des fils du colonel Mouammar Kadhafi et a de nouveau appelé à un cessez-le-feu en Libye.
"La Chine a pris note du fait que le fils de Kadhafi, Seïf al-Arab, et d'autres (personnes) ont été tués dans une attaque. Nous exprimons notre inquiétude devant la mort de simples citoyens avec l'escalade du conflit en Libye", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu.
"La Chine s'est de tout temps opposée aux actions qui outrepassent l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU et nous espérons que toutes les parties pourront cesser le feu immédiatement et résoudre la crise (...) par le dialogue et la négociation", a-t-elle dit.
Lors du vote de la résolution de l'ONU ouvrant la voie aux frappes aériennes occidentales en Libye, la Chine, comme la Russie, autre membre permanent du Conseil de sécurité, s'était simplement abstenue, par crainte de victimes civiles, renonçant à utiliser son droit de véto.