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Misrata: vers une prolongation de l'ultimatum?

Comme l'atteste cette capture d'écran de télévision, le port de Misrata est la cible d'intenses bombardements lundi matin. [Dalton Bennett]
Lundi, le port de Misrata était la cible d'intenses bombardements, comme l'atteste cette capture d'écran de la télévision APTN. - [Dalton Bennett]
Le régime libyen a proposé une prolongation de l'ultimatum fixé aux rebelles de Misrata pour se rendre, plus de six semaines après le début de l'intervention internationale en Libye où la France refuse de parler d'"enlisement", espérant un terme dans quelques mois "au plus".

A Misrata, troisième ville du pays assiégée depuis des semaines et théâtre d'âpres combats entre pro et anti-Kadhafi, la nuit de mardi à mercredi a été calme, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Poursuite des combats à l'extérieur

Les combats se sont poursuivis à l'ouest et au sud-ouest de la ville, à plusieurs kilomètres du centre, selon des sources rebelles. Mais les pertes ont été limitées, avec un mort et une trentaine de blessés, contre plus d'une dizaine de morts par jour en moyenne habituellement, selon des sources hospitalières. Dans la ville, cernée par les chars des forces loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et dont le port est bloqué depuis plusieurs jours, la pénurie de produits de première nécessité s'aggrave.

Après une journée marquée par un lourd climat d'inquiétude, le régime a annoncé, à l'expiration à minuit d'un ultimatum fixé vendredi aux rebelles de Misrata pour qu'ils se rendent, qu'il songeait à le prolonger "d'un ou deux jours". Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a estimé qu'il y avait des "signaux positifs au sein de la population" évoquant le chiffre de "400 personnes" ayant déposé les armes.

Mouammar Kadhafi "se porte très bien"

Le fils de Mouammar Kadhafi aurait été tué dans un raid. [José Luis Roca / AFP]
Le fils de Mouammar Kadhafi aurait été tué dans un raid. [José Luis Roca / AFP]

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm précise par ailleurs que le colonel Kadhafi "se porte très bien" et qu'il a rencontré "plusieurs responsables tribaux" avant une grande rencontre tribale prévue jeudi et vendredi.

Dans la nuit de mardi à mercredi, trois fortes explosions ont été ressenties dans la capitale, Tripoli, où dans la nuit de samedi à dimanche, un fils du colonel Kadhafi, Seif al-Arab, avait été tué dans un raid avec trois des petits-enfants du leader.

Les précisions d'Alain Juppé

L'objectif de l'intervention militaire internationale en Libye "n'est pas de tuer Kadhafi" mais de "cibler des objectifs militaires" de Tripoli et d'arrêter au plus tôt les raids de l'Otan, a affirmé le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, tout en reconnaissant un "dommage collatéral" avec la mort d'un fils du président libyen. "J'espère que cela ne durera pas au-delà de quelques semaines, au plus de quelques mois, mais il est prématuré de parler d'enlisement", a-t-il ajouté.

Une coalition internationale - avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en tête - est intervenue en Libye le 19 mars, sous mandat de l'ONU, pour mettre fin à la répression sanglante menée contre une révolte visant le régime autoritaire du colonel Kadhafi.

Rome a indiqué pour sa part "chercher à fixer un terme" aux opérations militaires en Libye. L'Italie "cherchera avec les organisations internationales comme l'Otan et avec les alliés à fixer un terme" aux opérations, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini. Rome accueille jeudi la deuxième réunion du groupe de contact sur la Libye en présence, entre autres, de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

La France pour sa part va proposer "dans les semaines qui viennent" l'organisation d'une "conférence des amis de la Libye" afin de préparer la transition politique dans ce pays, a annoncé le président français Nicolas Sarkozy. Cette annonce a été saluée par le Qatar, un des quatre pays avec la France, l'Italie et la Gambie à avoir reconnu l'organe politique des insurgés le Conseil national de transition, installé à Benghazi.

Crimes contre l'humanité

Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a indiqué disposer de "preuves solides" que des crimes contre l'humanité ont été perpétrés en Libye et précisé que des mandats d'arrêt pourraient prochainement viser cinq personnes. Luis Moreno-Ocampo avait annoncé le 3 mars l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye, visant notamment le colonel Kadhafi et trois de ses fils.

Le procureur a encore ajouté qu'il disposait de preuves de l'utilisation de bombes à fragmentation contre des populations civiles mais aussi d'"informations sur des viols" et, s'agissant des rebelles, d'informations sur des attaques à Benghazi contre des présumés mercenaires à la solde du régime. A Benghazi, un attentat à la voiture piégée a eu lieu mardi soir, le premier dans le fief des rebelles. Il s'est déroulé près du siège du Conseil national de transition, et a fait deux blessés légers.

afp/hof

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Pas d'avoirs en Suisse?

Le gouvernement libyen a démenti mardi que Mouammar Kadhafi dispose d'avoirs personnels dans des comptes bancaires en Suisse.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaim, a déclaré que l'argent libyen en Suisse était exclusivement la propriété du fonds d'investissement du gouvernement.

La Suisse a elle annoncé lundi avoir gelé 360 millions de francs d'avoirs potentiellement illégaux liés au régime libyen.

"L'argent dans les comptes bancaires à l'étranger fait partie du portefeuille d'investissement du gouvernement à l'étranger", a dit Khaled Kaim.

"S'il existe un seul centime appartenant au dirigeant (...), vous êtes libres de le prendre et de le donner à qui vous voudrez", a-t-il aussi ajouté.

En juillet 2008, l'interpellation à Genève d'un fils de Mouammar Kadhafi, Hannibal, pour violences présumées envers deux domestiques, a entraîné une vive détérioration des relations entre la Suisse et la Libye.

Tripoli avait retiré ses fonds des banques suisses à l'époque.