Avant de se rendre en début d'après-midi à Ground Zero, le président américain a effectué des visites successivement dans une caserne de pompiers puis un commissariat de police de Manhattan, où il a rendu hommage aux secours.
"Nous n’oublierons jamais"
"Ce qui s'est passé dimanche (au Pakistan), grâce au courage de nos militaires et au travail extraordinaire de nos services de renseignement, a envoyé un message au monde entier, mais aussi chez nous: quand nous disons que nous n'oublierons jamais, nous le pensons", a affirmé Barack Obama face aux pompiers à New York.
A Ground Zero, où les travaux de reconstruction du quartier avaient été suspendus, le président américain a déposé une simple couronne de fleurs aux couleurs du drapeau américain, posée sur un tréteau en bois, avant de s'incliner solennellement et d'observer quelques instants de silence.
Il s'est ensuite entretenu en privé avec une soixantaine de proches de victimes de ces attentats qui avaient fait près de 3000 morts au total, avant de repartir en milieu d'après-midi pour Washington. Le vice-président Joe Biden a de son côté participé à une cérémonie au Pentagone, au sud de la capitale fédérale, sur lequel un des quatre avions détournés par Al-Qaïda s'était écrasé.
Vendredi, Barack Obama doit remercier en personne des membres du commando de Navy SEALs ayant tué Ben Laden, lors d'une visite dans une base du Kentucky (centre-est), a annoncé un haut responsable américain.
L'idée de ces cérémonies, selon la Maison Blanche, n'était pas de "parader", mais de rendre hommage aux victimes des attentats qui ont donné le coup d'envoi de la guerre de Washington contre Al-Qaïda, et dont le dernier épisode en date – l'élimination de Ben Laden - constitue un succès retentissant pour les Etats-Unis.
Le Pakistan montre les dents
La mort du chef d'Al-Qaïda, survenue lors d'une opération commando menée dans la ville-garnison d'Abbottabad au Pakistan par 79 hommes des forces spéciales américaines (lire ci-dessous), affaiblit en revanche Islamabad, soupçonné d'avoir fermé les yeux sur cette cavale.
Sommé de s'expliquer sur la présence depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, de Ben Laden près d'une école militaire, le Pakistan a rejeté de nouveau jeudi ces soupçons et prévenu Washington que tout nouveau raid aurait des conséquences.
Le chef d'état-major Ashfaq Parvez Kayani "a dit clairement que toute nouvelle action de ce type, violant la souveraineté du Pakistan, entraînerait une révision du niveau de la coopération militaire et dans le domaine du renseignement avec les Etats-Unis", selon un communiqué de l'état-major.
Le général Kayani a également donné des instructions à tous les chefs de corps de réduire le nombre d'instructeurs militaires américains présents au Pakistan. Le Pentagone a affirmé jeudi ne pas en avoir été informé.
John Kerry en médiateur
La CIA avait décidé de faire cavalier seul dans le dernier acte de la traque de Ben Laden par crainte que les Pakistanais n'alertent le chef d'Al-Qaïda. L'armée pakistanaise a reconnu jeudi "ses propres insuffisances dans le renseignement sur la présence d'Oussama Ben Laden au Pakistan", tout en soulignant que "les succès de l'Inter Services Intelligence (ISI, services secrets) contre Al-Qaïda et ses alliés terroristes", étaient "sans comparaison".
"C'est facile de dire que l'ISI ou des éléments au sein du gouvernement sont de mèche avec Al-Qaïda", a déclaré Salman Bashir, le secrétaire aux Affaires étrangères. "C'est une hypothèse fausse, (...) et c'est une claque au visage des Pakistanais".
Devant la crispation des relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, l'influent sénateur démocrate John Kerry, proche de Barack Obama, a tenté de calmer le jeu en indiquant qu'Islamabad avait aidé les Américains "à poursuivre (leurs) objectifs en matière de sécurité".
agences/bkel
NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR L'OPÉRATION
Seule l'une des cinq personnes tuées dans l'opération du commando américain qui a mené à la mort d'Oussama Ben Laden au Pakistan était armée. C’est ce qu’a déclaré jeudi sous couvert d’anonymat un haut responsable du ministère américain de la Défense sur la base du compte rendu de mission des Navy SEALs ayant participé à l'opération.
Ce récit des faits diffère grandement des premières informations divulguées par des responsables de l'administration Obama, faisant état d'une situation chaotique, d'échanges de tirs prolongés et d'une vive résistance.
En fait, selon le haut responsable, il faut plutôt parler d'une opération de précision, menée méthodiquement, étage par étage et pièce par pièce. Les membres du commando, en pénétrant dimanche dans la résidence de Ben Laden située à Abbottabad, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale Islamabad, ont essuyé des tirs d'Abou Ahmed el-Kuwaiti, le messager de Ben Laden.
Les SEALs ont riposté, tuant le messager et une femme qui se trouvait avec lui. Elle a été prise sous les tirs, a ajouté le haut responsable. Après cela, les membres du commando n'ont plus été la cible de tirs, a-t-il ajouté. Ils ont tué un homme à l'étage, puis un fils de Ben Laden dans un escalier avant d'arriver dans la pièce où se trouvait Ben Laden et le tuer.
Mardi, la révélation par la Maison Blanche du fait que Ben Laden n’était pas armé pendant son élimination a créé la polémique. S’y sont depuis ajoutées des suspicions quant à la mort réelle du chef d’Al-Qaïda, après que Barack Obama eut annoncé que la Maison Blanche ne diffuserait aucune photographie du corps d'Oussama Ben Laden.
Et bien que le ministre de la Justice américain Eric Holder a affirmé mercredi que l'élimination de Ben Laden était "complètement légale", la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a demandé jeudi la "divulgation complète des faits précis" sur les circonstances du raid. Elle a insisté sur le fait que tout action antiterroriste devait être entreprise "en conformité avec le droit international".
Craignant des représailles d'Al-Qaïda, la communauté internationale restait sur le qui-vive. "N'oublions pas que la bataille pour arrêter Al-Qaïda et ses alliés ne s'arrête pas avec une mort", a ainsi souligné à Rome la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton.